FB/ Lycée de New York, de la rentrée 1999 à la remise de diplômes

Messages : 361 Date de naissance : 01/11/1985 Age : 38

C'est au lycée que tout a commencéSally Stanford et Nolan Hamilton

Tout mon être rayonnait de joie. L’équipe de Nolan avait gagné, et nous voilà en chemin, moi avec sa veste sur les épaules comme dans les films, pour aller à la super fête chez Dan. Ma première vraie fête, j’étais excitée comme une puce mais gardais en apparence un calme olympien. J’avais même piqué du maquillage à ma mère, c’est dire ! Être avec Nolan était sans conteste la plus belle chose qui me soit arrivée, comme un rêve qui se réalisait. J’étais sûrement l’adolescente la plus heureuse du monde. Et puis son père l’avait autorisé à me laisser dormir chez eux, c’était encore plus cool. Même si j’avais légèrement menti à mes parents pour éviter le drame.

C’est donc un sourire accroché aux lèvres que j’entrai, en compagnie de mon petit ami, dans la maison des parents de Dan où les mecs de l’équipe étaient déjà, pour la plupart, déjà présents. L’hôte des lieux avait même pris nos vestes, nous indiquant la cuisine avec les boissons, les toilettes à l’étage et le reste au salon. Sans difficulté, les conversations fusèrent entre moi et les équipiers de Nolan, ce qui me détendit grandement, car j’avais vraiment peur de faire mauvaise impression. Je ne voulais surtout pas faire honte au garçon que j’aimais et qui faisait battre mon coeur, et si j’étais excitée par l’idée de cette soirée, j’avais aussi été un peu angoissée. Mais tout allait finalement pour le mieux, Nolan m’avait même ramené un verre, galant comme toujours. Tout allait donc bien jusqu’à ce que ma teigne de sœur n’arrive et me bouscule, manquant de me faire renverser le contenu de mon verre. Heureusement, le peu de liquide perdu tomba au sol et non sur des vêtements. Une fois cette pimbêche de Mila partie, je m’empressai de prendre une serviette pour essuyer le sol afin d’éviter que quelqu’un ne glisse et surtout que Dan se fasse disputer par ses parents si leur maison était rendue dégueulasse. Et puis voir Nolan ramena instantanément ma bonne humeur et je m’enquis alors auprès de lui et ses amis du prochain match important. J’avais tellement aimé assister à celui-ci, d’autant que cette année, c’était différent, mon chéri jouait. Ce n’était plus seulement le garçon dont j’étais amoureuse en secret, c’était officiellement mon petit ami, l’enjeu avait donc bien plus d’importance pour moi. La réponse me fit sourire, d’autant plus quand il embraya en rétorquant à ses amis qu’entre nous c’était du sérieux. Je sentis mon petit coeur faire un bond, j’étais comme sur un nuage.

- La semaine prochaine pour mes parents, énonçai-je en glissant ma main libre dans la sienne.

Puis, je pus enfin goûter la boisson qu’il m’avait ramenée. Me désaltérer me ferait le plus grand bien après avoir, en une micro-seconde, eu des envies de meurtre sur ma sœur. J’en étais sure, la connaissant, elle essaierait encore de me coller la honte avant la fin de la soirée et j’appréhendais le coup qu’elle pourrait préparer… Ou alors, c’était donner trop d’importance à son animosité et si ça se trouve elle se contenterait d’aller draguer les mecs avec ses copines.
Mon sourire redoubla de plus belle en entendant Nolan dire combien il était amoureux. J’en rougissais jusqu’aux oreilles, je pouvais le sentir, et j’espérais que les éclairages de la pièce en soirée permettraient de camoufler cet état. Me hissant sur la pointe des pieds, je lui offris un chaste baiser en glissant à son oreille dans un murmure :

- Je t’aime, moi aussi, très très très très fort.

Les copains de l’équipe se mirent à siffler et applaudir en riant, ce qui me tira aussi un petit rire avant de reporter mon attention sur mon chéri. La musique jouait et je reconnus un air de Grease. Mon regard se mit à pétiller.

- On va danser ? demandai-je tout sourire, me retenant de sautiller sur place.

Je terminai mon verre d’une traite et le posai sur la table basse avant de tirer Nolan par les mains pour que nous nous mêlions aux autres jeunes qui eux aussi dansaient.

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C'est au lycée que tout a commencéSally Stanford et Nolan Hamilton

Je ne saurais vous décrire la satisfaction qui m'étreignait dès à présent. Était-ce dû à la victoire de notre équipe, à la présence de Sally ou à ces deux événements ? J'étais à n'en pas douter aussi léger qu'une plume et rien ne pouvait m'ébranler ce soir, j'en étais certain. C'est un peu comme dans un film, vous savez, le moment de victoire où tout le monde s'amuse, où l'euphorie atteint son paroxysme. Je n'avais moi, d'yeux que pour Sally. J'espérais aussi que cette soirée soit la sienne, ce moment où mes camarades la découvre comme j'ai pu le faire avant, sans a priori. Elle, juste elle, avec sa maturité déconcertante, son intelligence qui l'est tout autant. Je continuais toutefois et peut-être inconsciemment, d'appréhender la lourdeur de mes équipiers, qui n'étaient pas en reste face aux cheerleaders. Eux se targuaient d'avoir un humour « grivois » moi, je les trouvais suffisamment lourds pour redouter la gaffe. Par chance, de ce que j'entendais, la conversation prenait forme sans que Sally n'ait à s'offusquer de la bêtise de mes camarades, qui me surprenaient. « Ah, mais non Sally laisse ! » lança Dan alors que ma petite amie nettoyait les quelques gouttes de boissons qui venaient de s'écraser au sol suite à sa collision avec l'ignoble Mila qui s'était empressée de rejoindre sa cour. « - Dan a raison ma puce, ce n'est pas grave. Mila devrait lécher le sol d'ailleurs » « Ah les cheerleader, trop précieuses pour jouer les Cendrillon. » Nous échangeâmes un sourire avant d'évoquer les matchs à venir, l'occasion pour moi d'introniser Sally et de faire savoir aux oreilles de tous, que nous deux, c'était sérieux. D'ailleurs, la rencontre avec les parents acheva de mettre en exergue le sérieux de notre relation. « - Et ouais, je passe à la casserole la semaine prochaine. J'espère réussir les épreuves et l'interrogatoire. » Ma main vint elle aussi trouver celle de la jeune demoiselle à mes côtés, laissant ainsi nos doigts s'entrelacer.

Elle fixait sa sœur au loin tandis que nous continuons à échanger entre mecs. Si moi, je redoutais les agissements de mes camarades, Sally elle, j'en suis sûre, appréhendait ceux de son aînée, jamais à court d'idées pour faire de sa vie un enfer. Alors, pour la rassurer et achever d'intégrer la demoiselle à mon univers, je me laissais aller à quelques confessions sans craindre les moqueries des copains. Je m'en foutais après tout, j'aimais Sally et je voulais le faire savoir à tout le monde. « - Ouais, je t'aime ! » Nous échangeâmes un baiser sous les applaudissements et regards des gars qui sifflaient de plus belle, attirant au passage le regard de la meute de cheerleader. Les enceintes se mirent à cracher du Grease, je ne pouvais résister. « - aller, je te suis ! » Les gars se poussèrent pour nous laisser passer et c'est sous le regard des copains que nous commençâmes à nous déhancher. « - Je crois que les gars t'apprécient assez pour vanner ta sœur. En tout cas, je suis content que tu sois là avec moi, que tout le monde soit au courant pour nous. Je suis même prêt à parier que sous peu, Sally Stanford sera bien plus populaire que sa sœur ! »

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C’était vraiment trop mignon, Dan faisait tout pour me mettre à l’aise, voulant même m’empêcher de nettoyer la boisson tombée à terre de mon gobelet. Je me sentais vraiment bien et heureuse de m’intégrer dans le groupe de Nolan. Moi qui appréhendais légèrement, à présent, je me sentais dans mon élément, plaisantant avec ces garçons comme si nous nous étions toujours connus. Bon, un ou deux étaient dans ma classe mais on ne s’était jamais réellement parlé. Peut-être que cela changerait dorénavant Et puis les entendre vanner Mila et les cheerleaders ne put que me faire plaisir. Mon petit ami expliqua à ses copains qu’il allait venir dîner chez moi le week-end prochain. Le pauvre, je sentais qu »il appréhendait et je ne pouvais que le comprendre, j’étais passée par cette case moi aussi, alors que les parents Hamilton étaient carrément plus cool.

