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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan

Sujet: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mer 22 Fév - 14:09
Sally Hamilton
Los Angeles
Sally Hamilton
Messages : 361 Date de naissance : 01/11/1985 Age : 38

L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Les bruits, les sons… Un choc à l’arrière, un long crissement de pneus, un fracas épouvantable avec bris de glace, mes vertèbres qui craquent, ma tête qui heurte quelque chose, d’autres os qui se brisent. Puis plus rien. Puis une sirène, sans doute une ambulance. Des voix, des bruits de pas qui courent dans tous les sens. Puis plus rien. Soudain comme une impression de flotter, de voir le monde depuis les airs. Beaucoup d’agitation, de la fumée, des pompiers qui dégageaient des gens d’une voiture, un autre en train de faire un massage cardiaque. Tout semblait tourner soudain et je quittai cette vue.
Encore des voix, des sirènes mais le son se faisait plus sourd, comme depuis l’intérieur cette fois. Plus rien à nouveau. Puis d’autres voix encore. Des voix un peu plus familières. Je ne voyais rien, j’étais incapable de dire où j’étais, ni quand. Puis, les premiers sons, dans mon esprit, s’associaient à des images. Quelques bribes seulement. Mais des images effrayantes. Ce n’était des souvenirs, mais j’avais l’impression de souffrir comme si ça se reproduisait encore et encore. Et ces voix, toujours les mêmes, ces deux voix. Celle d’un homme qui parfois chantait. La musique, j’aimais beaucoup la musique. Et la voix  d’une jeune fille qui parfois pleurait. Je ne comprenais pas ce qui se passait ni qui étaient ces personnes. J’avais l’impression de flotter. Quand je flottais, j’étais bien. Mais parfois, la douleur revenait.

J’ignorais que cela faisait maintenant dix jours que j’étais dans le coma. J’ignorais tout ce dont je souffrais actuellement et que, dans mon malheur, j’avais eu beaucoup de chance car ma voiture ressemblait présentement à un dé à coudre. J’eus l’impression de voir soudain comme une lumière, à la fois douce et aveuglante. Un peu perdue, j’essayais de me diriger vers elle quand je vis une femme blonde au sourire bienveillant me regarder avec une tendresse presque familière. Elle me disait que je ne devais pas la suivre, que moi, je devais redescendre. Je ne comprenais pas, je voulais des explications, mais avant que j’eus pu en demander, elle avait disparu et la lumière aussi. Je revis une dernière fois les images terrifiantes du début, avec tous ces bruits tout aussi terrifiants. Je me sentis oppressée au niveau de la cage thoracique, le souffle coupé, une douleur incommensurable me coupant en deux. Je vis aussi en une seconde une sorte d’énorme ballon m’arriver en plein visage, j’entendis du verre se briser, puis le noir.

La douleur, mon dieu qu’est-ce que j’avais mal soudain ! Des « bips » sonores répétitifs s’enchaînaient de plus en plus vite et je compris qu’il s’agissait de la retranscription de mon rythme cardiaque. J’étais donc dans un centre hospitalier ? Avec difficulté, j’ouvris les yeux pour me retrouver à contempler alors un plafond. Où étais-je ? Qu’est-ce que je fichais là ? Je voulus me redresser mais impossible, mon corps ne m’obéissait pas, je me sentais engourdie, mes membres me paraissaient lourds. Je n’y voyais pas très bien d’ailleurs, je crois qu’une espèce de bandage passait en travers de mon front, camouflant une partie de la vision de mon œil droit. Je me sentis soudain prise d’une détresse incroyable, je ne savais pas où j’étais, j’avais peur, j’avais mal. Qu’est-ce qui m’arrivait ? Pourquoi ? Je réalisais qu’une sorte de masque était posé sur mon visage, me couvrant le nez et la bouche. Ce truc m’envoyait de l’air. Mais j’avais froid et l’air était froid aussi. Je voulais l’enlever et cette  fois, mon bras droit accepta de se lever, mais à quel prix ! J’avais l’impression d’y avoir mobilisé toutes mes forces. Je constatai que j’avais un plâtre sur tout l’avant bras droit, et en voulant retirer le masque, je l’écrasai sur mon visage, incapable de soutenir le poids plus longtemps. La vache ,ça faisait mal ça aussi !
J’entendis alors la voix lointaine de l’homme, elle se faisait plus distincte, je ne comprenais pas ce qu’il disait, il semblait bouleversé. Et le bruit d’une porte qui s’ouvrait et de pas précipités.

«  - Madame Hamilton ! » entendis-je soudain tout près de moi.

