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Carpe diem [ft Alejandro Wilson]

Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:01
Alejandro Wilson
Madrid
Alejandro Wilson
Messages : 177 Localisation : Madrid Statut : Kellyophile. Est donc en couple depuis peu, avec une célèbre actrice américaine.
Métier : Professeur de dramaturgie / théâtre

Carpe diem


Je me sentais responsable d’elle-même si cette dernière se refusait à reconnaître ses problèmes. Je ne connaissais que trop bien cette sensation désagréable qui vous pousse à mobiliser vos dernières ressources pour vous prouver à vous-même que vous n’êtes pas addict, que le problème est gérable, bien plus que votre vie chaotique. Je suis même certain qu’elle en était arrivée à sentir sa vie se désintégrer à ses pieds et que l’alcool et la drogue tels des anesthésiants lui permettaient de tenir le coup et de ne pas voir qu’elle sombrait totalement au point de ne plus pouvoir s’en relever. Je n’en demeurais pas moins en colère, car elle ne se battait plus ; chose que j’avais faite à la mort de Tom, me sentant coupable de ne pas avoir été présent pour lui.

Je sais que la méthode est fichtrement discutable, mais je n’avais pas le choix. Le temps des pincettes était révolu, car elle jouait sa vie à présent. « — Tu veux que j’arrête de crier ? » Je la regardais avec une pointe de tristesse que je peinais à amoindrir malgré les efforts.  Reprends-toi !  Je n’avais pas le droit de faillir, pas cette fois. J’enfilais donc mon masque, tâchant de me montrer le plus convaincant possible et tant pis pour le passage en force.

« — Non je ne suis pas tombé sur la tête. Je suis parfaitement saint d’esprit. Et si tu le prends pour des menaces, vas-y. Mais il est hors de question que je te laisse te détruire. »

La voilà qui se drapait dans son voile de tragédienne et qui semblait ne pas comprendre ce que je lui disais alors que j’étais plutôt clair dans ce que je faisais entendre. « — Noyée tu ne l’es pas encore. Mais ça arrive vite quand tu te bourres de substances diverses et variées et d’alcool pour mieux faire passer tout ça. » Oui, je parlais par expérience et oui, j’avais brandi la menace de l’internement en désintox. Je crois que nous étions arrivés à un point de non-retour qui justifiait l’emploi de ces méthodes pour simplement lui sauver la vie.

Sa voix baissa en intensité, preuve qu’elle n’avait pas envie de m’affronter ; peut-être était-ce la fatigue qui parlait, celle d’avoir trop pleuré. Cela m’obligeait à descendre en pression, mais pas à passer outre mes décisions et ma présence ici. « — Non, je ne vais pas resté ici et toi non plus. Je t’amène chez moi loin de toutes ces tentations et je ne vais pas te laisser le choix Kelly. C’est soit tu viens avec moi, soit j’appelle les urgences pour te conduire sur le champ en clinique. Je ne négocie pas. Alors maintenant on va préparer ton sac et tu viens avec moi. »



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:02
Kelly Martinez
Madrid
Kelly Martinez
Messages : 198 Localisation : Madrid Statut : Alejophile
Métier : Actrice, chanteuse et prof de cinéma

Carpe diem


J'avais l'impression d'être prise dans un tourbillon, tout tournait, tout allait si vite, bien trop vite, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Alejandro était là, plein de colère ou de ressentiment ou que savais-je encore... Je ne comprenais pas pourquoi il s'acharnait ainsi sur moi. Tout ce que je savais, c'était que j'étais fatiguée, désespérée et que je voulais être seule. Mais lui semblait en avoir décidé autrement.

- Pourquoi tu fais ça ?... Pourquoi... Ça te tient tant à cœur ?... Je suis pas... J'ai pas... Besoin de ton aide.

Mes propos étaient entrecoupés de sanglots, tandis qu'il me prenait de haut en répétant ce que je disais. Cela m'énervait.

- T'as pas à me juger... marmonnai-je.

Mais il insistait une nouvelle fois pour que je l'accompagne chez lui. Cette fois, j'avais bien entendu... J'eus un petit rire en secouant la tête, les joues inondées de larmes.

- Tu te prends pour une sorte de baby-sitter, c'est ça ?... Je sais pas si t'as remarqué, mais je suis une adulte, je fais ce que je veux... Si t'es pas... D' accord avec ça, tire-toi.

Ce fond de colère surpassa ma profonde mélancolie et tristesse me donna la force de me lever du fauteuil pour m'enfoncer dans la suite. J'étais pieds nus, heureusement, je n'aurais jamais réussi à faire trois pas en escarpins. Je portais toujours mes vêtements de la journée, pas eu le temps de prendre une douche. Où allais-je ? Je n'en avais pas la moindre idée. Mais je ne voulais pas sortir. Je ne croyais pas une seconde à ses menaces. Qu'allait faire Alej ? Me porter sur son dos pour me jeter dans sa voiture ? Appeler soi-disant les flics ou que savais-je encore ? Je voulais juste foutre le camps loin d'ici... Ou rentrer chez moi, tout simplement.


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:03
Alejandro Wilson
Madrid
Alejandro Wilson
Messages : 177 Localisation : Madrid Statut : Kellyophile. Est donc en couple depuis peu, avec une célèbre actrice américaine.
Métier : Professeur de dramaturgie / théâtre

Carpe diem


Je voyais bien que mes grands discours ne faisaient aucun effet tant elle était éprise de son déni et des quelques substances qui l’empêchaient de rester ancrée dans la réalité. À coup sûr, elle traversait un tourbillon infernal où plus rien n’avait de sens, si ce n’est le désespoir. C’est incontestablement la phase la plus périlleuse du trip, meurtrière pour certains. Je ne pouvais, dès lors, faillir, je devais me montrer inébranlable dans mon entreprise et tant pis si cela ne lui faisait pas plaisir ; sa survie était en jeu et son futur par la même occasion.

« — J’ai compris le refrain, pas la peine de me le répéter, sauf si tu cherches à t'en convaincre. »

Elle était tout bonnement incapable de formuler une phrase et encore moins de tenir un raisonnement sans être interrompue par des sanglots. Je crois, sans certitude, que j’avais affaire à la version la plus pathétique de Kelly Martinez et ça me fendait le cœur.

« — Oui c’est çà, je n’ai pas à te juger. Aller arrête un peu. » Je me montrais sévère, non pas pour la secouer, mais pour garder la tête froide et ne pas facilement lui céder cette fois. Je devais rester impassible et aller au bout des choses malgré le flot de larmes qui dévalait un visage charmant en dépit du désespoir.

« — Pour une adulte tu fais surtout n’importe quoi. Une baby-sitter ne te ferait sûrement pas de mal. » Ne me souciant que peu de sa colère et du fait qu’elle se soit presque soudainement redressée, je me dirigeais vers son dressing avant de rebrousser chemin et de sortir mon téléphone puisque de toute évidence, elle ne me prenait pas au sérieux.

« — Je te laisse encore une dernière chance. Des hommes en blouse blanche, ça se remarque dans un hôtel. » Je voyais bien qu’elle ne réagissait pas davantage à cette menace. « — Eh puis merde ! » Je m’avançais donc vers elle pour la soulever sans ménagement. « — Hurle si ça te fait plaisir, mais je te préviens, tu vas rameuter tout le monde et ça n’est certainement pas ce que tu veux. » Je quittais donc la chambre avec elle sur le dos avant de finalement opter pour un porter moins abrupt.

« — Je t’en prie Kelly, ne m’oblige pas à devoir te faire interner de force. » Nous venions de pénétrer l’ascenseur et je priais n’importe quel Dieu miséricordieux, pour qu’elle se taise et n’opte pas pour l’option hystérique. J’avais envie de l’aider plus que quiconque, mais je me refusais à lutter pour deux.



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:04
Kelly Martinez
Madrid
Kelly Martinez
Messages : 198 Localisation : Madrid Statut : Alejophile
Métier : Actrice, chanteuse et prof de cinéma

Carpe diem


Il parlait, encore et toujours et cela me faisait l'effet l'un bourdonnement insupportable. Je m'étais éloignée mais force était de constater qu'il se permettait bien des choses, à commencer par me menacer de me faire interner, puis d'aller fouiner dans mon dressing. Je soupirai bruyamment.

- Si tu cherches les sous vêtements c'est pas de ce côté...

Je n'avais plus la force, vraiment pas. Je m'assis au bout du lit. J'avais juste envie de mourir à présent. Cette soirée devenait n'importe quoi. Alejandro était tout sauf agréable avec moi, j'avais même l'impression qu'il s'acharnait sur moi alors que je demandais seulement à avoir la paix.

- Arrête ça tout de suite... répondis-je quand il m'attrapa. Tu me fais mal, arrête !