- Tu seras parfait, j’en suis sure ! tentai-je pour le rassurer.

Nolan me répéta qu’il m’aimait, j’étais aux anges. Un baiser sous les applaudissements de ses copains plus tard, j’entendis retentir les premières notes du dernier morceau joué dans Grease, alors, forcément, j’invitai mon chéri à danser, ce qu’il accepta sans se faire prier. Nous voilà tous les deux à danser dans le salon devenu une piste de danse improvisée, bientôt rejoints par d’autres jeunes.

- Moi aussi je suis contente ! lançai-je, tout sourire.

Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire en secouant la tête lorsque Nolan déclara que je serais peut-être plus populaire que Mila. A moins de décrocher un oscar dans l’année, cela me semblait impossible. En même temps, ce n’était pas mon but. Je voulais juste continuer à concilier ma carrière d’actrice avec ma vie d’adolescente amoureuse. Je me sentais si bien et si heureuse que rien ne me semblait impossible. Le morceau s’acheva, je commençais à avoir faim.

- On irait grignoter quelques chips ?

Je glissai ma main dans celle de mon amoureux afin de nous éloigner de la piste de danse et laisser les autres se trémousser sur le morceau suivant, qui de toute façon n’avait pas ma préférence. Je pris place dans un fauteuil vide, prenant soin de laisser assez de place pour que Nolan puisse s’asseoir aussi, et me penchai pour me saisir de quelques chips et cacahuètes mises à disposition sur la table basse. Mon petit estomac qui criait famine saurait s’en contenter. J’observais cette maison, cette ambiance. Ma première vraie fête, j’étais si contente en plus de la vivre avec celui que j’étais persuadée être le grand amour de ma vie.

- Tu vas souvent à des fêtes comme celles-là ?

Dan revint pour nous apporter des verres en plastic rouge contenant de la bière. Il trinqua avec moi avant de tendre son verre en direction de celui de Nolan. De l’autre côté de la pièce, j’entendais des voix s’exclamer pouffer de rire. Visiblement, une partie des cheerleaders et des gars de l’équipe jouaient à un jeu à boire.

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Les corps se déhanchaient sans modération au rythme d'un son tout droit sorti des nineties. Chacun y allait de sa petite chorégraphie, espérant attirer les faveurs des filles populaires pour certains et le regard des héros de la soirée pour certaines. Loin de ces considérations artistiques, je savourais l'instant en compagnie des miens, mais plus encore de celle que j'appelais sans complexe, « ma chérie » Certes, je prenais le risque de me payer l'affiche, les gars excellant dans l'art de chambrer, mais je m'en fichais. Pour dire vrai, en cette soirée où la victoire était célébrée, je me fichais de quasiment tout, excepté du bien-être de Sally. À mes yeux, il était impensable que je savoure pleinement la soirée, si ce n'était pas le cas pour elle. Cet univers ne lui était pas coutumier et je savais par expérience, qu'il n'était jamais aisé de s'intégrer rapidement en de telles circonstances. Mais bien, malgré moi, j'avais sous-estimé la capacité d'adaptation de Sally et la tolérance de mes gars. De ce fait, qu'elle ne fut pas ma surprise en voyant la mayonnaise prendre aussi vite. Nota benet Nolan : N'utilise jamais plus cette métaphore. Elle est tellement pourrie qu'on devrait la bannir du royaume des métaphores. Encore heureux qu'elle n'ait pas franchie le seuil de mes lèvres. Je m'en serais voulu de passer pour le genre de type qui use à profusion d'expressions aussi pourries. Non, moi ce soir, je voulais être le gars qui n'a de cesse de sourire et de couvrir sa chérie de compliments. Tant pis si par la suite, je devais passer pour un canard. J'étais raide dingue de cette fille et je voulais le faire savoir à quiconque pouvait l'entendre. C'était le début d'une nouvelle ère et l'émergence d'un nouveau Nolan Hamilton.

« Ah, ouais, c'est sacrément sérieux si vous êtes au stade de la rencontre avec les parents » laissa entendre Dan presque surprit. Il me connaissait assez bien pour savoir que ce n'était pas dans mes habitudes de faire ça, d'ailleurs jamais encore, je n'étais allé aussi loin dans une relation. C'était donc aussi nouveau pour moi que pour lui et malgré l'humour apparent, je peinais à cacher mon appréhension. Sally l'avait compris, je ne sais pas comment, mais elle le sentait sans que je n'aie à le faire savoir. Nous en étions donc là, au point de ne plus avoir besoin de mots pour se comprendre. Wow, c'était à la fois grisant et flippant. Je pensais que l'on ne pouvait acquérir cette faculté qu'après plusieurs années de vie commune. N'étant pas à une contradiction près, je pensais aussi qu'il me faudrait plus de temps avant d'enfin dire à une fille « je t'aime » et pourtant, je venais à nouveau de le laisser entendre sans aucune hésitation. En fait ça sonnait comme une évidence et ça l'était. Je ne voulais pas y croire jusqu'alors, mais Sally était belle et bien la femme de ma vie. Et bien que nous ne soyons que des ados, j'en étais persuadé et je le suis encore, c'était elle et personne d'autre.

À notre tour, nous retrouvâmes la piste de danse improvisée pour nous laisser aller. Je n'aurais jamais fait ça avant, pas même pour les jolis yeux d'une demoiselle, mais pour Sally, j'étais prêt à tout, même à prendre le risque de me ridiculiser. Les autres ne tardèrent pas à nous rejoindre, eux aussi délestés de la crainte de se ridiculiser. « - Moi, je suis encore plus content de voir mes deux univers s'associaient aussi facilement. Et ne te moques pas, je suis sûr, même si tu t'en fous, que la tyrannie de ta sœur touche bientôt à sa fin. » Et j'en étais convaincu, la popularité de Sally allait s'accroître sous peu, assez pour que Mila cesse de la rabaisser quotidiennement. Grease cessa ensuite d'émettre sa mélodie, nous permettant de trouver la bonne excuse pour retrouver les autres. « - Des chips ? Tu as faim, c'est ça ? Ok, on va voir ce qu'on trouve alors ? » Main dans la main, nous entamâmes un nouveau périple. Par chance, les chips et autres cacahuètes étaient à portée de main près des fauteuils. « - On va se mettre là, on sera un peu plus tranquille ! » Confortablement installés, nous pûmes enfin contenter nos petits estomacs. Sally me posa alors une question à laquelle je me voyais mal lui mentir. « - Franchement... Ouais, j'en ai pas mal abusé » Dan fit alors son apparition avec de quoi ravitailler nos gosiers. « Je ne t'en ai pas mis trop Sally. Vous parliez de quoi ? » Je fus surpris de ne pas le voir avec les autres, qui avaient, je pense, déjà entamé une partie de Bière-pong à en juger par les éclats de rire. « - On parlait du fêtard que je suis ! » Dan émit une rectification en précisant que depuis que j'étais avec Sally, et même avant, je m'étais calmé, trop à son goût et celui de nos équipiers. « - Je devais choisir entre la chorale et le foot. Et puis vous m'aviez un peu lâché toi et les gars. Je sais que je vous ai un peu déçu... » Il ne me laissa pas le temps de finir à ma grande surprise et ce qui sortit de sa bouche me surprit tout autant. « C'est vrai, on t'en a voulu de ne pas accepter le poste de capitaine. Mais j'ai compris pour ma part que ce n'était pas cool de t'en vouloir juste parce que tu avais choisi de faire un truc qui te plaisait vraiment. Et puis c'est cool, je t'assure. Je te trouve mieux maintenant et tu n'es pas si mauvais dans ce que tu fais. » Il sourit à Sally, « C'est un gars bien, je l'ai toujours su, tu permets à tout le monde de le voir enfin » Les paroles de Dan me touchèrent plus que je ne l'aurais crû.