Une voix de femme que je ne connaissais pas trop. Qui était-ce ? Et qui était cette madame Hamilton ? Je n’en savais rien, mon coeur battait la chamade tant j’étais stressée et je sentis le dossier du lit sur lequel j’étais se redresser légèrement. Là, je constatai la présence de cette femme qui avait parlé, et qui s’affairait à côté de moi, et celle d’un homme qui me regardait fixement et qui avait l’air extrêmement ému. La voix masculine était sûrement la sienne. Et également des tas de choses colorées que j’identifiai ensuite comme étant des ballons et des peluches. Que se passait-il ? L’angoisse me gagnait de plus en plus. La femme me parlait, elle parlait fort, un peu comme si j’étais demeurée, mais j’avais du mal à comprendre. Elle répétait plusieurs fois les mêmes chose, je crois. Mon regard se posa sur elle. Je crois qu’elle me demandais si j’avais mal quelque part. Grand dieu, la question était plutôt de savoir où je n’avais pas mal, ça aurait sans doute été plus vite. Je voulus hocher la tête mais quelque chose bloquait mes mouvements, sûrement une minerve. Qu’est-ce qu’ils m’avaient fait ? J’avais l’impression d’être momifiée tant mes mouvements étaient entravés de toutes parts. Je commençais déjà à regretter d’avoir ouvert les yeux, il me semblait que juste avant que je le fasse, tout allait mieux. Des larmes commencèrent à obstruer ma vue. Je crois que l’infirmière m’injecta quelque chose dans la perfusion à ce moment-là, parce que je commençais à me sentir mieux, peu à peu. Par contre, j’avais toujours froid malgré la couverture qui était sur moi, et j’ignorais toujours ce que je fichais ici. Je commençais à avoir l’esprit un peu moins embrouillé mais ce n’est pas pour autant que la situation était moins flippante, bien au contraire. Un millier de questions me traversaient la tête, mais je n’arrivais pas à en formuler une seule de manière claire. Des sons sortaient de ma bouche sans qu’il n’y ait aucune logique.
Eh oh, mon cerveau, j’ai jamais ordonné ça !

Une mine désespérée devait sûrement affliger les traits de mon visage dont j’ignorais l’état catastrophique. J’avais l’impression d’étouffer avec tous ces trucs. Chaque respiration m’oppressait, je devais avoir quelque chose aux côtes aussi. Ma tête était lourde. Je pouvais voir désormais que ma jambe gauche était plâtrée aussi. Peut-être était-ce pour ça que je n’arrivais pas à bouger.

- S’il vous plaît… parvins-je enfin à articuler.

C’était ça ma voix  ? L’infirmière arrêta ce qu’elle était en train de faire et me parla à nouveau. Je plissai les yeux, espérant mieux comprendre ce qu’elle me disait. Elle semblait dire que je ne devais pas bouger, en même temps, je n’y arrivais pas. Elle me parla de traumatisme crânien, de bassin et de tibia fracturé, de broches au poignet… Tout ça sur moi ? Non, il devait y avoir une erreur… Et comment j’aurais fait pour écoper de tout ce merdier ? Il y avait forcément une erreur, c’était trop bordélique pour être vrai. En fait, je devais sûrement faire un cauchemar et j’allais me réveiller dans ma vraie vie. D’ailleurs, c’était quoi ma vraie vie ? Soudain j’eus un sentiment de panique en me rendant compte que je n’en savais rien du tout.


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mer 22 Fév - 19:02
Nolan Hamilton
Los Angeles
Nolan Hamilton
Messages : 205 Localisation : quelque part Statut : Préoccupé
Métier : Plein de choses à lafois

L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Vibration, odeur de friture, vibration, verre brisé. Vibration, des sourires, des vibrations, des danses, des flashs, de la musique, des rires, des pleurs. Cette vibration, cette odieuse, cette putain de vibration émanant de la poche de ma veste me hante sans cesse. C’est comme si le temps s’était arrêté, comme si plus rien n’avait d’importance si ce n’est la vibration de mon portable m’annonçant l’imminence d’un appel que je n’ai pas pris tant j’étais occupé à parler sûrement.

Je n’arrive plus à me souvenir dans le détail de ce que je faisais avant que mon portable ne vibre une seconde fois m’obligeant ainsi à lui accorder à nouveau de l’importance. Je sais juste que je n’étais pas seul, que Sunny était là et d’autres personnes, c’est tellement anecdotique que je ne me souviens de rien si ce n’est cet appel. Le numéro qui paraissait sur l’écran tactile de mon téléphone m’était inconnu, mais j’ai quand même répondu alors que d’ordinaire, j’évitais de décrocher lorsque mon interlocuteur n’était pas identifiable.

« Monsieur Hamilton… Accident de voiture… Urgence… Venez… » La phrase résonnait dans ma tête, désarticulée. Ça n’avait plus aucun sens, mais c’était fixé.