J'étais sur son épaule, la positon était désagréable en plus de me donner la nausée et la tête qui tournait. Il avait raison sur un point, je ne voulais pas me faire remarquer de cette façon.

- C'est sûr, j'ai aucune envie qu'on me... Voit me faire porter comme un jambon par un fou furieux... Qui reporte son complexe du sauveur sur moi...

Il se dirigeait vers la porte et je n'avais pas la force de me débattre.

- Prends au moins des lunettes...

Mais trop tard, nous étions déjà dans le couloir, où il décida de me porter autrement. Je plaquai mes mains sur mon visage pour éviter qu'on me reconnaisse.

- Encore un peu et je vomissais ! T'as vraiment un grain !

Nous voilà dans l'ascenseur. J'étais extrêmement en colère contre lui.

- Que je ne t'oblige pas ? De nous deux, celui force l'autre à faire quelque chose qu'il ne veut pas, c'est toi ! Qu'est-ce que je fous là ? Je suis pas une valise, on le trimbale pas comme on veut où on veut. Je veux pas que tu fasses ça. Et j'ai même pas de chaussures.

Comme si ce détail avait son importance, je me remis à pleurer.

Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:04
Alejandro Wilson
Madrid
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Carpe diem


Était-ce une bonne idée ? Non, certainement pas. Mais, je me consolais en me disant que, si je parvenais à la sortir de cet hôtel, je pourrais avoir l’œil sur elle. Et accessoirement, l’obliger à ne rien prendre pendant au moins 24 heures. Étant un ancien alcoolique et junkie ; les deux évidemment, sinon ce n’est pas drôle, je n’avais absolument rien de tout ça chez moi. Un contraste avec sa chambre d’hôtel truffée de boissons et diverses substances en tout genre. Je priais juste un Dieu quelconque pour qu’elle ne fasse aucun esclandre et pour ce faire, je devais cesser de la transporter comme un jambon serrano. Elle marquait un point. Et à ma grande surprise, ne faisait montre d’aucune hystérie à mon égard malgré mon attitude plus que cavalière à son encontre.

« — Il fait nuit dehors. Personne ne va te reconnaître » lâchais-je agacé après sa dernière réflexion sur mon hypothétique complexe du sauveur. Sans trainer cependant, nous regagnions le couloir. Elle en était réduite à se cacher le visage pour que personne ne la reconnaisse. N’était-ce pas déjà le cas ?

« — Non j’ai bien plus qu’un grain, j’ai tout le moulin. » Je pressais le bouton pour rappeler la cage d’ascenseur à nous avant de pénétrer à l’intérieur. La petite musique, d’ordinaire désagréable, capta toute mon attention tandis que Kelly déversait sa colère contre moi tout en sanglotant de plus belle. Je n’en demeurais pas moins silencieux, pressant le pas pour qu’on ne nous remarque pas trop. Heureusement, je n’avais pas garé ma voiture trop loin.

Je pris grand soin de l’installer côté passager. « — Attache-toi s’il te plaît ! » Puis je refermais la portière tout en prenant grand soin de verrouiller l’entièreté du véhicule avant de faire le chemin inverse. J’avais éhontément subtilisé son pass magnétique, ce qui me permettait de déverrouiller la porte de sa suite. Je n’avais que très peu de temps, pour récupérer quelques affaires et des chaussures en priorité. Je pris donc la première valise que j’avais à portée de main.  Je ne regardais pas trop ce que je prenais, mais je tâchais de faire attention de ne rien abimer dans la précipitation. Je récupérais aussi son portable et de quoi le charger avant de finalement mettre les voiles et regagner ma voiture où, fort heureusement, ma prisonnière était toujours captive. Sans attendre, je déposais la valise dans le coffre, avant de longer le véhicule pour prendre place derrière le volant.

« — J’ai pris quelques affaires et des chaussures, ainsi qu’une ou deux paires de lunettes. Ton téléphone est aussi de la partie. Et oui, je suis un fou furieux, mais qui te veut du bien contrairement à ce que tu penses. »

N'attendant pas d’avantage, j'en étais rendu à démarrer ma fidèle Audi avant de reprendre la route, direction mon appartement. La route fut courte en termes de trajet, mais longue à cause du silence qui régnait. Et lorsqu’enfin, je vis paraître l’immeuble de quatre étages, je me sentis soulagé d'y être parvenu presque sans encombre.

« — Voilà, on y est ! Je vais récupérer ta valise et te passer une paire de chaussures. »

Je quittais donc le côté passager pour rejoindre le coffre et délester la valise d’une paire de chaussures. Je fus surpris de voir une paire de chaussons et plus encore d’avoir pensé à les glisser dans la valise malgré la précipitation. Contournant à nouveau le véhicule, je m’approchais de la portière côté passager et l’ouvrit délicatement tout en tendant la paire de chaussons à cette sublime comédienne qui, ce soir, n’était plus que l’ombre d’elle-même.

« — Les chaussons, ça sert toujours. Je vais récupérer ta valise du coup. » Je n’ajoutais rien de plus et m’exécutais. Nous voilà donc face à l’immeuble. Clé en main, je pressais le boitier de sécurité pour pouvoir entrer, tout en tenant l’imposante porte d’une main et la valise de Kelly de l’autre.



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:04
Kelly Martinez
Madrid
Kelly Martinez
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Il parlait, encore et toujours et cela me faisait l'effet l'un bourdonnement insupportable. Je m'étais éloignée mais force était de constater qu'il se permettait bien des choses, à commencer par me menacer de me faire interner, puis d'aller fouiner dans mon dressing. Je soupirai bruyamment.

- Si tu cherches les sous vêtements c'est pas de ce côté...

Je n'avais plus la force, vraiment pas. Je m'assis au bout du lit. J'avais juste envie de mourir à présent. Cette soirée devenait n'importe quoi. Alejandro était tout sauf agréable avec moi, j'avais même l'impression qu'il s'acharnait sur moi alors que je demandais seulement à avoir la paix.

- Arrête ça tout de suite... répondis-je quand il m'attrapa. Tu me fais mal, arrête !

J'étais sur son épaule, la positon était désagréable en plus de me donner la nausée et la tête qui tournait. Il avait raison sur un point, je ne voulais pas me faire remarquer de cette façon.

- C'est sûr, j'ai aucune envie qu'on me... Voit me faire porter comme un jambon par un fou furieux... Qui reporte son complexe du sauveur sur moi...

Il se dirigeait vers la porte et je n'avais pas la force de me débattre.

- Prends au moins des lunettes...

Mais trop tard, nous étions déjà dans le couloir, où il décida de me porter autrement. Je plaquai mes mains sur mon visage pour éviter qu'on me reconnaisse.

- Encore un peu et je vomissais ! T'as vraiment un grain !

Nous voilà dans l'ascenseur. J'étais extrêmement en colère contre lui.

- Que je ne t'oblige pas ? De nous deux, celui force l'autre à faire quelque chose qu'il ne veut pas, c'est toi ! Qu'est-ce que je fous là ? Je suis pas une valise, on le trimbale pas comme on veut où on veut. Je veux pas que tu fasses ça. Et j'ai même pas de chaussures.

Comme si ce détail avait son importance, je me remis à pleurer.

Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:05
Alejandro Wilson
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Alejandro Wilson
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Évidemment, je ne souhaitais pas solliciter mes contacts pour venir chercher Kelly et l’interner de force. Je n’envisageais ce cas de figure qu’en dernier recours. Et même en de telles circonstances, je ne serais pas sûr d’y parvenir. La décision lui appartenait, mais avait elle seulement envie de s’en sortir ? Les articles assassins, signant sa fin de carrière, avaient ils eu raison de son envie de vivre ? Si tel était le cas, le désespoir qui l’habitait était bien plus profond que je ne me l’imaginais. Pouvais je la sauver si déjà tous ces détracteurs la condamnaient ?

Le temps de réflexion n’étant point à l’ordre du jour, je m’étais laissé aller à de l’improvisation, au risque d’avoir des ennuis. Mais qui ne tente rien, n’a rien. Et si je voulais aider Kelly, je me devais de prendre des mesures.
Qu’on se le dise, le kidnapping n’est pas légal, on le sait, c’est acté dans la loi. Mais puisqu’elle ne s’est pas vraiment débattue ; au risque de passé pour une hystérique, peut-on se risquer à parler de consentement ? Toujours est-il qu’il fallait que je parvienne à lui faire quitter l’hôtel et toutes les tentations à portée de main. Pour aller où ? Et bien chez moi, là où l’alcool est banni depuis cinq ans, au même titre que la poudre blanche et ses confrères narcoleptiques. À n’en pas douter, la demoiselle va se faire chier et subir de plein fouet un semblant de sevrage. Au moins, elle aura les idées claires pendant au minimum vingt-quatre heures. Et je ne désespérais point de la convaincre.