« - Arrête mon gars, tu vas me faire rougir. »

« Ok, on arrête les effusions. Venez faire une partie ! »

« - Euh... Je ne sais pas si c'est une bonne idée... »

« Tu dors chez lui, Sally ? Si oui, vous n'avez pas d'excuses. Aller, ne faites pas vos rabat-joie. Vous êtes encore trop jeunes pour jouer les vieux cons ! »

« - Tu veux faire une partie ? »

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Tout me semblait parfait, l’ambiance, la musique, les camarades du lycée qui riaient et s’amusaient, Nolan qui bien sûr rayonnait, et j’étais presque sure d’être objective, même la présence de ma sœur et ses copines décérébrées me paraissait acceptable. J’étais tout simplement heureuse puisque j’étais à ma première vraie fête et avec Nolan. J’avais de temps en temps du mal à réaliser la chance que j’avais. Mais j’étais bel et bien là et c’était vraiment top. Danser avec mon chéri sur du Grease était carrément le summum de la coolitude, d’autant que ses copains de l’équipe nous avaient rejoints. La chanson finie, je fis comprendre à mon dieu céleste de petit ami que j’avais faim, en soulignant mon envie de grignoter quelques chips. Après nous être éloignés de la piste pour s’installer dans un fauteuil confortable, et tandis que je grignotais mes cacahuètes tel un hamster, Nolan satisfit ma curiosité en m’expliquant qu’il était un coutumier de ce genre de fêtes. Je n’y voyais là rien d’étonnant, il avait quatre ans de plus que moi, logique donc qu’il ait eu l’occasion d’en voir. Je n’eus pas l’opportunité de poser davantage de question car Dan arriva, nous fournissant un verre chacun, me rappelant par sa remarque qu’il savait que je n’avais pour ainsi dire pas l’habitude. Je pris donc mon verre « pas trop » rempli, réprimant une petite moue tandis que Nolan lui expliquait le fond de notre conversation. Je bus une gorgée, ravie d’avoir quelque chose de frais dans le gosier, bien que je découvris que le goût de la bière ne serait jamais mon préféré. L’échange entre Nolan et son pote me toucha. Comme quoi, contrairement à ce que ma mère pouvait penser, pas tous les ado de l’équipe étaient des rustres impulsifs et bourrés de testostérone. J’étais presque attendrie de voir les gentillesses que Dan disait sur mon chéri, et puis soudain il nous proposa une partie. Une partie de quoi ? Je n’en avais aucune idée, mais si c’était un jeu, j’étais forcément partante.

- Oui, d’accord ! lançai-je joyeusement en bondissant du fauteuil quand Nolan me posa la question.

Je posai mon verre sur la table basse et glissai ma main dans celle de mon petit copain, suivant Dan vers le groupe de lycéens. Je n’en connaissais de vue que la moitié, et je crois qu’un ou deux étaient dans notre classe en option langues étrangères.

- Comment ça marche ? demandai-je alors discrètement à Nolan en me hissant sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille.

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Nous venions de remporter un match et j’exagère à peine en rétorquant qu’il s’agit de plus important de la saison. A cela s’ajoutait la présence de Sally à mes côtés et le fait que mes équipiers – que je considérais presque comme des frères d’armes – acceptent de me voir et sur le terrain et dans la chorale, semblait être le point d’orgue de l’une des meilleures soirées de ma vie. J’aurai presque pu dire « magique » si je n’avais pas encore peur du ridicule, ou du fait que je ne sois pas le genre de type à croire au Destin et à toutes ses facéties. Mais Sally était là et peut-être que tout ça allait changer. Pour l’heure, nous devions cesser de nous trémousser, car les dernières notes de la chanson achevèrent de s’envoler vers d’autres horizons pour laisser la place à quelques titres plus récents et certainement moins inspirants. L’heure était venue pour Sally de parfaire son intégration dans une partie de mon monde. Un monde dans lequel Dan avait lui aussi son importance, assez pour que son avis compte. Bien sûr j’étais assez épris de Sally pour ne laisser personne entraver notre relation, mais le fait de savoir mon meilleur ami de mon côté, était un petit « + » non négligeable.

Je le connaissais depuis assez longtemps, assez pour se prétendre uni comme les doigts de la main. Il n’était pas le genre de gars à avoir sa langue dans sa poche et je louais cette qualité chez lui, autant que son jeu sur le terrain. Mais il n’était pas du genre à s’épandre, ni à faire de grands discours. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'il livra un petit discours à cœur ouvert aux personnes qui nous entouraient. J’étais touché et peut-être un peu gêné d’être ainsi le centre de toutes les attentions. C’est pourquoi je sautais presque aussitôt sur la proposition qui venait de nous être faite, à savoir une partie de « beer-pong » sans trop réfléchir aux à côtés. « - Alors c’est assez simple. On met plusieurs verres là-bas. Tu dois les viser avec une balle de ping-pong et si tu te rates, tu bois. Si tu réussis c’est ton adversaire qui boit. » Les filles commençaient déjà à s’exciter alors que l'on remettait en place les verres. « - Mais on n’est vraiment pas obligé d’y jouer si tu ne veux pas. »

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Quelle joie que d’être acceptée par les copains de Nolan ! J’aurais été si triste s’ils avaient été comme ma sœur à se moquer de moi et me rejeter en me traitant de troll… Je savais que Nolan n’aurait pas laissé faire, mais je ne voulais pas qu’il ait à choisir entre ses amis du sport et moi, ou même qu’il ait à subir des moqueries à cause de moi. J’en avais été la victime trop longtemps à cause de Mila et je ne souhaitais cela à personne.
J’étais touchée de voir combien Dan aimait mon chéri, il était sans conteste son meilleur pote je crois, et cela me faisait plaisir qu’il soit entouré. Moi, j’avais Brooklyn. D’ailleurs je la cherchai du regard mais je crois qu’elle avait préféré ne pas venir, de peur de se faire chahuter. Je soupirai intérieurement, mais préférai savourer mon bonheur de pouvoir fêter la victoire de l’équipe du lycée, celle de Nolan, avec eux, avec lui.
Puis, on nous proposa un jeu, et moi, toujours très enthousiaste, je voulais participer. Je ne comprenais pas trop pourquoi mon petit ami avait l’air si gêné, ça ne pouvait pas être bien méchant, si ? Il m’expliqua alors les règles du bière-pong. Je hochai la tête en regardant les gobelets mis en place au bout de la table près de laquelle on avait rejoint les autres participants.

- OK, ça a l’air simple.

Je voyais son air hésitant et lui souris d’un air espiègle.

- Douterais-tu de mon adresse ?

La voix de Dan retentit alors, proposant que ce soit les filles contre les garçons. Mila et sa bande de cruches arrivèrent et ma sœur rétorqua qu’elle ne voulait pas de son « petit troll » dans son équipe. Des rires retentirent et je me sentis un peu blessée. J’en avais ma claque de ce surnom débile, c’est bon j’avais bien compris que je n’étais pas aussi jolie qu’elle, que j’avais pas d’aussi beaux cheveux qu’elle, une jolie poitrine comme elle, de grandes jambes comme elle. Je serrai les dents, cherchant une solution, parce que clairement, je ne perdrai pas encore une fois la face devant cette espèce de gorgone.

- Sinon, on peut faire un duel, qu’est-ce que t’en dis Mila ?

Elle se mit à ricaner avec ses copines tandis que je m’avançai en croisant les bras.

- A moins que la princesse ait peur de perdre contre le troll ?

Les garçons de l’équipe lâchèrent un « ouuuh » qui ne sembla pas plaire à ma sœur qui, alors, se mit en place.

- Vas-y, commence, honneur à ceux qui ont moins de neurones.

Je la laissai prendre place avant de me tourner vers Nolan pour murmurer ma question.

- Le jeu s’arrête quand ?

En fait, je m’étais un peu trop avancée dans l’idée de tenir tête à Mila, et je n’avais aucune idée de comment on déterminait les gagnants.

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Dire que j’étais « content » sonnait comme un doux euphémisme. Je crois que jamais de ma vie, du moins depuis ma naissance, je n’avais ressenti pareille sensation. C’était un peu comme si j’avais gravi une montagne et que je venais enfin d’arriver au sommet. Comme un sentiment d’accomplissement qui m’empêchait de songer à l’avenir pourtant si près. Ajoutons à ça l’euphorie de fin de match et la victoire qui va avec. Si c’était possible, j’aurai voulu que cette soirée dure éternellement ou du moins assez longtemps pour ne pas se dire avec amertume, que tout ça c’est déjà derrière nous. Mais à en juger par l’animation et les nombreuses personnes qui dansaient au centre de la pièce, la fête ne faisait que commencer. Et si je me référais à Dan et à l’état d’excitation des gars autour, nous en avions facile pour une bonne partie de la nuit, voir même pas du tout. Ça ne serait pas une première, mais je ne pus toutefois m’empêcher de me demander si Sally avait déjà découché ? Ou si les apparences pouvaient être trompeuses ? Mais je n’eus pas le loisir de prolonger ma réflexion, car déjà une nouvelle activité semblait émerger.