Ce jour, mon cœur s’est arrêté, ma vie aussi. Et me voilà encore fixé sur ce putain de siège, inconfortable au pareil. Je passais beaucoup de temps. J’essayais aussi de jongler entre le bar, Sunny et la recherche d’une assistante pour Sally, Juliet ayant mis les voiles. Je devais moi-même passer à l’hôpital pour mon traitement. Ouais un emploi du temps de ministre, mais aujourd’hui j’avais décidé de consacrer ma journée à Sally. Ce qui explique ce que je fous sur ce fauteuil à moitié endormi.

Je guettais jusqu’alors le moindre de ses mouvements, la moindre de ses respirations. Mais rien, toujours rien. PUTAIN. J’avais envie de hurler, si fort que j’en suis sûr, les vitres se briseraient. Mais rien ne se passait ni de son côté ni du mieux. Peut-être me fallait-il un peu plus d’air ? Une initiative qui cessa d’exister lorsque je vis l’amour de ma vie bougée. Tel un félin bondissant sur sa proie, je quittais mon fauteuil pour me rapprocher.

« — Hey Sally ! » J’avais le sourire aux lèvres et l’espoir d’enfin retrouver ma femme, que tout n’était qu’un cauchemar. « — Mon amour ? » Elle ne réagissait même pas à mes appels, que pouvait-il se passer ? Nous n’étions plus seuls, la porte venait de s’ouvrir. La horde en blouse blanche faisait son entrée en jeu.

« Écartez-vous, Mr Hamilton ! » me lança un pauvre connard que j’aurais bien éclaté contre le mur.

« — Il se passe quoi là ? Sally, c’est moi ! »

Elle venait de redresser non sans mal tandis que j’essayais de m’approcher. L’infirmière de garde tentait de rassurer Sally tandis que d’autres personnes arrivaient.

« — Hey, c’est bon, ce n’est pas un moulin, laissez la respirer ! »

« Calmez-vous monsieur où je vous fais sortir »

« — Pardon ? Vous me faites sortir ? » Putain, je vais le transformer en kébab celui-là. Malheureusement pour moi, deux molosses firent à leur tour leur apparition tandis que l’infirmière injectait quelque chose dans la perfusion de Sally.



Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mer 22 Fév - 21:49
Sally Hamilton
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Sally Hamilton
Messages : 361 Date de naissance : 01/11/1985 Age : 38

L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


J’étais totalement engourdie, mes sens l’étaient. J’avais l’impression de voir flou, bien que ça se dissipait enfin, j’entendais comme si j’étais dans un bocal. J’aurais voulu bouger davantage mes bras mais rien ne m’obéissait, c’était très angoissant. J’avais ce goût âpre dans la bouche. Je regardais l’infirmière qui me parlait, je la distinguais beaucoup mieux et ça me rassurait. J’entendais un peu plus distinctement sa voix. Comme elle avait redressé un peu le dossier de mon lit, je pus voir que d’autres personnes en blouse étaient entrées, visiblement un médecin, et puis deux autres types, sûrement des aides-soignants, qui firent sortir l’homme qui était là depuis le début et qui semblait ne pas être calme du tout. Je ne savais pas ce qui se passait, mais voir cet homme se faire mettre dehors me stressa. Je tournais mon regard vers l’infirmière, puis le médecin qui s’était approché de moi, souriant. Il avait un air rassurant. J’appréciai un peu moins le faisceau de la lampe-stylo qu’il m’envoya dans les yeux en me demandant de suivre la lumière. Ce n’était pas agréable, ça. Je grognai un peu en obtempérant, parce que de toute façon je ne pouvais rien faire d’autre. Il attrapa mes mains, me demandant de serrer. Je dus y aller de toutes mes forces pour obtenir un mouvement, mais ça fonctionna. Le médecin sembla satisfait et me gratifia d’un « bien » avec un grand sourire. Il m’expliqua qu’ils ne savaient pas quand je me réveillerais mais qu’ils avaient bon espoir, il me redonna le compte de toutes les fractures et traumatismes que j’avais eus et me demanda si je me rappelais de ce qui s’était passé. Dire que j’allais lui poser la question. J’essayai alors de faire non de la tête. L’infirmière sembla lire dans mes pensées et me tendit un verre d’eau avec une paille. Une gorgée d’eau fraîche me fit le plus grand bien.

- Non, je… je ne sais pas.