Le trajet fut désespérément silencieux. J’imagine que ça turbinait à vive allure dans sa tête et qu’elle n’était pas encore encline à me parler. Nous parvînmes donc à destination et faute de mieux, je lui passais l’une des paires de chaussons que j’avais subtilisés à l’hôtel. Ce qui n’était évidemment pas au goût de Kelly qui ne se priva point de le faire remarquer.  « — Il y a à peine cent mètres à parcourir. Mais si tu préfères, tu n’as qu’à le faire pieds nus. » À mon tour, je soufflais pour que mon mécontentement lui remonte jusqu’aux oreilles avant de consentir à demeurer galant en récupérant sa valise dans le coffre.

Nous prîmes l’ascenseur sans que ni l’un ni l’autre ne s’émeuve du lourd silence qui nous entourait. Puis enfin, ce fut comme une délivrance, je retrouvais mon chez-moi. Je pris donc le temps de retirer ma veste pour la déposer sur le porte-manteau prévu à cet effet tandis que la star déchue pestait encore.

« — Je n’ai pas réfléchi au projet… » Ma phrase resta en suspens, car Kelly cherchait à tout prix à savoir où se trouvait la salle de bains que je lui indiquais du bout du doigt. Dès lors, elle se rua dans le couloir et s’enferma dans la salle de bains me laissant seule au milieu du salon.

« — Ok, j’ai compris. » Je récupérais donc sa valise pour l’installer dans ma chambre que je pris le temps de ranger avant de récupérer de quoi m’installer dans le clic-clac du salon. Pour plus de confort, je préférais lui laisser ma chambre qui, en plus, avait sa salle de bains privative.
Pourvu d’une couverture et d’un oreiller, je regagnais le salon pour ensuite commencer à déplier le canapé afin de faire apparaître un semblant de lit.



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:06
Kelly Martinez
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Kelly Martinez
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Carpe diem


J'aurais aisément pu croire à un cauchemar. Qui a dit que se faire enlever par un beau prince était féerique ? Bullshit! Je me retrouvai à marcher en chaussons dans le hall d'entrée de l'immeuble d'Alejandro qui portait la valise qu'il avait remplie de je ne savais quoi. Je me sentais mal, moralement et physiquement, et une fois arrivée chez lui, je dus lui demander qu'il m'indiques salle de bain tant la nausée devenait insupportable. Après avoir vomi mes tripes, et tiré la chasse d'eau, je me passai de l'eau sur le visage et me laissai glisser au sol, sanglotant.

- Qu'est-ce que je fous là... murmura-je pour moi-même.

Je n'avais aucune envie de parler avec Alejandro pour l'entendre me dire que je faisais de la merde, qu'il savait, etc. Je ne voulais rien entendre de s apart'je me sentais trahie. Cependant, je ne pouvais rester enfermée dans cette salle de bain ad vitam æternam... Je me décidai donc à sortir.

- Donc... commençai-je en me raclant la gorge. Tu m'enlèves contre mon gré et tu ne sais pas. C'est merveilleux.

Je pris la liberté de m'asseoir sur le canapé qui semblait préparé pour la nuit. Je me sentais comme la dernière de merdes actuellement, mais j'essayais malgré tout de rester droite.

- Tu fais souvent ça ? T'as été combien de fois en taule pour enlèvement ?

Ma colère me permit de sécher mes larmes.

- J'ai aucune envie d'être là. C'est pas bien ce que tu fais. Tu esperes quoi au juste ? Je suis sensée te remercier ? Je voulais juste avoir la paix ce soir. C'est si dur à comprendre ?

Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:06
Alejandro Wilson
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Je m’en voulais de ne pas avoir réfléchi à un plan de secours ou même à un plan tout court. Pourtant, je n’étais pas du genre à improviser et le moins que l’on puisse dire, c’est que ma vie était bien rangée, peut-être un peu trop. Du moins, c’était encore le cas avant l’arrivée tonitruante de Kelly Martinez que je venais d’enlever contre son grès. Enfin, tout est relatif et je pense qu’elle était tellement mal et dans le besoin de ne pas se faire remarquer, qu’elle avait accepté malgré elle que je l’emmène ailleurs.

Et maintenant ? À part faire un lit, je peinais à trouver une suite à l’histoire. Peut-être aurais-je dû solliciter une aide extérieure, ou demander des conseils ? J’avais beau être parrain aux AA, jamais je n’avais procédé de la sorte pour aider l’un de mes protégés. D’ailleurs, Kelly me l’avait assez fait savoir pour que ça rentre dans la caboche ; elle n’avait pas besoin de mon aide. Mais n’avait-elle pas besoin d’être aidée ? Oui, bien sûr et ainsi je justifie ce semblant de kidnapping. Ce que je peux être con !

Les minutes s’étiolèrent comme ma patience, j’hésitais même à venir toquer contre la porte pour m’enquérir de la situation. Mais c’était sans compter le sens du timing de notre actrice qui ressortit de la pièce, la colère avec. Il me suffisait de poser mon regard sur le sien pour comprendre que j’allais très probablement passer un sale quart d’heure.

« — En fait, je me suis juste arrêté à : enlever la star. Et comme je suis professeur de théâtre, j’ai privilégié l’improvisation. » Je tentais, non sans mal, de désamorcer la situation en jouant la carte de l’humour tandis qu’elle prenait place sur le clic-clac. « — Avant de répondre à ton interrogatoire, il me parait important de te faire savoir, que je vais te laisser ma chambre. Car contrairement aux apparences, je ne suis pas un goujat. Et aussi parce que tu auras ton intimité. Et pour en revenir à l’interrogatoire ; sache que tu es la première personne que j’enlève. »

Mais l’humour n’allait pas suffire et je le compris bien assez vite lorsqu’elle se lança dans un soliloque lourd de colère et de ressentiments. Je ne pouvais lui en vouloir, car à sa place, il est fort à parier que l’ancienne version de moi aurait moyennement apprécié ce que je lui faisais subir pour son bien.

« — Je sais que tu ne veux pas être ici. Je suis con, mais pas sourd. Et si tu crois que j’attends quelque chose de toi, tu te trompes. Donc, tes remerciements j’en ai plutôt rien à foutre. Je ne vais pas me comparer à toi, parce que moi, j’ai fini par reconnaître que j’allais mal, que j’avais des problèmes et je les aie réglés. Toi, tu es tellement fière que tu cherches même à te convaincre toi-même. Tu sais, quand tu vas mal et que tu choisis de boire ou de prendre je ne sais quelle merde en te disant que ça ira mieux, c’est là qu’il y a un problème. Tout ça, pour toi c’est comme des béquilles. Mais au final, ça ne t’aide pas, ça t’enfonce encore plus. Je sais que tu t’en bas les ovaires de ce que je dis, mais je te le dis quand même. Si tu continues dans cette voie, il n’y aura plus rien à sauver et tu donneras raison aux mange-merdes qui écrivent sur toi. Mais Kelly, si tu te reprends, si tu te bas, tu vas remonter la pente. Tu n’es pas fini, ça j’en suis sûr. Des artistes qui ont touché le fond, il y en a plein et certains s’en sont relevés encore plus fort. Oui, ça craint. Tu es loin de chez toi, tu ne fais pas ce que tu veux, ce que tu aimes, mais vois-le comme quelque chose de provisoire, une expérience à acquérir. Monte des projets, occupe-toi la tête sans l’embrouiller davantage. Si tu veux, je peux même te mettre en contact avec des gens du théâtre pour que tu puisses jouer, te produire en plus de l’école. Et juste pour que ça soit clair, je n’ai pas pitié de toi ok ? »


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:07
Kelly Martinez
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Kelly Martinez
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Carpe diem


Je le regardai à présent d'un air dubitatif malgré mes yeux rouges et gonflés d'avoir trop pleuré.

- Ah oui, tu t'es arrêté à enlever la star rien que ça ? Tu te rends compte que t'as juste l'air d'un psychopathe là ?! Tu te rends compte que je pourrais porter plainte ?

J'étais à bout de nerf, je ne comprenais pas pourquoi tout ça m'arrivait pourquoi Alejandro, que j'avais finibpar estimer, me faisait subir ça. Voilà qu'il le disait qu'il le laissait sa chambre. Je le regardai avec des yeux ronds avant d'éclater d'un rire jaune.

- Il était hors de question que je dorme sur un canapé de toute façon.

Dire qu'il osait me reprocher à mi-mot de lui infliger un interrogatoire... Mais se rendait-il seulement compte de ce que lui me faisait subir ? J'étais folle de rage et parlais entre mes dents.