Le Beer Pong. Que dire là-dessus ? Par grand-chose je pense, si ce n’est que c’est un jeu que l’on pratique sans modération en soirée. J’avoue y avoir pas mal ( abusé) joué. Et que serait une « bonne » soirée sans une partie de Beer Pong ? Le Nolan d’avant le coup de foudre, aurait tendance à dire qu’une soirée sans n’est pas une soirée réussie. Mais le nouveau Nolan, du moins celui que je m’évertuais à être pour Sally, rechignait un peu à l’idée de la convertir à ce jeu débile et pas ludique pour un sou. Mais si je jouais les darons, je risquais surement de mettre à mal la bonne ambiance et puis je crois bien que Sally semblait motivée, à ma grande surprise. « - T’es sûre ? » lui demandais-je toutefois après lui avoir énoncé les règles. « - Si tu n’as pas envie de le faire, tu n’es pas obligé. » tentais-je alors que sur son doux visage paraissait un sourire espiègle qui en disait long sur ce qu’elle avait l’intention de faire.

« - Ah non je ne doute pas de ton adresse, comment oserai-je ? »

Dan, en parfait maître de cérémonies convia tout le monde et intima un duel filles-garçons qui sembla attiser les exclamations de l’assemblée sous le rythme d’un titre de « Let’s Dance » de David Bowie. L’atmosphère s’électrisa aussitôt et voilà que déjà Mila et sa bande faisaient leur entrée faussement outrée en détaillant Sally de la tête aux pieds et en s’insurgeant d’avoir le « troll » dans leur équipe. Plusieurs rires se firent alors entendre du côté des pouffes si bien que je me sentis obligé d’apporter ma petite pierre à l’édifice. « - Moi qui pensais qu’on ne pouvait voir des autruches que dans les zoos je suis surpris d’en voir ici, d’aussi près. » ne puis-je m’empêcher de lancer. « Wow ça fait mal ça ! » renchérit Dan alors que Sally venait de défier littéralement sa sœur. « Elle n’a pas froid aux yeux la petite Sally » me murmura Dan à l’oreille. « - Je suis aussi surpris que toi. » Un duel se profilait à l’horizon et je ne voulais rien rater du spectacle. Sally était pleine d’assurance et visiblement prête à en découdre avec Mila. Dan me devança alors

« Une partie en six lancées chacune. Soyons équitables !

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Je comptais m’intégrer, ne pas faire honte à mon petit-ami, je voulais montrer que j’étais moi aussi une lycéenne comme les autres, même si j’étais deux ans plus jeune et aussi plus petite. Je DEVAIS me fondre dans la masse, être comme eux. Et contrairement à ce que j’avais pensé avant de venir, je n’avais pas l’impression de jouer un rôle. J’apprenais sur le tas, mais je me sentais à l’aise. Sans doute que la présence de Nolan m’y aidait énormément, car il était évident que sans lui, déjà je n’aurais probablement pas été invitée, et puis j’aurais été la risée de Mila et sa bande. C’était un peu le cas, mais elles faisaient preuve d’un minimum de retenue, du moins jusqu’au bière-pong.
Nolan m’avait expliqué rapidement les règles, rien de bien compliqué en somme. Il semblait mal à l’aise à l’idée que j’accepte d’y participer, mais je ne voulais pas passer pour une marginale ou une fille coincée. Je voulais être cool, comme lui l’était. Comme Mila l’était… J’avais souri à sa réponse sur mon adresse. Sans doute ne savait-il pas combien je pouvais être adroite, combien de concours de fléchettes j’avais gagné quand j’étais enfant et que nous voyagions avec les parents.

Mila avait donc encore une fois essayé de me rabaisser, mais je ne comptais pas me laisser faire, et je fus surprise d’entendre la voix de mon petit ami s’élever pour prendre ma défense. Mon beau chevalier. Je le regardai à la fois étonnée et heureuse. C’était la première fois qu’on prenait ma défense ainsi. Et si j’avais deux ans de moins, Nolan, lui, avait deux ans de plus, alors en plus d’être le garçon le plus mignon et populaire, il imposait le respect. Dan et un autre garçon de l’équipe se mirent à installer les gobelets en pyramide, six gobelets de chaque côté de la table. J’avais défié Mila en duel, poussée par je-ne-sais quelle force invisible et j’avais un peu peur de le regretter, mais maintenant c’était trop tard, il en allait de ma fierté. C’était ma première vraie soirée et je ne comptais pas me laisser rabaisser par cette vipère, cette… autruche comme l’avait qualifié mon petit ami.

Mila se mit donc en place de son côté de la table sous les cris de bécasses de ses amis et de quelques garçons qui espéraient sans doute se la faire, et moi de mon côté. J’ignorais que Nolan et Dan se murmuraient des choses, j’étais concentrée à observer la disposition des gobelet d’un gars était en train de remplir, calculer une éventuelle trajectoire, puis je vis la quantité de bière dans chaque verre. Six lancers… Je n’avais jamais bu d’alcool de ma vie, si Mila visait bien, elle qui était sans doute plus expérimentée, et que je devais m’enfiler six verre aux deux tiers pleins de bière, j’allais sans doute m’évanouir. Je tâchais de ne rien laisser paraître, usant de mes talents d’actrice pour garder un visage impassible et un sourire en coin.

« - Bien, je commence alors. Vous avez déjà vu un troll bourré, les gars ? Ça va pas tarder à arriver ! »

Quelques rires de la part de ses copines tandis que je roulais des yeux, et elle lança sa balle. La première était visiblement la plus facile à avoir étant donné que tous les gobelets étaient en place. Des exclamations se firent entendre et je dus en boire un. Je pris une grande inspiration et avalai d’une traite le contenu avant de me retourner pour grimacer.

- C’est dégueulasse ! murmurai-je en grimaçant tandis que quelques rires s’élevaient.

Je secouai un peu la tête et me remis en place. Dan me tendit la balle de ping-pong et je parvins moi aussi à la faire entrer dans un gobelet. Ma sœur se vit donc tendre le gobelet. Moi, je commençai à avoir la tête qui tournait.

Déjà?! Non… pas maintenant.

Nous avions encore cinq lancers chacune. Mila se vit remettre la balle et tira.

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Lancer 1: réussite de Mila au 2eme tir
Lancer 2: réussite de Sally au 2eme tir

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Jamais je n’aurais pu imaginer qu’il subsiste autant de ressentiment et de hargne dans une sororité. – Je serais bien tenté de dire fratrie, car je pense que le terme que je viens d’employer, n’est en fait qu’un néologisme destiné à combler les lacunes sexistes de notre langage. – Toujours est-il que je ne comprenais pas ( et ce n’était pas faute d’avoir essayé) pourquoi Mila faisait preuve d’autant d’insensibilité à l’égard de Sally. Après qui suis-je pour juger ? Après tout je suis fils unique, je n’ai donc pas l’expérience nécessaire pour comprendre la relation entre deux sœurs. J’ose espérer qu’un jour Mila aussi hargneuse soit-elle, cessera cet acharnement puéril, parce que je trouve ça triste, moi le fils unique, de voir autant de colère entre deux sœurs. Toujours est-il que ce n’était pas ce soir, que la guerre des sœurs Stanford allait prendre fin.

Cette partie de Beer Pong était un nouveau champ de bataille. Sauf que cette fois, Sally n’arborait plus de drapeau blanc. – je suis assez fier de ma métaphore, dommage que personne ne puisse l’entendre. – Elle avait envie de passer outre, de ne plus être ce petit « troll » qui faisait marrer impunément l’assemblée des autruches à chacun de leurs passages. Et elle avait raison, elle ne devait plus se laisser faire, car elle avait tout autant – si ce n’est plus – de qualités que la plupart de ces filles dites « populaires.» Sally est talentueuse au possible, elle est intelligente, trop pour son âge. Si bien que parfois, je me sens larguée. Mais elle est surtout magnifique de toutes les façons. Et qu’importe sa « petite » taille ou les défauts que son ignoble sœur choisit de mettre en avant pour l’attaquer. Moi, certes avec des yeux aimants, je la vois magnifique. Mais il faudrait je pense être le dernier des idiots pour ne pas voir son potentiel. Et c’est peut-être aussi pour ça que Mila agit de la sorte. Parce qu’elle a compris, que sous peu sa beauté serait surpassée et que n’ayant que ça, elle était plutôt mal barrée.