Il me parla donc d’un accident de voiture. Ah oui. Les images, les bruits. Je plissais les yeux, comme si je ressentais encore l’impact de mon visage contre l’airbag et mon crâne qui cognait contre l’appui-tête. J’entendais à nouveau tous ces bruits de casse. Je crois que mon coeur s’était emballé soudain. Je sentis la main du médecin se poser sur mon épaule pour me rassurer, me disant que ça irait. Il me demanda si je savais en quelle année nous étions. Panique à nouveau. Je ne savais pas. Je n’osais pas lui dire non plus que je ne savais pas davantage qui j’étais. Il avait dû lire la détresse dans mon regard et m’expliqua que c’était normal après un traumatisme crânien d’avoir des pertes de mémoire, mais que ça allait revenir progressivement. Le « normalement » qu’il ajouta ne me rassura pas des masses mais je devais visiblement faire avec. Je ressentais un immense vide. J’étais cassée de partout, je ne savais pas jusqu’à mon nom. Pourtant, des gens devaient m’aimer au vu du nombre de ballons, de peluches et de boites de chocolats présents dans la pièce. Le médecin déclara qu’il allait informer mon mari et que si j’étais d’accord, il le laisserait entrer. Mon mari ? J’avais un mari ? C’était lui, alors, cet homme qui semblait s’inquiéter et qu’ils avaient fait sortir ? Comment pouvait-on être mariée et ne pas s’en souvenir ? Alors que je me posais une multitude de questions, l’infirmière me mit dans la main une espèce de poire en plastique en me disait que si j’avais mal, il fallait que j’appuie dessus. Une pompe à morphine. Elle me donna aussi une télécommande pour l’appeler en cas de besoin. Super, j’avais plein de boutons sur lesquels appuyer, avec ça, je n’allais pas m’ennuyer… Tous deux sortirent finalement.

J’eus l’impression d’être comme absente, mon regard se perdait sur le mur en face de moi, d’un blanc hypnotique. J’avais l’impression d’être bercée par la mer, pourtant, je ne bougeais pas. Était-ce tous ces produits qui me faisaient planer, mi endormie, mi réveillée ? A un moment, sans que je ne sache depuis combien de temps j’étais seule, la porte s’ouvrit à nouveau. L’homme aux yeux bleus, il était revenu. Je le regardais fixement tandis qu’il s’approchait. Je ne savais pas quoi lui dire, je ne savais même pas comment il s’appelait. Je me sentais idiote.

Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Jeu 23 Fév - 0:33
Nolan Hamilton
Los Angeles
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Plus ça allait et moins je supportais cet affreux le bip relié à une machine sur laquelle Sally était appareillée. Un son robotique, dénué de toute vie alors que paradoxalement, il en est le garant de par sa tonalité. Mais à bien y réfléchir, je ne supportais rien de cette chambre, malgré les cadeaux, les mots, les ballons. Les fans s’étaient manifestés en nombre pour souhaiter un prompt rétablissement à leur idole. C’était touchant malgré le passif que je partageais avec les extrêmes. Voir à quel point Sally était aimée n’en demeurait pas moins touchant. Même ma mère s’y était mise, c’est vous dire ! Elle s’était présenté la veille avec un bouquet de lys et une petite carte que je n’avais pas pris la peine de lire, trop ancré dans l’attente insupportable d’un réveil qui tardait.

Mes nerfs commençaient à me pousser vers de dangereuses extrémités, et même si à l’extérieur, je tâchais de ne rien laisser paraître et de tout gérer, passais le seuil de cette porte, mes certitudes s’envolaient alors que mon désespoir redoublait en intensité. Allait-elle se réveiller ? Et comment devrais-je lui avouer le décès de sa tante ? Une raison de plus pour la famille Stanford de me haïr, car si je n’avais pas été là, si je n’avais pas eu la bonne idée de me rendre à cette fête du Nouvel An chinois, Sally n’aurait pas grillé un nombre incalculable de feux pour venir nous y retrouver avec Sunny. Et si je n’avais pas été là tout simplement ? La question était récurrente, tout comme l’absence de réponse et la culpabilité qui m’assaillaient à chaque fois que mon regard se posait sur Sally, allongée dans son lit, plâtré et branché de partout. Une responsabilité qui se muait ensuite en impuissance.

Injustice ! Fatalité ! Ma gorge était sèche, comme mon cœur, et voilà que dans ma tête, je rédigeais toute une liste de mots, pour définir au mieux l’instant. J’avais beau redoubler d’efforts pour ne pas flancher, je n’en demeurais pas moins perdu lorsqu’il était question de me soustraire au présent pour songer à l’avenir. Qu’allait-il se passer ? Et si… Je m’interdisais de continuer cette phrase, de peur de jouer les oiseaux de mauvais augure. Tout d’un coup, l’avenir s’était mué en phobie et le passé en refuge. Mais on ne peut pas vivre dans le passé indéfiniment, surtout pas quand certaines personnes ont encore besoin de vous.