- Super... Ça fait quoi d'être un criminel ?

Et comme si cela ne suffisait pas, il se lança dans un monologue à la con qui m'exaspéra de plus belle.

- Au moins t'as conscience que t'es con...

Je soupirai bruyamment.

- J'ai jamais prétendu le contraire. Je vais mal, c'est un fait, ok ? Je vais mal parce que je suis bloquée ici à faire un métier que j'aime pas au lieu d'être où est ma place, et pourquoi ? Parce que maintenant l'industrie ne fonctionne plus au talent, on embauche des petites écervelées qui se font connaître sur tiktok parce qu'elles ont des gros seins ou qu'elles se tapent des producteurs. Alors tu peux bien penser que j'ai besoin de béquilles ou que sais-je, c'est peut-être vrai mais que ça le soit ou non, ça ne changera pas mon problème. Mon problème c'est que le monde tourne n'importe comment maintenant. Et que je ne sais plus quoi faire pour y avoir la place. Ça te va ? C'est ça que tu voulais entendre ? On est vachement plus avancés maintenant.

Voilà qu'il me proposait de faire du théâtre ici. Était-ce seulement possible ?

- Comme si c'était pas de la pitié ça... C'est peut-être même pas possible. Et je ne suis pas actrice de théâtre, je ne veux pas être ridicule en faisant mal un travail. Ce serait pire que mieux, autant me flinguer tout de suite.


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:07
Alejandro Wilson
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Alejandro Wilson
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J’en conviens, la méthode était peu conventionnelle et désarmante à bien des égards. J’avais agi sans réfléchir, sous l’effet d’une impulsion commanditée par le désarroi en personne. Pour dire vrai, la voir ainsi, se détruire à petit feu et… ne pas savoir quoi faire pour l’aider me tuait. Mais une fois encore, malgré le trait d’humour, je me devais de ne rien laisser paraître pour ne pas lui faire voir que je commençais à m’attacher à elle.

« — Si j’étais un psychopathe, tu serais surement dans une benne à l’heure qu’il est. Et oui, je me rends compte que tu peux porter plainte. Tu en as le droit. Si c’est vraiment ce que tu veux, vas-y ! Appelle les flics et porte plainte. » Je ne la quittais pas du regard pour lui faire savoir que je ne bluffais pas, du moins en apparence. Car si d’infortune, elle mettait sa menace à exécution, j’aurais l’air con.

Nous étions donc rendus à causer literie et de toute évidence, le fait que je sois un tant soit peu galant en lui laissant ma chambre, la fit rire. J’aurais presque pu croire qu’elle était méprisante à mon égard. « — Effectivement, tu as tes exigences. » J’essayais de rester cordial, de ne pas trop me montrer véhément, mais assurément, j’allais avoir besoin d’une nouvelle paire de rames pour survivre à cette nuit.

« — Tu veux savoir ce que ça fait d’être un criminel ? Eh bien pour être franc, je ne me sens pas différent. » Elle était en colère et je continuais à me complaire dans ma fausse nonchalance. Du moins, j’essayais, car à mesure que nous échangions, je demeurais incapable de conserver mon masque de poker face. J’étais trop sincère avec elle et nul doute que cela allait finir par me perdre.

« — Oui, je suis con et je l’assume… » La réplique était courte et sans enjeux contrairement au monologue que je venais de lui servir et qui n’avait recueilli qu’un soupire avant qu’elle ne se lance à son tour. Je demeurais attentif à tout ce qu’elle me disait, sans jamais la couper, car elle avait besoin de parler, aussi dures soient les paroles qu’elle faisait entendre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’en apprenais des choses sur son mal et sa vision du système dans lequel elle évoluait depuis des années.

« — Je t’arrête tout de suite. Tu commences à me perdre rien qu’en parlant de Toktik. C’est quoi encore ce truc ? J’ignorais qu’on pouvait trouver des talents sur des plateformes avec un nom pourri. Et désolé, mais les gros seins c’est passé de mode, enfin je crois. Pour ce qui est des producteurs, ça a toujours été comme ça, même dans le théâtre je t’assure. Écoute je sais que j’ai surement parlé pour ne rien dire et que je t’exaspère plus qu’autre chose. Mais je constate que tu me parles, tu évoques de vrais sujets et tu es sincère. Moi, je trouve que l’on avance, pas beaucoup certes, mais on avance quand même. Et non, je n’ai pas pitié de toi. Je te sous-estimais avant et j’étais loin de m’imaginer que tu avais un tant soit peu de talent. Et tu as joué les répliques de Chimène me faisant passer pour le roi des cons. Tu es capable d’apprendre rapidement un texte, très vite même. Et je peux t’aider si vraiment tu veux essayer. J’ai des contacts et disons qu’on m’a proposé de mettre en scène une pièce pour la saison prochaine. Mais j’ai refusé au prétexte de ne pas avoir le temps avec les cours. En vrai, je me suis juste défilé. Kelly, tu as du talent n’en doute pas. Et je t’interdis ; là, je ne fais plus d’humour, de parler de suicide surtout à un type qui a perdu son meilleur ami de cette façon. Enfin bref… »

Étais-je mal à l’aise ? Oui, comme à chaque fois que j’évoquais Tom Levitt qui continuait à hanter mes souvenirs et mes pensées.

« — Je te laisse faire ce que tu veux, moi j’ai du travail. Il y a des serviettes propres dans la salle de bains et tout ce qu’il faut. Fais comme chez toi ! Et si tu as faim, il y a un japonais qui livre à côté. Le menu est sur mon frigo ».



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:08
Kelly Martinez
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Carpe diem

Je secouais la tête en l'entendant parler, j'avais juste l'impression qu'il me prenait pour une conne. Mon regard sur lui se faisait noir malgré le rouge de mes paupières. Là, j'avais vraiment envie de me venger, alors quand il sembla le sous-estimer sur l'idée de porter plainte, je tendis ma main, paume vers le ciel.
- Bien, file-moi mon téléphone.

J'étais sure qu'il ne le ferait pas. Ce que je ne savais pas, c'est que ce traité de putian d'iPhone n'avait plus de batterie. Toujours était-il que je soutenais moi aussi son regard. S'il voulait jouer à ça, il serait servi. Voilà qu'il me parlait de mes exigences.

- Eh bien, au départ tu voulais m'inviter chez toi... Et finalement tu m'as enlevée. J'estime que j'ai pas à me ruiner le dos sur ton foutu canapé. J'ai jamais dormi sur un canapé de ma vie, sauf pour faire une sieste, c'est pas maintenant que ça va commencer.

Je roulai des yeux quand il me répéta qu'il était con.

- Arrête de répéter constamment ce que je dis, j'ai juste l'impression que tu me prends pour une conne et ça m'horripile. Et puis t'es qui pour dire qu'on avance ou pas ? Mon nouveau psy?

Puis, pour une raison que j'ignore, je me mis à déblatérer à sa suite, me surprenant à lui dire ce que j'avais sur le cœur, du moins une partie, et le voilà qu'il répondait encore. D'abord, j'écarquillai les yeux.

- Attends... Tu enseignes à de jeunes adultes qui passent leur temps la truffe sur leur portable, et tu connais pas TikTok ? Pfff... En gros c'est une plate-forme à la con où les gens postent des vidéo merdiques cheatées, se faisant passer pour ce qu'ils ne sont pas. Ils se font des millions de vues et une petite notoriété au passage. Et'.. Merci je sais comment ça marche, je sais bien que quand on n'a pas de talent on réussit par la baise, seulement je ne peux que trouver ça abject. Et oui, th m'exaspères à faire comme si tu comprenais, et essayer de me dire ce que je veux entendre. Mais c'est pas de ça dont j'ai besoin ! JE SAIS que j'ai du talent, j'ai pas besoin que tu me le dises. Attends t'es sérieux ? T'as refusé un vrai boulot à un théâtre, qui est ton taf de base pour... Cette école ? Nom de dieu c'est unebsecte ou quoi ? Comment t'as pu te défiler ?

J'étais presque bouche bée tant cela me mettait sur le cul. A sa place, j'aurais carrément accepté quitte à bosser moins à l'école. Je restai interdite sur sa réflexion. Il avait perdu son meilleur ami qui s'était visiblement suicidé.

- C'est pas très sain de dire à quelqu'un de ne pas parler... marmonnai-je.

Il voulut travailler maintenant. Je soupirai.

- Tu m'as pris une chemise de nuit au moins ? Ou je dois dormir à poil dans ton lit ?

Je me levai tant bien que mal et me dirigeai vers ma valise pour voir le carnage avant d'aller dans la salle de bain.

- Tu sais vraiment pas faire une valise, Wilson ! Pas de crème de jour ni de crème de nuit... Génial. Je vais être flétrie avant demain matin, pestai-je.