Malgré tout, je n’étais pas à l’aise à l’idée de la voir ainsi se donner en spectacle. Elle n’avait rien à prouver et encore moins besoin de ça pour clouer le bec de sa sœur. Autour de la table de ping-pong, chauffé à blanc, les spectateurs s’en donnés à cœur joie et voilà que déjà les paris fleurissaient. « Elle va le faire ?» entendis-je alors que déjà Dan et d’autres membres de l’équipe, achevaient de tout installer. Sally ne pouvait désormais plus faire demi-tour et j’en venais même à prier une force invisible pour qu’elle parvienne à terrasser le dragon. Je l’observais donc avec attention, elle était concentrée, tellement qu’elle semblait faire abstraction de tout tandis que les Spice Girls low-cost scandaient le nom de Mila, accompagnées de quelques gars chauffés par les quelques centilitres de bière qu’ils venaient de s’enfiler. Mila, quant à elle se foutait bien de calculer une quelconque trajectoire. Elle se mit en place, provoquant une dernière fois sa cadette avant de lancer la balle. Sans surprise, elle parvint à viser l’un des verres contraignant Sally à boire et moi à laisser paraître sur mon visage, ce qu’on pourrait appeler une grimace de déception.

« - C'est bon, ne faites pas vos relous. Fermez là si vous voulez vous rendre utiles ! » lançais-je agacé à ceux qui se foutaient encore de ma petite amie. « - Sally !Tu vas y arriver, j’ai confiance en toi. » Dan lui tendit alors une balle pour qu’elle se lance à son tour dans l’arène de la Beer Pong. Et sans surprise, elle réussit également son lancé obligeant Mila à boire l'un des verres qu'on lui présenta. Et sans grimacer ( car habituer à avaler) elle ingurgita le contenu.

« Ça commence bien. 1 partout ! » s’exclama Dan en arbitre. Moi je bouillais intérieurement, d’autant plus que les deux sœurs réussirent chacune leur lancé. À ce rythme Sally n’allait pas tenir et moi je commençais vraiment à regretter de l’avoir incité à jouer à ce jeu débile.

« Nous en sommes à 2 partout ! »

« - Sally, franchement c’est idiot. Je sais que tu veux lui tenir tête, mais ce n’est pas la meilleure des façons pour le faire. »

« Hey on joue là. Quoique, j’ai une idée. Si je gagne, j’ai le droit d’emballer Nolan » lança l’ignoble sorcière. « -Quoi ? Non c’est hors de question. Hey j'ai quand même mon avis à donner bordel.»

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Si l’on m’avait dit que ma première vraie soirée verrait arriver un affrontement contre Mila au bière-pong, j’aurais-je cru ? Probablement pas. Mais toujours était-il que nous en étions là à nous affronter sous les regards et cris d’encouragements des jeunes de notre lycée, fort enthousiasmés par l’activité. Je sentais Nolan crispé, mais moi, je ne voulais pas me dégonfler.
Je m’étais donc retrouvée à boire deux gobelets aux deux tiers pleins de bière, ce qui était deux de plus que ce que j’avais bu de toute ma vie. Je commençais à sentir la tête me tourner un peu, mais je résistais. Nolan voulait que j'arrête, mais je ne pouvais résolument pas stopper en plein milieu, je serais passée pour une dégonflée et ce serait pire que tout. Ma sœur alors lança une idée aussi stupide qu’elle : si elle gagnait, elle pourrait embrasser Nolan. J’étais furieuse mais mon petit ami ne se laissa pas faire.

- Faut vraiment être désespérée pour compter sur un pari pour pouvoir embrasser un garçon. Je pensais que tu avais plus d’assurance que ça… En plus c’est pas fairplay de parier une fois la partie commencée.

Mila, sans doute trop enthousiasmée et confiante, loupa le tir suivant, ce qui me laissa une chance de prendre l’avantage, ce que je fis. Elle se retrouva à boire, j’étais soulagée car même si, évidemment, elle avait déjà l’habitude de boire de l’alcool contrairement à moi. Cela me laissa un peu de répit et quand mon troisième tir fut concluant comme les deux premiers, cela me redonna confiance. Le quatrième tour se déroula de la même manière, Mila loupa son lancer et moi je le réussis. J’avais donc deux coup d’avance sur elle, quatre à deux. Tous les adolescents présents faisaient beaucoup de bruit, manifestement très joyeux quant à l’animation que nous, les sœurs Stanford, mettions à cette petite fête. Mila, elle, était moins heureuse de constater que je menais la partie, mais rien n’était gagné, il restait deux coups chacune, elle pouvait encore égaliser et je pouvais perdre, comme gagner. Je tâchai de calculer des statistiques dans ma tête, mais ça commençait à vraiment tourner, je dus m’appuyer sur la table le temps que ce soit mon tour. Il fallait que je tienne le coup au moins jusqu’à la fin de la partie. J’espérais que si je devais boire encore cette immonde boisson, je ne me mettrais pas à vomir, parce que clairement, je n’avais rien bu d’aussi ignoble de toute ma vie ! Même les vitamines liquides que nous faisait ingurgiter notre mère une fois par an n’étaient pas aussi dégueulasses, et pourtant cette horreur contenait de l’huile de foie de morue !
Je lançai un regard à Nolan, j’espérai soudain qu’il ne m’en voudrait pas d’avoir accepté de jouer. Je le sentais mal à l’aise depuis le début de la partie, et je ne voulais pas qu’il ait honte de moi ou quoi que ce soit. Vite, que ça se termine. Dan redonna la balle à Mila.

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Si d’habitude je m’amusais en jouant au bière-pong, aujourd’hui je peinais à adhérer à l’enthousiasme général et j’étais bien le seul. Mais pire encore, j’en arrivais à trouver cet affrontement idiot. Ainsi céder à Mila n’était pas digne de Sally que j’avais encouragé à arrêter, en vain. Les autres avaient beau l’encourager, rien n’y faisait, je continuais à m’inquiéter de la voir ingurgiter autant d’alcool en si peu de temps. « - C’est n’importe quoi ! » murmurais-je à l’oreille de Dan qui avait laissé sa place d’arbitre pour mieux savourer le spectacle. Je n’étais pour lui qu’un petit rabat-joie, qui devrait profiter du spectacle et encourager sa petite amie. Oui j’aurai dû, mais je peinais à accepter qu’elle s’inflige ça pour s’intégrer et par orgueil. Elle ne voulait pas perdre la face évidemment et je pouvais le comprendre, mais la conjonction demeure et je me sentais un peu con d’être le seul à ne pas s’exciter devant le match des sœurs Stanford.

Par chance Sally fut relativement épargnée sur les lancés suivants. J’imagine que la provocation de Mila sous la forme d'un pari, avait eu son petit effet sur ma Sally plus acerbe que jamais dans le propos. Mais je n’étais pas naïf, elle ne se sentait pas au mieux et j’imaginais sans mal sa vision se brouiller légèrement suite à cette forte et rapidement absorption d’alcool. « -Sally, vraiment tu n’es pas obligé. » lui lançais-je à nouveau alors qu’elle menait la partie et qu’il ne restait plus dès lors que deux tirs. Si j’ai appris une chose avec la compétition, c’est qu’il ne faut jamais prendre une victoire pour acquise et ce même si l’on passe devant. Tout n’est qu’une question de timing et de concentration. Mila pouvait encore revenir au jeu et mettre à mal l’avance confortable de sa cadette, qui contrairement à elle, n’avait pas l’habitude de boire autant. D’ailleurs voir Sally s’appuyer à la table lors du passage de sa sœur, acheva de me convaincre de tenter de faire quelque chose. Malheureusement pour moi je n’en eu pas l’occasion. En effet Mila venait de réussir son tir, obligeant Sally à boire.