Et alors que je m’enfonçais dans l’introspection, je perçus dans le corps de Sally quelques changements, avant de me rendre compte qu’elle venait d’ouvrir les yeux, faisant de ce jour maudit, l’un des plus beaux de ma vie. La mort n’avait donc plus aucune raison de lui tourner autour et peu à peu, je me défaisais de mon appréhension, loin de me douter que la fatalité n’en était qu’à ses prémisses.

Puis il y a cette pause, cet instant où le temps s’arrête tant la violence de la réalité est rude à accepter, autant que le regard dont Sally venait de m’affubler. J’avais compris, mais je ne voulais pas accepter et cette négation, ce rejet de la réalité me poussa à la violence, moi qui n’étais d’ordinaire par le genre de type à prôner cette façon de faire.

« — Non, vous ne pouvez pas me mettre dehors ! » Je ne pigeais rien à son jargon médical, ou peut-être ne voulais-je pas faire l’effort de comprendre. Le médecin était focalisé sur Sally et tentait avec le concours des autres blouses blanches, de me faire sortir. Sally commençait déjà à s’agiter, quelque part, j’essayais de me convaincre que c’était parce que l’on s’apprêtait à me mettre dehors comme un malpropre.

Tout s’écroula lorsque dans le couloir, on me fit comprendre maladroitement que ma femme était possiblement amnésique et que ce n’était pas lui rendre service que de me conduire de la sorte. Et me voilà debout, dans la salle d’attente, hors de la chambre où je pensais encore pouvoir me rendre utile. Mon cœur battait vite, trop pour ne pas prendre le temps de me calmer. Mes mains tremblaient et mes jambes aussi. Je n’avais rien mangé ce matin, je ne m’étais même pas octroyé quelques secondes pour prendre mes médicaments. C’est dur de penser à soi, quand l’amour de votre vie est à l’hôpital, plongé dans ce qui ressemble à un coma artificiel et que vous n’avez pas la certitude de revoir l’iris chocolaté de ses yeux se poser sur vous. L’avenir redevenait aussitôt une appréhension et sans que je ne sache pourquoi la colère s’immisça peu à peu en moi. Pas assez pour me désarçonner, mais elle était là.

« Monsieur Hamilton ! » Qui pouvait bien m’appeler encore ? Le regard méfiant, je voyais cet enfoiré de toubib s’approcher. Je ne pouvais lui en vouloir, il n’avait fait que son job en me tenant éloigner. Mais quelque part au fond de moi, l’envie de lui envoyer mon poing dans la gueule prenait vie.

« — Vous allez me demander de partir ? » lançais-je froidement avant qu’il ne m’interrompe pour me dire avec bienveillance qu’il comprenait. Comment le pouvait-il ? Ce n’était pas sa femme qui se retrouvait dans ce lit d’hôpital, plâtrée de partout et amnésique. Pourquoi les gens se sentent-ils obligés de vous dire ça ? Pourquoi ne pas se contenter de me dire la vérité que je sache au moins à quoi m’en tenir ?

« Vous pouvez la voir si vous voulez ! » Il posa une main sur mon épaule. Et alors qu’il s’éloignait pour aller s’occuper d’autres patients, je compris à quel point je m’étais conduit comme un vrai connard. J’avais l’impression de ne pas être moi, d’avoir passé le relais à un pauvre type avide de castagne. Et à bien y réfléchir, il ressemblait beaucoup à celui que j’étais après le divorce, en somme une épave. Et je ne voulais pas retrouver cette épave, je préférais l’imaginer à sa place, au fond de la mer. Il me fallait aller de l’avant, prendre sur moi pour me montrer rassurant. La main sur la poignée, j’hésitais encore à entrer en me demandant sur quoi j’allais tomber. Et ce que je pourrais faire ? Si elle était amnésique, pourrais-je vraiment le supporter ?

« — Salut ! » Ma voix était aussi hésitante que mon regard. Pourtant, j’étais là, je m’étais armé de courage et j’avais passé le seuil de la porte pour me retrouver face à cet horrible lit médicalisé et tout l’appareillage qui allait avec. Mais le plus dur restait à venir. Sally me fixait et j’avais beau m’approcher d’elle, elle continuait à me regarder comme un vulgaire étranger. Je pris place finalement sur la chaise qui se trouvait près du lit. Un blanc s’installa entre nous, chose qui n’était jamais arrivée. Je regardais fixement mon annulaire gauche sur lequel était tatouée une alliance. Sally avait quant à elle un « N » derrière l’oreille. Nous avions sauté le pas à Paris, c’est d’ailleurs là-bas que nous nous étions retrouvés comme au premier jour. Un souvenir aujourd’hui alourdi par l’amertume.