Désemparée, j'entrais dans la douche en laissant couler l'eau sur moi. J'y restai une bonne trentaine de minutes avant de ressortir emmitouflée dans une serviette.


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:09
Alejandro Wilson
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Cette scène, cet instant, ce moment rien n'avait de sens et je continuais désespérément à m'accrocher au fait que je puisse encore l'aider. Mais de prime abord, je me devais de lui faire comprendre qu'elle n'aurait pas gain de cause. Ainsi je n’hésitais point à la provoquer quant au fait qu'elle ne soit pas capable d'appeler la police. Mais de toute évidence, il en faudrait bien plus pour lui faire peur et je l’apprenais à mes dépens.

« — Ton portable ? » demandais-je faisant mine de ne pas comprendre. Il était évident qu'elle me testait et que si je lui cédais, elle obtiendrait une première victoire sur moi ; c’était inconcevable ! « — Il est dans ta valise ! Libre à toi d’aller le récupérer. » Je tâchais d'être le plus convaincant même si je n'en menais pas large quant à la suite des évènements. Le moins que l'on puisse dire, c'est que si j'avais été omniscient, je ne l'aurais certainement pas enlevé pour la conduire jusqu’ici. Ainsi, je me serais évité bien des désagréments et une multitude de prises de tête inutile au sein de mon propre appartement.

Je crois que jamais au grand jamais, je n'eusse été confronté à une personne aussi exécrable ; ou du moins qui donnait l’illusion de l’être. N'importe quel être lambda pourrait aisément croire à ce jeu de la diva à qui l'on cède tous les caprices. À commencer par le canapé, un sujet de conversation à part entière désormais.

« — Alors pour commencer, ce canapé m’a coûté la peau du cul. Donc, je te prie d'avoir un peu plus de considération pour lui. Et je suis ravi d’apprendre que tu n’as jamais dormi sur un canapé. Ça, c’est du scoop ! » J’étais piquant, parce qu’elle m’y obligeait, mais cela ne m’empêchait pas de l’écouter et de me réjouir d’un semblant d’étape franchie. Bien que pour elle, cela n'ait aucune importance.

Malgré tout, et à grand renfort de patience, je pense être parvenu à instaurer un semblant de dialogue avec elle. Mais une fois encore, je me retrouvais confronté à ma parfaite ignorance du système et des réseaux sociaux, le nouveau terrain de jeu de nos jeunes protégés.

« — Non, je ne connais pas TikTok. Désolé, mais les réseaux sociaux sont un univers qui m’ait étranger plus encore si c’est pour y faire des vidéos merdiques et cheatées comme tu dis. Je constate donc que je me suis épargné une perte de temps. Mais à ce que je vois, toi, tu y connais un rayon et tu sembles y accorder une certaine importance. »

Et voilà qu’à nouveau, elle était exécrable autant que je l’exaspérais. Elle avait définitivement mis à mal ma patience, et mon envie de dialoguer. À quoi bon parler si c'est pour parler dans le vide ? De toute évidence, elle savait tout et je ne savais rien. Elle était au fait de son talent et n'avait besoin de personne pour le lui rappeler. Kelly venait donc de renfiler sa carapace mettant à mal notre dialogue, du moins l’illusion de ce dialogue à sens unique.

Cependant, sa réaction quant au fait que j'ai décliné une offre de mise en scène pour des raisons qui me sont propres, me blessa plus que je ne l’aurais cru. S’en était fini de la discussion, je ne voulais plus échanger avec elle, ni me livrer puisque de toute façon, elle n’en avait rien à foutre.

« — J’ai mes raisons quant au fait de m’être défilé. Et je n’ai pas envie t’en parler, surtout avec toi. » Ma patience s’en était allée, tout comme l’espoir ; déjà bien infime, de la sortir du tourbillon destructeur dans lequel elle s’était réfugiée faute de solution.

« — Tu n’as qu'à regarder ce qu’il y a dans la valise. Ou tu veux que je le fasse pour toi peut-être ? » Et encore une fois, elle ne résistait que très mal à l’envie de m’envoyer une pique en pleine face. Je préférais dès lors n’y prêter aucune attention et la laisser rejoindre la salle de bains. Tandis que moi, j’essayais de reprendre le cours de ma vie. À savoir la lecture des quelques devoirs qu’il me restait à corriger. Pour plus de tranquillité, je venais de récupérer mon casque que j’enclenchais histoire de me couper définitivement de cette atmosphère dont j’étais en partie responsable.

J’avais chaud et l’impression d’avoir les joues rouges après cette confrontation. Lunettes sur le bout du nez, je commençais à lire ma première copie avec attention, me souciant peu de ce que faisait Kelly dans la salle de bains. J’étais concentré et bien décidé à le rester.



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:10
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Nous ne nous comprenions pas, ou plus du tout en tout cas si tant était que ce fut le cas un jour. J'étais à mille lieue d'imaginer ce qu'il ressentait tout comme il était à mille lieues de savoir ce que j'avais au fond du cœur. J'allais mal, c'était un fait et je ne le savais que trop bien, mais je ne pensais pas avoir les mêmes problèmes qu'il avait pu avoir.

- Holy shit ce que tu peux être chiant ! J'en reviens pas que tu me sommes de respecter ton foutu canapé après avoir osé me kidnapper ! Et me faire la leçon en plus de ça. Tu sais ce que c'est le problème ? C'est que tu crois que je suis comme toi, mais je le suis pas ! C'est pas parce que tu m'as vue bourrée une fois, et que des fois je me retourne la tronche que ça fait de moi une alcoolique et une junkie ! J'ai aucune addiction, j'essaie juste de trouver comment passer le temps pendent que je suis coincée ici !

J'avais finalement décidé de prendre une douche, sans doute la meilleure chose à faire pour essayer d ème détendre et me calmer de cet énervement soudain causé par Alejandro. J'avais profité de l'eau chaude sur ma peau et en était finalement sortie entourée d'une serviette propre. Je sortis de la salle de bain.

- T'as de la crème hydratante ?

Pas de réponse. Je compris rapidement pourquoi, il avait un casque sur la tête. Je soupira en roulant des yeux puis j'avançai vers lui, le plus droit possible avant de m'asseoir en face.

- Wilson, t'as une mine affreuse. Est-ce que t'as de la crpee hydratante ou bien je suis condamné à me froisser intégralement ?

Je remarquai que son visage était rouge.

- J'ai dit quelque chose qui fallait pas ?

Pour un mec soi-disant sobre, il avait la tronche du poivrot beurré. Je le regardai d'un air suspicieux.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Maintenant que la pression était retombée, je commençais à avoir faim. D'ailleurs mon estomac se mit à gargouiller.


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:11
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Je tâchais de rester concentré, de ne laisser aucune mauvaise pensée parasiter mon esprit. De toutes mes forces, je tentais de faire abstraction de nos échanges (en tout genre) et de ses paroles. Le point de non-retour avait été franchi et nous demeurions toujours incapables de nous comprendre. Le serions-nous un jour ? Je préférais ne me risquer à aucune réponse, de peur d’accroitre davantage le fossé qui n'avait de cesse de nous éloigner l’un de l’autre. De toute évidence, nous étions voués à l’incompréhension et je commençais à être à court d’idées et d’énergie pour combattre son déni.

Par chance, elle était partie prendre une douche. Je pouvais donc me réfugier dans la quiétude d’une série de corrections avec sur les oreilles, un casque qui me prémunissait de la moindre nuisance sonore. J’avais opté pour une playlist de jazz ; de l’instrumental de préférence et sans saxophone pour plus de plaisir. La première copie fut rapidement corrigée et la moyenne à peine atteinte. J’enchainais avec la seconde et soufflais rien qu’en me penchant sur l’introduction. « — Ca va aller vite ! » marmonnai-je en traçant un trait rouge sur l’ensemble de la page avant de glisser quelques annotations sur la marge prévue à cet effet.

J’enchainais les annotations non sans difficulté, car malgré le calme apparent, je peinais à me concentrer. Et j’avais chaud, étrangement chaud. Comme si je venais d’achever une séance intensive à la salle. Je n’eus pas le loisir de me questionner davantage, car « mon invitée » venait de prendre place, m’obligeant à retirer mon casque pour se faire entendre. Qu’allait-elle me sortir ?