« - Sérieux, vous voyez bien que ça commence à faire beaucoup »

« Elle m’a cherché, elle m’a trouvé ! »

L’excitation était telle, que je ne pouvais même plus m’approcher de Sally qui rata son tir à la grande joie des autruches et de leur cours. Je n’étais vraiment plus dans l’optique de m’amuser. Mais que pouvais-je faire si ce n’est voir la fille que je suis censée aimer s’enfiler un autre verre de bière à la suite. Tant pis. Passant à travers la foule, je rejoignis sans attendre Sally pour lui prendre le verre des mains. « - Tu n’es pas obligé de faire ça franchement. » Mila mécontente chercha évidemment à se faire entendre et j'étais trop énervé cette fois pour faire dans la dentelle. « - Ah c’est bon toi. Va donc sucer un esquimau ça te fera du bien. »

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Je menais 3 à 2 contre Mila, mais je commençais à avoir la tête qui tournait. Je n’avais pour ainsi dire jamais bu d’alcool de toute ma vie, sauf trempé mes lèvres dans un petit verre de vin que m’avait fait goûter ma mère en voyage en France, mais c’était tout. Et en plus, celui-ci était infect ! Clairement, la bière ce n’était pas mon truc. Mais c’était l’alcool le moins cher et les jeunes pouvaient s’en procurer plus facilement.

Je voyais du coin de l’oeil, malgré ma vision incapable de se fixer, Nolan qui semblait totalement en désaccord avec ce jeu et je savais qu’il s’inquiétait, mais je ne voulais pas lui donner des raisons de le faire. Il était l’un des garçons le plus populaire du lycée, j’étais certaine qu’il y avait joué des dizaines et des dizaines de fois, alors pourquoi moi je n’aurais pas le droit aussi ? Surtout que là, c’était pour affronter ma débile de sœur ! Puis je me rappelai que Nolan Hamilton avait quatre ans de plus que moi. J’avais quatorze ans, il en avait dix-huit. Peut-être qu’à dix-huit ans, ce jeu n’était plus aussi drôle ? J’en étais là de mes réflexion, le gobelet que je devais boire en main, quand Nolan avait réussi à me rejoindre pour me le prendre des mains.

- Je… Oui, tu l’as déjà dit. Tu l’as déjà dit, pas vrai ?

Je lui souris avec autant de franchise que possible, tâchant d’utiliser mes talents d’actrice pour me mettre dans la peau de quelqu’un qui n’était pas saoule. Une version de moi sobre.

- ça va, ne t’inquiète pas. Je dois respecter mes engagements, c’est comme ça dans la vie, non ?

Je lui pris doucement le verre des mains et le but. Je ne sentais plus mon œsophage à force d’ingurgiter cette horreur. Il me fallait relancer la balle et je me loupais. 4 à 3. Je grimaçai tandis que les sauterelles se dandinaient, faisant une sorte de danse de la joie ou je ne sais quoi, je n’arrivais pas à bien voir.
J’inspirai longuement tandis que Dan avait repris son rôle d’arbitre.

« - Il reste un lancer chacune, les filles ! Mila peut encore égaliser, ou Sally peut gagner ! Si vous êtes ex aequo, la première qui marque gagne. »

" - Y a pas une règle où l'une doit courir à poil autour de la table ? "

Cela semblait simple mais j’avais l’esprit totalement embrouillé. Tout ce que je voulais maintenant, c’était que ça se termine vite. Tant pis si je perdais mais au moins, j’aurais été jusqu’au bout. C’était donc au tour de Mila de faire son dernier lancer, et moi juste après.

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Dé 1 : Réussite de Mila
Dé 2: Réussite de Sally

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#1 'Oui/Non' :

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#2 'Oui/Non' :

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J’étais en colère, autant contre moi, qu’envers « les autres » qui en demandaient toujours plus. Pourtant, j’avais moi aussi été à la place de Sally et n’avais éprouvé aucun état d’âme à me donner en spectacle et à absorber verre sur verre lorsque j’étais amené à rater un lancer. Oui, je pouvais aisément prétendre avoir la pratique de mon côté et la tolérance à l’alcool, chose que n’avait pas Sally et ce même si elle déployait encore des trésors d’énergie pour me faire croire le contraire. « Elle est actrice ne l’oublie pas. » Eh oui, j’aurais pu oublier ce détail, tant elle était douée dans l’interprétation, à mon plus grand dam.

« - Oui Sally, je te l’ai déjà dit et je te le redis. Tu n’es pas obligé de faire tout ça » Je peinais tellement à me faire entendre, qu’il me fallut parler plus fort pour tenter de couvrir les acclamations derrière mon dos. Mais je voyais bien, que c’était couru d’avance, que sa fierté avait fini par prendre le pas sur sa raison. « - Tes engagements ? Non ce n’est pas pareil, ça c’est un jeu. Tu n’as pas besoin d’aller jusque-là par orgueil. » Mais déjà elle me prenait le verre des mains pour se l’enfiler. Après tout c’est ce qu’on attendait d’elle à présent. « - Fais pas ça ? » furent mes derniers mots avant d’être éloigné, parce que le « jeu » reprenait.

Déjà les dindes se dandinaient. Que cherchaient-elles à faire ? La danse de la pluie ? Nous étions loin des chorégraphies élaborées que nous servent les cheerleaders lors des soirs de grands matchs. Mais cela semblait suffire à faire son petit effet auprès de l’assemblée. Moi la première fois de ma vie, je me maudissais d’être à ce genre de soirée où l’alcool coulait à flots et où le n’importe quoi était de rigueur. Même « surtout » Sally me décevait, car je ne l’imaginais pas aussi orgueilleuse.

Mila, puisque son tour était venu, se mit en position, plus que suggestive pour ceux qui se trouvaient derrière elle. Je n’étais plus à la fête de mon côté et attendais impatiemment que ça s’arrête. Sauf que non, Mila venait de foirer sans lancer et devait donc boire cul sec le contenu d’un gobelet rouge, exaltant au passage un peu plus cette foulée d'imbéciles finis. Sally quant à elle reprit sa place et loupa elle aussi son lancé. C’était la goutte de trop pour moi. Et avant même qu’elle se saisisse de son verre, j’avais mis les voiles pour aller prendre l’air à l’extérieur.

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Je sentais que Nolan désapprouvait, mais je ne pouvais pas abandonner la partie aussi proche de la fin ! Pour qui serais-je passée ? Déjà que ma sœur se donnait un mal de chien pour que j’aie la pire réputation au lycée, et je commençais à peine à me faire une place, je ne pouvais pas laisser ma sœur avoir raison quand elle disait que je n’étais qu’un bébé qui n’avait pas sa place au lycée. Mais mon amoureux, qui pourtant avait sûrement usé et abusé de ce jeu, semblait en total désaccord. Il n’avait pas de grande sœur tyrannique, lui, il ne comprenait pas.
Je n’avais pas pu voir qu’il était carrément parti, mais j’avais gagné ! Nos derniers lancers effectués, je menais toujours d’un point sur Mila, j’avais gagné ! J’entendais tous ces adolescent scander mon prénom et je voyais Mila froncer les sourcils avant de vite se reprendre pour redevenir la reine de beauté. Dan proclama ma victoire et me dit que je pouvais choisir si ma sœur devait s’enfiler tous les verres qui restaient sur la table. Mais au vu de comment je me sentais mal, je ne voulais pas infliger ça à mon dragon. Même ma sœur ne méritait pas ça. Après, je n’avais aucune idée de sa tolérance au goût et effets de la bière, même si je voyais à son état qu’elle était juste un peu pompette, alors que moi, j’étais à peine capable de garder les yeux ouverts.

- Comme elle veut… répondis-je mollement.

Dan se tourna vers Mila avec les autres qui se mirent à hurler « Bois, bois bois ! »
Moi, j’essayais, non sans difficulté, de quitter cette petite foule à la recherche des toilettes les plus proches. Je n’étais jamais venue dans cette maison, je n’avais aucune idée d’où pouvait se trouver la salle de bain, tout ce que je savais c’était que j’avais une monstrueuse envie de vomir et que je ne voulais pas que ça se passe dans le salon des parents de Dan. Je devais sûrement avoir le teint vert et les yeux vitreux comme un pauvre poisson sur l’étal. J’attrapai fermement le bras d’une fille qui passait en lui demandant la salle de bain. Elle m’indiqua une porte et je m’y engouffrai pour enfin pouvoir vomir mes tripes dans les toilettes. Une chose était sure, on ne me reprendrait pas à boire de la bière ! C’était non seulement ignoble au goût, mais en plus ça retournait l’estomac. Un peu soulagée, je tirai la chasse d’eau avant de m’asseoir au sol, adossée contre la baignoire pour reprendre mes esprits.