« — Nolan… » commençais-je pour briser ce pesant silence. « — Je m’appelle Nolan si c’est ce que tu te demandes. Je suis ton mari, enfin ton ex-mari pour être précis. Bien que je doute que le sens du détail ait une réelle importance. Le toubib m’a dit que tu souffrais d’amnésie. Vu comment tu me regardes, j’imagine qu’elle n’est pas partielle, mais totale. On a une fille aussi, elle s’appelle Sunny. Elle viendra sûrement te voir après les cours. » Que pouvais-je ajouter de plus ? Je me sentais tellement con, que ça en devenait pathétique.




Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Jeu 23 Fév - 1:46
Sally Hamilton
Los Angeles
Sally Hamilton
Messages : 361 Date de naissance : 01/11/1985 Age : 38

L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Je me sentais terriblement seule. Et perdue. Le médecin m’avait dit de me reposer, mais c’était plus fort que moi, je voulais me souvenir. C’était tout simplement horrible d’être ainsi sans aucun souvenir de son propre passé. J’étais pourtant une adulte, visiblement, vu qu’on m’appelait « madame ». J’avais un passé d’au moins trente ans qui était totalement effacé. Impossible de me souvenir de quoi que ce soit, c’était complètement dingue. Je voulus attraper l’une des cartes histoire de peut-être en apprendre plus sur celle que j’étais, mais impossible, c’était trop loin et me demandait trop d’effort. Résignée je restais donc immobile à ma place. Le médecin m’avait retiré le capteur accroché à mon pouce gauche qui retranscrivait auparavant mes battements cardiaques, et je peux dire que ne plus entendre ce son frénétique et ne plus voir cette machine était salvateur, comme ne plus avoir ce fichu masque à oxygène sur le visage. J’étais bien contente que l’infirmière soit repartie avec tout cet attirail.
Alors que j’essayais de réfléchir, je commençais à vaciller et à comater lorsque la porte s’ouvrit à nouveau sur l’homme aux yeux bleus. Celui qui, d’après le médecin, était mon mari. Cela semblait logique, qui pouvait-il être d’autre, à paraître si inquiet pour moi. Le pauvre, la simple idée de causer autant d’inquiétude à quelqu’un me rendait triste. Je ne le connaissais pas, j’aurais pu le jurer, mais pourtant, lui avait l’air de me connaître. Je le regardai entrer, me saluant d’une voix un peu hésitante. Il n’avait pas l’air bien à l’aise, et pour tout dire, je ne l’étais pas davantage. Je décidai de lui répondre pour que le malaise s’estompe.

- Bonjour… Je… pardon pour tout à l’heure…

J’avais bien entendu qu’il s’était fait mettre dehors comme un malpropre et qu’il n’avait pas apprécié. En faisant la rétrospective du peu de choses que je me rappelais de ma vie, à savoir le moment atroce où je m’étais réveillée en panique et ce qui s’en était suivi, je devais me rendre à l’évidence qu’il était sûrement là depuis un moment. Il se présenta, il s’appelait Nolan. J’étais bien incapable de pouvoir lui répondre par mon prénom, personne ne m’en ayant avisé. Et je n’arrivais pas à atteindre ces foutues cartes pour vérifier à l’intérieur. Mais bon, lui devait bien le savoir.

- Hamilton ? Nolan Hamilton, c’est ça ? L’infirmière m’a appelée « madame Hamilton » tout à l’heure.

Le dénommé Nolan précisa qu’il était en fait mon ex-mari. Je haussai un sourcil,  ne comprenant plus très bien. Si nous n’étions plus mariés, pourquoi était-il là ?

- Oh… me contentai-je de répondre.

J’avais encore plus de questions… Etais-je le genre d’idiote à ne pas penser à changer le numéro à prévenir en cas d’urgence et que malgré que nous soyons séparés, cet homme et moi, ce soit lui qui ait été appelé ? Nolan mit fin à ma réflexion en précisant qu’on avait une fille. Mes yeux s’ouvrirent alors encore plus grands.

- Une… une fille ? Mais… quel âge a-t-elle ?

Moi-même je n’avais aucune idée de l’âge que je pouvais bien avoir. J’imaginais pendant deux seconde une petite fille paniquée à l’idée que sa maman ne se rappelle pas d’elle. Mais la manière dont il parlait d’elle semblait indiquer qu’elle était plus grande. Sunny…

- C’est un joli prénom.

J’avais envie de pleurer. C’était trop de responsabilité. J’avais une famille et j’étais incapable de m’en rappeler. Et si pour moi c’était déjà pesant, je n’osais imaginer ce que ce devait être pour eux. Je détournai le regard quelques secondes pour lui cacher autant que possible mon trouble, mais mes mouvements de têtes étaient assez limités. Alors, je dus me résoudre à le regarder à nouveau. Je n’étais définitivement pas prête pour ça. Déjà accepter de croire que cet homme qui m’était totalement étranger était en fait si proche de moi, c’était difficile, mais en plus il y avait cette Sunny… ma fille !