« — Ta mine n’est pas mieux, je te rassure. Et oui, c’est ton jour de chance, j’ai de la crème hydratante. » Elle n’en avait pas fini avec moi et se demandait presque innocemment, si elle avait dit quelque chose qui n’allait pas. « — Euh… A priori, tu n’as rien dit depuis ces trente dernières minutes. » Elle me regardait bizarrement, plus que d’habitude, ce qui m'agaçait. « — Quoi ? » soupirais-je en retirant mon casque. « — Tu t’inquiètes pour moi maintenant ? Merci de cette soudaine sollicitude, mais ça va contrairement à toi et à ce qui te sert d’estomac. C'est un vrai concert que j'entends là. Ce qui m'amène à te demander si tu as faim? Et comme je suis à peu près sûr que tu ne cuisines pas, je peux te proposer l'option uber eat. »




Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:15
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Fort heureusement pour chacun d'entre nous, Alejandro ne répondit plus après ma dernière réplique où je lui donnais mon point de vue sur la situation actuelle. Je n'aurais plus eu la force. Prendre une douche le fit le plus grand bien, même si je navajs guère plus d'énergie, j'étais quand même moins à plat, ce qui me permit de revenir vers lui, seulement vêtue d'une serviette de bain empruntée dans sa salle de bain. Je haussai un sourcil face à sa replique.

- Tu sais parler aux femmes toi, un vrai Dom Juan ! Ma mine ne te dérangeait pas il y a encore quelques heures il me semble... Bon ben fais péter, elle est où ta foutue crème ?

Néanmoins j'avais remarqué que quelque chose sur son visage avait changé, il était rouge, et semblait ne pas apprécier que je le dévisage.

- T'es vraiment qu'un débile profond, tu le sais ça ? Même si t'es un salopard de kidnappeur, je te souhaite pas du mal pour autant, alors oui voir ta face virer à l'écrevisse bouillie vive me donne quelques inquietudes...

Voilà qu'il se foutait de ma gueule éhontément.

- Bien sûr que si, je sais cuisiner. Mais Uber Eats c'est très bien.

Je retournai dans la salle de bain pour m'enduire de crème hydratante de la tête aux pieds avant de chercher dans ma valise ce qu'il avait pu me prendre pour la nuit. Il ne fut pas trop manchot puisque je trouvais finalement une nuisette bleue que j'enfilai avant de revenir au salon.

- Alors, c'est quoi le programme maintenant ? Tu vas commander à manger ? Et peut-être prendre un paracetamol? On dirait que t'as de la fièvre.


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:16
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Je regrettais déjà d’avoir mis un terme à mon écoute pour à nouveau me confronter à des sons moins mélodieux que celui d’un piano et de quelques cordes. Je remarquais au passage que la demoiselle s’était servie dans la pile de serviettes ; ce qui me laissait à penser que j’aurai dû penser à lui prendre un peignoir. À ma grande surprise, bien que toujours aussi désagréable, elle semblait avoir repris du poil de la bête.

« — Et toi tu sais être tellement agréable. C’est fou, on pourrait presque croire que c’est un don. La crème est quant à elle dans le placard de gauche près de la double vasque. Tu ne peux pas la louper c’est un gros pot bleu. » Et oui, contrairement aux apparences, il m’arrivait de prendre soin de moi. De plus, il est toujours préférable d’avoir de la crème hydratante à portée de main après une bonne douche ou une séance de rasage. J’espérais donc qu’avec cette information, elle ferait marche arrière et me ficherait la paix. Mais non, de toute évidence, elle n’en avait pas encore fini avec ma petite personne.

« — Un débile profond doublé d’un salopard ! Wow, ce sont de sacrés compliments ! Pour ce qui est de mon teint, ce n’est rien, j’ai juste un peu chaud, ça arrive même aux meilleurs. » Je lui proposais ensuite de se restaurer vu que son estomac était en plein solo de gargouillis. Et sans aucun doute, elle semblait pourvue d'un autre talent insoupçonnable.

« — Donc tu sais cuisiner ? Je ne sais pas si je dois avoir peur ou être impressionné. Mais selon vos exigences, je vais de ce pas faire appeler messire Uber Eats pour que nous nous restaurions. Sinon par le plus grand des hasards, j’avais commencé à me faire des frites de patates douces. » Mais elle ne me laissa point le loisir de m’étendre et retrouva aussitôt la salle de bains, me laissant à nouveau seul au milieu du salon. Cependant, la réflexion sur mon teint écrevisse me sortit de ma concentration. Je quittais donc mon bureau improvisé pour rejoindre la cuisine et me passer la tête sous l’eau histoire de me rafraichir un peu. Et il est vrai que mon front était plutôt chaud, presque autant que mes pommettes.

« — On dirait que tu as trouvé de quoi t’habiller dans cette valise faite par mes soins. Écoute, il y a le menu d’un resto japonais sur mon frigo. Je commande souvent chez eux, ils livrent. Regarde ce qui te plaît et l’on commandera. De mon côté, je vais aller prendre quelque chose parce que je dois bien reconnaître que je commence à chauffer. »  Voilà qu’à mon tour je disparaissais dans la salle de bains. Je rangeais mes médicaments derrière le miroir, histoire de ne pas tout mélanger. Je me saisis dès lors d’une boîte de paracétamol avant de refermer le placard et de revenir sur mes pas.

« — Alors ? Est-ce que tu as trouvé ton bonheur ? Tu préfères peut-être autre chose que du japonais ? »





Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:18
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Et voilà, nous en étions de nouveau à nous balancer des joyeusetés au visage, comme à la rentrée il y avait de cela un mois et quelque. Je n'en revenais pas, comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ? Ah oui, ça me revenait : parce qu'il était tout bonnement incapable de se mêler de ses affaires. Alejandro était beau, sexy et un super coup, il fallait cependant reconnaître qu'il savait se montrer des plus agaçants. Le coup du kidnapping, on ne me l'avait encore jamais fait... Et heureusement d'ailleurs.
Il avait parlé de ses frites de patates douces alors que je commençais à repartir vers la salle de bain, ayant eu l'information qui m'intéressait. Je levai une main en passant.

- Non merci...

Je n'avais pas manger encore gras après le repas de la veille. J'étais donc revenue.

- Japonais c'est très bien. T'as qu'a me commander des makis avocat et des yakitoris champignon.

Je m'assis en le regardant.

- T'es moins rouge. Ça va ? Tu te sens comment ?

Même s'il venait de se comporter comme un mufle et tel que je le lui avais dit, je ne lui souhaitais aucunement du monde le moindre mal. J'en venais même à me dire qu'avant l'épisode de l'enlèvement, j'aimais passer du temps avec lui. À présent, je ne savais plus, j'avais l'impression de retrouver le rustre du début. Pourquoi ?


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:18
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Je ne me sentais pas au meilleur de ma forme. Et si de prime abord je m’étais laissé convaincre que cela était dû à ce que Kelly me faisait subir de façon involontaire, voilà qu’à présent j’en doutais. Toujours est-il que nous étions revenus au point de départ et que le rapprochement opéré n’avait plus lieu d’être. Dorénavant, le sarcasme fusait entre deux répliques et je peinais à ne pas me sentir affligé à chaque fois que je m’adressais à elle.

Cependant, le fait de la voir pimpante à nouveau m’incita à me reprendre et à fournir quelques efforts pour me montrer aimable au possible. Je lui proposais donc un semblant de repas avec les frites de patates douces que j’avais commencé à préparer avant de voler à son secours. Ce semblant de plat n’étant pas à sa convenance, je dus me rabattre sur de la livraison. Ayant un restaurant japonais à portée de main ; et puisque j’étais un fidèle client, il me parut logique de proposer cette alternative, qui de toute évidence (et heureusement) convenait à miss Martinez.

« — Bien. Une bonne chose de faite. » Je me redressais donc pour voguer jusqu’à la cuisine et récupérer le menu de l’enseigne sur la porte de mon frigo.  Parcourant, non sans mal les lignes mal espacées de flyers, il me fallut bien quelques secondes pour trouver mon bonheur avant de revenir sur mes pas et ainsi reprendre ma place face à Kelly, qui semblait obsédée par mon teint.

« — Je vais bien. C’est juste un coup de chaud. Je vais finir par croire que tu t’inquiètes vraiment pour moi. Bon, je vais passer commande ! » Une façon pour moi de lui faire savoir qu’à partir de maintenant il fallait se taire. Portable en main, je composais le numéro avant d’entendre une voix humaine au bout de trois tonalités.

« — Oui bonsoir ! J’aimerais vous passer une commande. Oui à emporter. Alors je vais vous prendre des makis avocats et des yakitoris champignon. Ensuite un peu de soupe miso, des yakitoris au poulet et au bœuf fromage. Oui, ça sera tout. » Je pris soin de lui donner mon adresse qu’il reconnut. J’étais prêt à parier que ma fidélité me vaudrait du rab de riz ; ce qui n’était pas pour me déplaire. « — Merci beaucoup. Bonne soirée. » Je raccrochais donc, un peu plus enjoué, car je savais que nous allions bien manger à défaut de passer une bonne soirée.