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Parfois certaines choses m’échappent et le degré d’incompréhension est tel que je lâche vite l’affaire au lieu de me creuser la tête pour comprendre. Ce soir, il était question de l’attitude de Sally, qui par fierté et sûrement dans un souci d’inclusion, faisait de la merde. Oui, offusquez-vous ! Je ne peux décemment porter ce genre de jugement alors que j’étais coutumier jusqu’alors de cette conduite, sans l’orgueil qui va avec. Je n’avais rien à prouver à personne, ni besoin de jouer à ce jeu ridicule. Pourtant je le faisais et sans réfléchir, juste pour le plaisir de m’amuser. Sally elle ne le faisait pas pour le fun. Pire, elle se donnait en spectacle en agissant comme ça…J’étais déçu, assez pour détourner le regard et m’en aller pour aller prendre l’air loin d’une victoire que j’ignorais et dont je ne voulais, de toute façon, pas prendre part.

L’extérieur me sembla plus calme, bien qu’on y trouve de ci de là, d’autres adolescents qui s’emballaient pour la plupart et se livraient à quelques palpations loin de s’offusquer d’être vus de tous. Moi je pris place sur le muret de pierre, incapable de comprendre pourquoi j’avais le cœur lourd en entendant les autres intimer à la perdante de boire, boire, boire. J’espérais juste qu’il ne s’agisse pas de Sally. Car je ne voulais pas qu’elle se sente obligée de quoi que ce soit pour s’intégrer. Elle n’en avait pas besoin et ce malgré les quelques années qui nous séparaient. Et si moi j’étais parvenu à déceler le meilleur en elle, nul doute que mes camarades en seraient eux aussi capables.

« - Putain je ne peux pas rester là comme un con ! » Et c’est peut-être pour ça que j’avais le cœur aussi lourd. Parce que j’avais laissé ma chérie derrière moi. Je fis donc demi-tour pour venir la retrouver au plus vite. Malheureusement pour moi, Sally n’était plus là et à en juger par l’expression qui prenait vie sur le visage de sa sœur, la demoiselle n’était plus en odeur de sainteté avec la plupart d’entre nous.

« - Où est Sally ? » demandais-je alors à Dan qui riait avec certains membres de l’équipe. « - Dan ? » réitérais-je devant son manque de réaction. Il paria sur les toilettes, sans certitude. Je pris donc la direction des escaliers, avant de longer le couloir et de me retrouver face à la porte des toilettes, visiblement close. « - Sally ? Si c’est toi qui es à l’intérieur, est-ce que ça vas ? Si tu ne veux pas parler, ce que je peux comprendre, tapes contre la porte. Une fois pour oui et deux pour non. Tu veux me parler ? »

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Je me sentais mal comme jamais, j’avais mal au coeur, la tête qui tournait, la nausée, et me voilà la tête au-dessus des toilettes à vomir cette ignoble bière que j’avais ingurgitée probablement bien trop rapidement. J’avais l’impression d’être en enfer, j’avais chaud, je me sentais affreusement miteuse et en plus Nolan était en colère après moi. J’étais sûrement en train de dramatiser mais je n’étais plus très rationnelle. J’avais tiré la chasse d’eau avant de faire couler l’eau du robinet pour me laver les mains et me passer un peu d’eau fraîche sur le visage avant de retourner m’asseoir contre la baignoire. J’éclatai en sanglots, je ne savais que faire, et je n’étais pas prête à sortir de cette salle de bain, je ne voulais pas qu’on me voit, et surtout pas mon petit ami. S’il l’était encore. Peut-être que finalement il avait décidé que j’étais bien trop bête pour être avec lui. C’était cette idée qui me faisait pleurer, me rendant encore plus pitoyable.

Soudain, j’entendis mon prénom, ce qui me fit sursauter et sortir la tête de mes bras croisés contre mes genoux. Je retins ma respiration tandis que la voix de Nolan retentissait encore par-dessus la musique qui me tapait dans la tête. C’était bien lui, Nolan était derrière cette porte. Je devais lui répondre, j’étais trop loin de la porte pour cogner contre, et je sentais que si je me levai encore, j’allais me remettre à vomir. Je préférai pencher ma tête en arrière par-dessus la baignoire.

- Oui je… suis là… répondis-je d’une voix vaseuse.

Puis je redressai ma tête, surprise par sa question.

- Quoi ?

J’eus un haut-le-coeur et mis mes mains devant ma bouche. Je me sentais tellement mal, toute la pièce tournait autour de moi et je crois que mon estomac aussi. J’eus à peine le temps de me pencher au-dessus des toilettes. Combien avais-je pu boire de bière pour autant en vomir ?

- ça va… tentai-je d’articuler en grimaçant.

C’était vrai, ça allait un peu mieux… Un peu moins pire. Je refis couler de l’eau pour m’en passer un peu sur le visage et rincer ma bouche, avant de me laisser tomber par-terre à nouveau. Je soufflai pour essayer de me calmer, je ne voulais pas qu’il m’entende pleurer… C’était déjà assez la honte qu’il puisse m’entendre vomir. Je ne savais pas quoi lui dire en plus.

- Tu es énervé après moi ? demandai-je finalement, parce que c’était la seule chose qui m’importait.

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Je m’étais emporté et j’ai souvent tendance à vite me braquer ensuite. Maman en rirait, en laissant entendre que cela venait certainement de mes racines européennes et qu’il était de rigueur, du moins de son côté, d’avoir le sang chaud. Moi j’aurai tendance à dire que lorsque l’on est amoureux, la rationalité a souvent tendance à nous faire défaut, à l’inverse de l’idéalisation de l’autre. Et là, c’est clair que je partais d’un peu trop loin. Certes Sally pouvait se targuer d’avoir de nombreuses qualités ( l’intelligence, la beauté, le courage, le talent) – et je vais m’arrêter là, sinon quoi je risque de passer pour le fanatique de service. – Malheureusement pour moi, le piédestal sur lequel j’avais posé « ma » Sally, semblait trop petit et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Sally n’en demeurait pas moins une adolescente, avec le bon et le mauvais que cela engendrait. Et puis, j’étais plutôt mal placé pour juger, moi qui avant elle, avais écumé les parties de bière pong et les conneries qui vont avec. Je devais donc arrêter de l’idéaliser pour commencer et me montrer compréhensif et ne pas chercher à la brider.

Mettant ma fierté de côté, j’avais donc accepté de revenir sur mes pas pour m’enquérir de son état qui à en juger par l’endroit que l’on m’avait indiqué, ne devait pas être joyeux. L’oreille contre la porte, je guettais le moindre signe vital. Je savais qu’elle était à l’intérieur, sûrement honteuse et je savais aussi, par expérience, que la descente n’était pas des plus confortables, pour quelqu’un qui n’était pas habitué à boire autant de bière en si peu de temps. Une bière dégueulasse de surcroît.

« - Sally ! » répétais-je à nouveau face à l’absence de réaction suite à ma demande. Elle fit alors entendre sa voix, ce qui me rassura en un sens. Toutefois, je ne pouvais nier l’incertitude dans le propos et la tonalité vaseuse de cette voix d'ordinaire si mélodieuse.

« - Ok, bon je suis rassuré de savoir que c’est bien toi de l’autre côté de la porte. Enfin, à demi rassuré plutôt, car de ce que j’entends ce n’est pas la joie. » fis-je entendre avec humour alors qu’elle essayait, non sans mal, de me faire entendre qu’elle allait bien ( mais j’en doutais au vu des nombreuses suspensions entre chaque mot.)

« - Tu entres dans la phase nauséeuse. Ça fait toujours ça la première fois. » Toujours adossé contre la porte, j’entendis alors l’eau couler à nouveau. « - Je n'ai pas fait le fière lors de ma première partie de bière pong. » Elle me demanda alors, si j’étais en colère contre elle, ce qui engendra un rire étouffé de ma part.

« - Je me suis mal comporté en jouant les darons, tout à l’heure. Bon, je ne dis pas que c’était la meilleure des idées que celle d’aller affronter ton idiote de sœur, mais je n’aurais pas dû me barrer comme ça. Tu expérimentes, c’est ce qu’on fait tous. Et puis, je suis sûr que là tu dois être mortifiée de honte, ce qui explique pourquoi je suis toujours de l’autre côté de la porte. »

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Une victoire n’est-elle pas sensée être synonyme de gloire ? Pourtant, il n’y a rien de glorieux à gerber ses tripes au-dessus des toilettes d’une maison qu’on n’habite même pas. C’était pourtant ce qu’il m’arrivait. Moi qui étais heureuse de participer à une vraie fête pour la première fois, y être avec Nolan en plus pour sa belle victoire avec l’équipe, voilà que j’étais complètement en vrac. Tout ça, c’était de la faute de Mila. Bon, c’était peut-être un peu facile de l’accuser, mais je n’avais plus tellement les idées claires.
Nolan était finalement arrivé derrière la porte, j’avais mis un peu de temps pour lui répondre, le temps que mon haut-le-coeur m’en laisse l’occasion, et j’avais entendu à l’empressement qu’il avait à répéter mon prénom que ça l’inquiétait. J’étais tellement désolée, je ne voulais pas que ça se passe comme ça.