- Est-ce que… c’est vraiment une bonne idée ? demandai-je, des sanglots dans la voix.

Je portai ma main gauche, la seule valide, essuyant les larmes qui venaient de couler sur ma joue.

- Je suis désolée…

C’était incontrôlable maintenant, je sanglotais comme une gamine. Je n’avais même aucun souvenir d’en avoir été une un jour. C’était beaucoup trop difficile à vivre. Je ne savais pas quoi faire, ni même quoi dire. Ce devait être pathétique au possible, j’en étais navrée, j’étais désolée pour lui, pour moi, pour Sunny, pour toutes ces personnes qui m’avaient envoyé des petits mots. Je ne savais même pas qui c’était. De la famille ? J'avais tant de questions et pourtant je n'arrivais à en formuler aucune.

Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Ven 24 Fév - 0:33
Nolan Hamilton
Los Angeles
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Le silence était si imposant que je parvenais à entendre le tic-tac de cette affreuse horloge murale qui permettait aux visiteurs, comme aux patients d’avoir encore la notion du temps. Je me sentais mal à l’aise sur cette chaise que j’avais tant occupée avant que Sally n’ouvre enfin les yeux.

J’avais les informations en ma possession, mais je demeurais incapable de comprendre, incapable de saisir les subtilités médicales de ce lexique barbare, de cette aseptisation du tout, même de l’émotion. Comme toujours, je cherchais malgré tout, une alternative pour contre carrer tout ça, mais aujourd’hui, mon imagination n’était plus fertile, j’étais perdu et j’ignorais quand je parviendrais à retrouver le droit chemin et si j’y arriverai.

J’avais beau me dire sans cesse, pour ne pas l’oublier, que de nombreuses personnes comptaient encore sur moi et que je ne devais pas faillir, je n’en demeurais pas moins ébranlé lorsque j’osais enfin croiser le regard de Sally. Si les mots étaient hésitants, le regard semblait absent. Je n’étais plus qu’un étranger pour elle, le toubib ne s’était pas trompé, l’amnésie venait tout bonnement de nous séparer en emportant avec elle une vie entière avec l’aisance d’un souffle qui détruit un château de cartes.

Impuissant. S’il fallait un mot pour me définir, j’opterais pour celui-là. Mes sourires charmeurs n’y changeront rien, le malaise perdurait encore et encore comme si nous n’étions que deux étrangers dans une même pièce, mais contrairement à elle, moi, je n’avais rien oublié et c’est, à mon sens, tellement cruel. En un claquement de doigts, tout avait disparu. Quelle injustice !

Pourquoi permettre cela ? C’est quoi le plan ? Était-ce une histoire de « karma » ? Ouais, je sais, il a bon dos le karma, mais quand on n’a pas d’explication logique à ce qui se passe, il faut bien se tourner vers quelque chose. Et je vous emmerde les détenteurs de la bien-pensance et que sais-je encore. Je me raccroche à ce dont j’ai envie à défaut d’avoir un grand barbu à prier. Toujours est-il que je ne pouvais me résoudre à rester silencieux.

« — Ouais Hamilton, comme Sally Hamilton. » Dire cela me paraissait tellement logique que je me sentais débile et moi qui ne voulais pas parler, je me retrouvais à lui raconter des bribes de l’histoire ne me rendant pas compte que sans détails, cette histoire pouvait paraître bien bancale. Mais qu’est-ce que tu peux être con parfois ! Une pensée qui m’amenait à rectifier le tir, maladroitement comme toujours.

« — En fait, nous sommes divorcés aux yeux de la loi, mais on s’est remis ensemble depuis quelques mois. »
Ouais en voyant l’expression sur son visage au moment de la révélation de notre lien, je m’étais presque aussitôt senti obligé de développer histoire qu’elle comprenne qu’il ne fallait pas nous réduire qu’à un divorce, mais que plus encore ce statut officiel n’avait plus aucune valeur à présent. Et puis comme si ce n’était pas assez, me voilà en train de parler de Sunny, notre petite princesse. Une annonce qui fit l’effet d’une bombe pour elle et dont bien malgré moi, j’en devenais l’une des victimes collatérales.