« — On sera livré d’ici une vingtaine de minutes. Ça te va ? » Force est de constater qu’il n’y avait plus aucune animosité dans ma voix, au contraire. « — Bon, je vais rangé mon bazar, histoire de nous faire un peu de place. Si tu as soif, j’ai pris du thé glacé. J’ai aussi de l’eau gazeuse et du jus de fruits, ainsi que du sirop si je ne dis pas de bêtise. Fais comme chez toi ! »




Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:20
Kelly Martinez
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Tout était si bizarre avec Alejandro. Comme chien et chat un jour, amants un autre, et de nouveau à couteaux tirés... Etc. Pourquoi était-ce si compliqué ? Pourquoi ce que je faisais lui importait tant ? Je me souviens alors de sa pseudo déclaration. Mais je n'y croyais pas. Comment pouvait-on parler de sentiments quand on ne connaissait pas la personne ? D'ailleurs, finissait-on un jour par connaître quelqu'un ? J'avais été mariée une fois, je pouvais attester que non, et que les sentiments et relations de couple n'étaient qu'une illusion. Beaucoup de contraintes pour peu d'avantages.

Voilà qu'Alej s'étonnait que je puisse m'inquiéter pour lui. Je soupirai en roulant des yeux. Il n'écoutait pas ce qje jbe disais, tant pis. Ce qui était intéressant en revanche était qu'il parlait de manger. Mon estomac criait famine, bien que je ne sois pas au meilleur de ma forme. Il fut convenu de commander japonais. Mon "hôte" s'en chargea. Je haussai les épaules lorsqu'il me demanda si ça m'allait. Avais-je le choix ? Je m'assis à la table, j'étais à bout de force et j'avais besoin de me poser.

- Tu as de l'eau plate ? demandai-je alors qu'il m'énumérait ce qui était dans son "mini bar".

L'accalmie était de nouveau de mise. J'avouais mentalement que je 'y comprenais rien.

- Bon alors on arrête de s' aboyer dessus ? Écoute, on peut essayer de zapper cette histoire ? Disons que tu t'es inquiété pour rien et on en reste là ?

Est-ce que ça allait suffir à un ex alcoolique et junkie qui me pensait dans la même situation que lui ? Moi, j'étais persuadée de n'être absolument pas dans ce cas de figure. Comment une telle chose pourrait m'arriver, à moi ? J'étais bien au-dessus de ça.
La tête me tournait un peu, il était temps d'avoir quelque chose à manger et à boire. J'attendais mon verre d'eau, et aussitôt qu'il me fut servi, je le vidai d'un trait. Puis, le livreur ne tarda pas à sonner.

Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:20
Alejandro Wilson
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Je cherchais un sens alors qu’il n’y en avait aucun. La communication entre nous semblait presque impossible et rendait la situation bien plus désagréable qu’elle n’aurait dû l’être. Cependant, bien que je sois à bout, je ne désespérais pas de voir paraître un semblant d’accalmie entre nous. Même s’il était fort à parier qu’ensuite, les choses reprendront de plus belle. Je soupirais donc intérieurement, préférant dès lors me concentrer sur l’instant présent afin de nous éviter une énième prise de tête.

Malgré le kidnapping, je n’en demeurais pas moins un « hôte » et en de telles circonstances, je me devais d’assurer un semblant de service pour ne pas que l’instant vienne à s’enrichir du champ lexical de la détention. Et puis, à ma grande surprise, même si elle ne le reconnaissait pas vraiment, elle semblait encline à l’inquiétude envers ma petite personne. Comme si j’avais besoin que l’on s’inquiète pour moi. Après tout, j’allais bien, ce n’était qu’un coup de chaud.

Mais bien loin de tout ça, il fallait dès lors contenter un estomac criant famine, ainsi qu’un autre se demandant s’il avait sciemment oublié après la découpe des patates douces. J’optais donc pour le japonais d’à côté. Ayant mes petites habitudes, la commande fut rapidement passée et j’étais prêt à parier qu’elle serait tout aussi rapide dans la livraison. En attendant, il me fallait contenter « ma captive » d’un jour.

« — J’ai de l’eau plate effectivement. » Je quittais à nouveau ma chaise pour mettre les voiles vers la cuisine ouverte et dégoter dans le frigo, une bouteille d’eau. Verres en main, je retrouvais donc le salon et la table que nous allions partager ce soir. Consciencieusement, je versais la bouteille dans le verre Bodum à double paroi que je venais d’acquérir via une plateforme d’achat en ligne. Puis mon attention se porta sur Kelly.

« — Je suis d’accord pour une trêve et puis je crois que je n’ai plus l’énergie nécessaire pour t’aboyer dessus. » Cependant, je demeurais incapable de rebondir sur la suite de sa réplique. Dès lors, je me contentais de lui servir un verre d’eau et de le lui tendre.

« — Normalement elle est assez fraiche. Ça devrait te faire du bien. » Je ne pus m’empêcher de croiser son regard et de laisser paraître mon inquiétude avant qu’heureusement, la sonnerie de l’interphone ne retentisse m’obligeant à quitter cette situation inconfortable.

Carte de crédit en main et le pourvoir de rigueur, je réglais la commande en prenant grand soin de remercier le livreur pour la rapidité. Je récupérais donc, sans bouter mon plaisir, le sac en kraft qui contenait notre commande avant de refermer à clé la porte et de revenir sur mes pas.

« — Voilà de quoi reprendre des forces. »

Je déballais donc la commande en transmettant à mon invitée ce qui lui était réservé avec le rab de riz de rigueur. Puis, je récupérais ma commande sans bouder mon plaisir. « — J’aime bien commander chez eux de temps en temps. Leur soupe miso est délicieuse. » Oui, j’avais conscience de balancer des banalités, mais c’était toujours mieux que de s’affronter sur des sujets sur lesquels nous n’étions pas en accord. Et puis, si d’aventure, cela nous permettait de bien finir la soirée, j’étais preneur.




Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:21
Kelly Martinez
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Kelly Martinez
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Métier : Actrice, chanteuse et prof de cinéma

Carpe diem


J'avais du mal à comprendre ce qui se passait, mais il fallait dire aussi que je n'avais pas les idées claires, bien que ça aille mieux après la bonne douche chaude, et la tête me tournait parce que je mourais de faim, et que je m'étais enfilé plusieurs verres d'alcool et quelques substances illicites aussi.
Alejandro déclara avoir de l'eau fraîche qu'il me servit. J'avais vu son regard inquiet sur moi, sans avoir le temps de commenter. Pourquoi s'inquiétait-il tant alors que je passais mon temps à lui dire qu'il dramatisait ? Autant pisser dans un violon, il persistait à faire l'amalgame entre lui et moi. Je bus une gorgée d'eau fraîche, ce qui me donna un coup de fouet. J'esquissai un sourire à sa remarque.

- En même temps, je t'ai jamais demandé de m'aboyer dessus. Moi j'ai le droit, tu m'as enlevée.

Cette fois, l'intonation était celle de la plaisanterie. Je n'avais plus la force non plus de me disputer, j'en avais assez et cela me déprimait.
La commande arriva et il revint en vitesse poser le repas sur la table. J'attends patiemment avant de me saisir des baguettes de bois fournies pour manger un maki, puis un champignon. Cela faisait du bien, il fallait le reconnaître. J'observai Alejandro qui le parlait de banalités. Je hochai la tête.

- Si tu viens à L. A, je t'en montrerai des sympa aussi.

Pourquoi avais-je dit ça ? Entrevoyais-je une visite de sa part ? Y retournerais-je moi-même seulement ? Je me sentais tellement au fond du trou que j'avais l'impression que jamais je ne repartirais de Madrid. Je posai mes baguettes, cette pensée me désespérant complètement.



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:21
Alejandro Wilson
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Alejandro Wilson
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Métier : Professeur de dramaturgie / théâtre

Carpe diem


Malgré nos visions diamétralement opposées et tout ce qu’elle se faisait endurer, je devais bien admettre que j’appréciais les phases d’accalmie, autant que j’appréciais sa compagnie en de telles circonstances. De ce fait et parce que tout était susceptible de repartir si je me reprenais à lui faire la leçon, j’avais consenti à lâcher du leste pour qu’elle soit un peu plus à l’aise et qu’elle n’ait pas l’impression d’être retenue de force. Je n’en demeurais pas moins inquiet pour la suite. Je redoutais le lendemain où elle s’en ira retrouver sa suite à l’hôtel. C’était absurde ! Pourquoi est-ce que je m’inquiétais autant pour elle ? Après tout, il était impensable qu’il se passe quelque chose entre nous, si ce n’est quelques parties de jambe en l’air entre deux cours. Elle s’était montrée claire quant au fait de sa situation. Elle ne voulait rien de sérieux. Et moi ? Était-ce vraiment ce que je voulais ?