- T’inquiète… ça va… répondis-je pour essayer de le rassurer une nouvelle fois.

Il reprit alors la parole pour m’expliquer ce qui m’arrivait, et qui, visiblement, était normal.

- Super… c’est rassurant… merci.

En vrai, savoir que lui aussi s’était retrouvé dans cet état était vraiment rassurant, je me sentais un peu moins idiote. Je crus alors l’entendre rire à ma question. Je me demandais si c’était mon esprit qui délirait, mais je tâchai ensuite de concentrer sur ses paroles. Je ne pus que sourire à la fin. Il me connaissait déjà si bien.

- T’as pas envie d’entrer dans cette salle de bain, crois-moi.

Je commençai à me sentir mieux, même si ce n’était pas encore la grande forme. Je pris mon courage à deux mains et mes forces aussi, pour me relever et aller jusqu’à la porte.

- Et puis… c’est surtout que je fais peur à voir.

Je posai ma main sur la poignée et ouvrit la porte pour le rejoindre et m’asseoir avec lui dans le couloir.

- Tu es bien mieux en petit-ami qu’en daron, ajoutai-je en posant ma tête sur son épaule. Tu veux toujours de moi comme petite-copine? Et dis, est-ce que pour toi aussi la porte essaie de partir vers la droite ?

J’étais à peu près sure que non, mais ça valait le coup de vérifier.

- Bon… je jouerai plus à ce jeu, et je boirai plus jamais de bière de toute ma vie.

J’eus un frisson de dégoût rien que d’y repenser. Mais… j’avais gagné contre ma sœur, et ça, c’était magique.

- Y a encore beaucoup… d’autres conneries du genre qui… se passent lors des soirées ?

Mes paroles étaient parfois entrecoupées par des petits hoquets.

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C'est au lycée que tout a commencéSally Stanford et Nolan Hamilton

« - Je sais ce que ça fait ! » réitérais-je en me laissant glisser contre la porte et en songeant à toutes les conneries que j’avais pu faire. « - Ce n’est pas glorieux hein ? » Je ne voulais pas enfoncer le clou, mais juste lui faire comprendre que moi aussi, j’étais passé par là. « - Sally, tu n’as pas besoin de me mentir. Je sais que ça ne va pas. Pour preuve tu es toujours à l’intérieur à chercher tes mots. » Et moi je restais à l’extérieur, assis près de la porte toujours verrouillée. Je sentais déjà le regard de certaines personnes se poser sur moi. Un regard perplexe, interrogateur, désabusé, rien de bien réjouissant, mais je n’en avais que faire.

« - Je ne vais pas te le cacher, tu vas avoir une saleté de migraine. » Je lui devais l’honnêteté et tant pis si je passais pour le moralisateur de service. Après tout, j’avais de l’expérience alors pourquoi ne pas en faire profiter l’intéressée.

« - Bah je risque d’avoir un peu de mal à entrer puisque c’est fermé. » tentais-je avec légèreté pour continuer à dédramatiser la situation. « - Tu sais moi ça ne me dérange pas d’attendre, mais de toi à moi, le sol est quand même légèrement inconfortable pour mes fesses. » Je l’entendis alors s’approcher. La voix de la raison commençait-elle enfin à faire effet malgré l’ivresse ?

Incapable d’attendre plus longtemps, me voilà déjà redressé, face à la porte, attendant tout sourire. Je pouvais même sentir sa main sur la poignée. « - Evidemment que tu vas faire peur à voir avec tout ce que tu as bu. » ne pus-je m’empêcher alors qu’elle venait d’ouvrir la porte. « - Ça va, il y a pire. » Sans se faire prier, elle vint se poser près de moi et nous nous retrouvâmes assis tous les deux dans le couloir. « - Je suis content de savoir que je suis meilleur en petit ami qu’en daron. » répondis-je en déposant à mon tour ma tête sur la sienne. « - Et oui je veux toujours de toi comme petite copine. Et non la porte n’essaie pas de partir vers la droite. Les parties de bières pong c’est fini mademoiselle. Ce n’est pas le daron qui parle mais le petit copain. »

Dan passa alors devant nous pour s’enquérir de la situation. « - Je gère ! Tu as de quoi préparer le remède anti-gueule de bois ? » Ce à quoi mon meilleur pote répondit par l’affirmatif. « - Génial ! Aller mademoiselle Stanford debout ! Tiens-toi à moi ! Direction la cuisine je vais m’occuper de toi. »

C’est donc non sans mal, que nous quittâmes le couloir pour regagner l’étage inférieur et la cuisine. « - Je vais te remettre d’aplomb en te faisant profiter de mon expérience. » J’ouvris les placards pour en sortir un verre de taille moyenne, avant de migrer vers le frigo pour sortir tout un tas de choses. « - Le mixeur est mon meilleur ami ! » Des choses qui se retrouvèrent bien vite dans le mixeur. « - Beaucoup de légumes c’est la clé ! » La bouillie de jus de légumes n’avait pas une couleur très engageante, mais il ne fallait pas s’arrêter à ça, bien au contraire. « - Tiens ! Il faut boire ça d’une traite et manger un peu. Et d’ici une heure ça ira bien mieux tu peux me croire. »

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Messages : 361 Date de naissance : 01/11/1985 Age : 38

C'est au lycée que tout a commencéSally Stanford et Nolan Hamilton

Nolan était si prévenant, si attentionné. Il essayait de me dire ce qui m’attendait, et j’écoutais attentivement, même si pour la migraine, je m’en doutais un peu. Il me rappela que la porte était verrouillée, chose que j’avais oubliée. J’avais certainement dû la fermer en entrant, mais ce moment me paraissait si loin désormais… Alors que ça faisait quoi, dix ou quinze minutes ?
Je m’étais finalement décidée à sortir de là une fois mes haut-le-coeur calmés, pour venir m’asseoir mollement auprès de mon chéri qui accepta que je reste sa copine, ce qui me rassura. J’esquissai un sourire lorsqu’il déclara que le bière-pong, c’était fini pour moi.

- Oui oui… promis. Je t’assure que ça m’a passé l’envie d’essayer.

Je n’avais même pas vu ou entendu Dan arriver, mais mes sens étaient engourdis par tout ça. Nolan échangea quelques paroles avec lui, je crois même que Dan me qualifia de championne, avant que mon amoureux ne m’aide à me relever. Par chance, j’avais réussi à ne pas vomir sur mes vêtements et m’en félicitai intérieurement, tandis qu’il me ramenait en direction de la cuisine où il semblait décidé à préparer quelque chose. Je restai assise sur un tabouret, me tenant la tête accoudée au bar. Tout tournait encore et le bruit du mixeur n’était pas très agréable, mais ce n’était rien comparé à la couleur de la mixture qu’il me disait que je devais boire. Rien que de regarder ce truc, j’eus de nouveau la nausée.

- T’es sûr ? demandai-je en grimaçant.

Mais son regard était sans appel et je dus me saisir du verre pour en boire le contenu. Ce n’était pas si mauvais que l’apparence le laissait sous-entendre en tout cas. Je reposai le verre vide sur le comptoir avec une petite mine.

- ça t’ennuie pas si on va prendre l’air ?

Le bruit de la musique et l’agitation qui régnaient à l’intérieur me tapaient sur le système dans tous les sens du terme et ça ne m’aidait pas à me sentir mieux.

- Merci pour ton aide. Je suis désolée. Si tu veux continuer à profiter de ta soirée avec tes potes, je comprends tu sais.

J’avais l’impression de l’accaparer alors qu’il fêtait sa victoire. J’entendis soudain un lycéen passer en courant et en criant presque joyeusement que Mila avait vomi dans le salon. Je grimaçai à nouveau en me levant, titubant légèrement.

- On devrait pas lui en donner un verre aussi ?

C'était une vraie peau de vache avec moi, mais je ne lui souhaitais pas non plus du mal, et puis j'avais peur que nos parents finissent par l'apprendre et là, moi aussi je serais privée de sortie.

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