Délaissant mes pensées et parce que je ne voulais pas me prendre la tête encore une fois, je lui servais un verre avant d’en faire de même pour moi. Je devais me sortir toutes ces conneries de la tête et rester focus sur l’instant présent tout en savourant cette trêve que je savais éphémère au vu de nos trop forts caractères et de notre incapacité commune à communiquer sur le long terme.

« — C’est vrai que tu as parfaitement le droit de manifester ton mécontentement en m’aboyant dessus. » J’esquissais un sourire, force est d’admettre qu’elle avait raison. « — Mais je crois que je préfère avoir un échange civilisé avec ma captive plutôt que de me livrer à une nouvelle joute verbale. Mais rassure-toi, cela ne m’empêche pas d’apprécier le fait de t’envoyer une ou deux piques de temps en temps. » Mais l’arrivée tant attendue de la commande mit sur pause ce semblant d’échange et m’obligea à migrer jusqu’à la porte. L’odeur presque enivrante de quelques fritures ainsi que la perspective de tremper mes lèvres dans mon bol de soupe, me rappela pourquoi j’aimais tant commander chez eux. Je ne saurais dire pourquoi, mais je me sentais mieux à présent presque plus léger. C’est à se demander si la nourriture n’avait pas quelques vertus insoupçonnées sur ma personne.

« — Bon appétit ! » Je m’en léchais les babines tout en causant banalité pour insuffler un vent nouveau à notre échange dénué d’animosité présentement. Et alors que je m’apprêtais à gouter ma succulente soupe miso, je faillais avaler de travers lorsque Kelly lança un semblant d’invitation à Los Angeles.

« — Je te prends aux mots  Martinez. Et si en plus tu m’invites, ça sera difficile de refuser de trainer mon petit cul jusqu’à Los Angeles. » L’incertitude était de mise quant à son retour sous les palmiers angelins, mais le lui faire savoir n’allait pas l’aider. Peut-être pouvait-elle ainsi se fixer de nouveaux objectifs et s’y accrocher. Mais de toute évidence, c’était encore trop tôt pour elle.

« — Ça va prendre un peu de temps, mais imagine que c’est comme prendre de l’élan pour mieux sauter. Donc, il y a quoi à voir sous le soleil californien ? »  J’espérais que cette conversation lui fasse un peu de bien, même si je redoutais que le mal du pays soit plus fort que l’envie de se projeter. Cependant, je ne désespérais pas d’au moins la faire sourire.

« — En fait tu sais quoi, laissons les banalités de côté. Moi, j’aimerais faire comme si l’on ne se connaissait pas, comme si je n’avais pas été un mufle dès notre première rencontre. Parle-moi de toi ! Mais attention, pas de la Kelly que tout le monde connait. Je te mets au défi de m’apprendre un truc que personne ne sait. Et j’en ferais de même pour moi. Alors, ça te va ? »


Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:23
Kelly Martinez
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Carpe diem

Même si parler anglais me faisait du bien et permettait quelques fois à mon cerveau d'avoir l'illusion de ne pas être captive - et je ne parlais pas de chez Alejandro, mais bel et bien de ma situation à Madrid - toujours était-il que mon geôlier d'un soir disait beaucoup de mots pour pas grand chose et que j'étais fichtrement au fond du trou. Ainsi, il aimait me balancer des piques ?
Mais envoie toujours, mon lapin, tu vas voir...

J'avais d'ores et déjà de nouvelles paroles de chanson qui me venait en tête. Je réalisais alors que j'écrivais mieux lorsque j'étais déprimée. En effet, la plupart des chansons de mon album, je les avais écrites après mon divorce. Je venais seulement de m'en rendre compte.

Nous avions commencé à manger mais bien vite, l'appétit m'avait quitté en songeant à ma chère Californie d'adoption, ma vie là-bas qui me manquait tant. Combien de temps tiendrais-je ici à juste faire la fête pour essayer de passer le temps et attendre patiemment la fin de l'année scolaire ? Après avoir évoqué, sans moi-même comprendre pourquoi, l'hypothétique venue d'Alejandro là-bas, j'étais restée muette, incapable de lui répondre, comme si j'étais bloquée, la gorge nouée. Puis, il proposa une sorte de jeu. Je le regardais, me demandant ce que j'allais bien pouvoir lui répondre.

- Un truc que personne ne sait ? Là comme ça... Aucune idée... Je me suis tapé un collègue sur le toit d'une école ? Ça, c'est sûr que personne ne le sait. Et si quelqu'un l'apprend, je saurai d'où ça vient. Sinon euh... J'adore marcher pieds nus dans le sable, mais à Los Angeles ça m'était devenu difficile, alors j'en ai fait venir chez moi. J'ai une allée de sable devant la maison, près de la piscine. À toi.

Je me demandais bien ce qu'il allait me sortir. Je m'étais adossée contre le dossier de la chaise, relevant mes pieds pour les poser sur le siège, genoux repliés contre moi.

Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    Sam 18 Fév - 2:23
Alejandro Wilson
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Alejandro Wilson
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Carpe diem


Me voilà à mille lieues de me douter que ces pensées étaient en pleine ébullition. Et que la situation, dans sa globalité, était susceptible de lui inspirer des paroles de chanson. Ce qui nous faisait hypothétiquement un point commun. Car oui, je crois que ma plume est meilleure lorsque je suis au plus mal. Ce n’est pas pour rien que malgré la déchéance, j’ai écrit mes meilleurs textes à New York. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne regrette pas d’être incapable de faire mieux à présent, car la souffrance éprouvée lors de la rédaction de ces textes, était bien trop intense et dangereuse ; assez pour atteindre le point de non-retour. Je ne voulais plus être cette personne à l’inverse à mon invitée.  Arrête ! Ça ne te regarde pas. Focus, sur toi.  Oui, sinon quoi, l’ambiance allait vite virer en eau de boudin.

Au nom de la bonne ambiance, il était impératif que je cesse de jouer le moralisateur (du moins pour ce soir.) Eh puis, c’est un sacrilège d’avoir une ambiance de merde lorsque sur la table, vous avez des mets aussi délicieux qui n’attendent qu’à être dévorés. J’acceptais donc de faire comme si rien ne s’était passé, comme si nous vivions un repas cordial sans enjeu si ce n’est celui de se découvrir à nouveau ; peut-être pour de vrai cette fois. L’intention était bonne ; pas louable puisqu’on ne fait pas dans la pitié avec Kelly Martinez. Mais je crois que la boulette était de mise en évoquant la Californie. Il suffisait d’observer Kelly, d’oser braver la forteresse invisible pour lire dans ses yeux toutes les peines du monde à imaginer une vie loin de la Californie. Question mal du pays, j’en connaissais un rayon pour m’être exilé à deux reprises ; et arriver à la conclusion que quoique je fasse et où que je sois, Madrid et l’Espagne demeurent gravés dans mon cœur. Sa vie devait lui manquer et ses petits riens qui rythmaient son quotidien. Je préférais donc migrer vers d’autres sujets pour ne pas plomber la soirée et ce fastueux repas asiatique. Et comme le silence était de mise, j’en profitais pour reprendre la parole et lancer un semblant de petit jeu (sans conséquences, je l’espère.).

« — Non sérieusement, tu t’es vraiment tapé un collègue sur le toit d’une école ? C’est marrant parce que moi aussi. » J’espérais au moins décrocher une esquisse de sourire avec ce trait d’humour peu fin, je l’avoue. Pas ébranlée (je pense qu’il en faudrait bien plus pour cela) elle se prêtait au jeu.

« — Donc tu aimes le sable et marcher dessus pieds nus. J’avoue que je suis un peu déçu. Je pensais que tu allais m’expliquer d’où te vient cette petite cicatrice sur la lèvre supérieure. Mais soit, c’est à mon tour c’est ça ? » Je pris une grande inspiration aussi théâtrale que le son de ma voix. Et me voilà fin prêt à revenir sur une anecdote très honteuse.

« — J’ai dit à Stephen Sondheim d’aller se faire mettre. Il était venu incognito à un workshop au cours duquel, avec mon associé, nous avons présenté les grandes lignes d’un projet. C’était avant Rent. Et lui, Stephen était là. Il a donné son avis et je crois que je n’ai pas apprécié. Je pensais naïvement que c’était un critique un peu trop incisif. Alors je lui ai dit d’aller se faire foutre. Et il est parti. Quand j’ai su qui j’avais copieusement insulté, je me suis terrais dans mon trou pendant des jours. Ça, c’est surement la plus grande honte de ma vie. »



Sujet: Re: Carpe diem [ft Alejandro Wilson]    
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