Le fait qu’elle ait même oublié Sunny me fît plus mal que le fait qu’elle m’ait oublié moi. Comment est-ce possible qu’une mère oublie son enfant, la chair de sa chair, l’être qu’elle a porté en elle durant neuf mois durant ? Bien sûr, ce n’était pas sa faute, je ne pouvais la blâmer. Comment aurais-je pu d’ailleurs ? Elle était en vie, n’était-ce pas le plus important ? Mais rien n’y faisait, au fond de moi, une petite voix laissait entendre que c’était difficile, impossible et alors que Sally l’air désolé, s’excusait encore, mes jambes me poussèrent à me lever pour quitter la chaise sur laquelle j’étais assis et sans rien dire, je pris la direction de la porte pour quitter, sans un regard sur Sally, cette chambre qui me révulsait. C’était trop difficile pour l’instant…


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Ven 24 Fév - 17:27
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Tout me semblait sens dessus dessous, j’avais du mal à croire à ce que l’on me disait, que ce soit l’équipe médicale un peu plus tôt, ou ce Nolan Hamilton maintenant. Mais d’un autre côté, je n’avais aucune autre vérité à laquelle me raccrocher, et malgré ma légère paranoïa, je devais me rendre à l’évidence que ces gens n’avaient aucune raison de me mentir. Je n’en menais pas large, et au vu du visage du dénommé Nolan, il n’était guère mieux. Lui aussi semblait souffrir de cette situation et je m’en voulais d’infliger de la peine à un homme que je ne connaissais pas, ou plus, mais qui lui, semblait me connaître vraiment bien. Grâce à lui, j’appris mon prénom. Il me paraissait agacé, sûrement qu’il lui fallait faire preuve de patience et que mes questions étaient idiotes. Pourtant je n’avais pas le choix, je ne me rappelais rien de cette vie qu’il m’énonçait par bribes. J’appris que malgré cette histoire de divorce, nous nous étions remis ensemble.

- D’accord. Je comprends.

Mais l’évocation de notre… fille… Notre enfant… mon dieu j’avais un enfant ! L’évocation de cette petite Sunny me créa comme un malaise et je ne pus retenir mes larmes. Pourtant, même si ça me semblait difficile à entendre, je voulais apprendre son histoire, je voulais en savoir plus. J’avais l’intention de poser à Nolan encore des questions, mais il ne me laissa pas le temps de me reprendre qu’il se leva de sa chaise et se dirigea vers la porte.

- Non, attends… laissai-je entendre d’une petite voix.

Mais trop tard, il était parti. Je sentis comme un immense vide en moi. J’étais vraiment mal et j’avais l’impression que jamais ça ne s’arrêterait. Pourquoi m’étais-je réveillée si c’était pour endurer ce calvaire psychologique ? Sans aucun témoin à présent, des perles salées dévalaient mes joues, et les sanglots agitaient mon corps ce qui accentua la douleur au niveau des côtes. Quand cela devint insupportable, j’appuyai sur la pompe à morphine. Je me sentis rapidement mieux et finis par m’endormir. Je fus réveillée, je ne sais combien de temps plus tard, par l’infirmière qui vint prendre ma tension sur mon bras gauche, l’autre étant plâtré, tandis qu’une aide-soignante apporta un plateau repas, me disant qu’il fallait essayer de manger. Elle m’aida à me redresser, remontant un peu plus mon dossier. L’infirmière me demanda de quoi j’avais besoin.

De ma mémoire… De ma vie. Ou de mourir…

L’aide-soignante m’avança un petit tard de lettres et de cartes, me demandant si je voulais lire les mots de mes fans. J’écarquillai les yeux.

- Mes fans ?

Les deux jeunes femmes échangèrent un regard avant de m’expliquer que mon nom était mondialement connu, que j’étais actrice et que beaucoup de gens m’aimaient. J’avais l’impression qu’elles se moquaient de moi, jamais je ne me serais douté le moins du monde de ça.
Elles finirent par me laisser et je lus une première carte. C’était vraiment des mots gentils qui m’étaient adressés. Mais bien sûr, aucune idée de l’identité de cette Sabrina si gentille qui disait m’aimer très fort. Fatiguée après avoir finalement lu un dizaine de lettre, je décidai d’obtempérer et d’essayer de manger. Leur potage était infâme, je ne sais pas si j’avais déjà aimé ça ou non, mais celui-ci, en plus d’avoir une couleur douteuse, n’était vraiment pas bon. Je jetai mon dévolu sur une compote, a priori valeur sure. Puis je finis par m’endormir jusqu’au lendemain matin. Je crois que dans la nuit, l’infirmière était revenu vérifier ma tension et débarrasser, mais j’étais vraiment dans le flou. Quand je me réveillai, il commençait à faire jour et l’infirmière de jour arriva, se présentant gentiment. Je lui demandai si je pouvais prendre une douche, avant de réaliser que – ah oui c’est vrai – j’étais complètement en kit. Elle m’assura qu’une aide-soignante allait venir m’aider pour ma toilette. Génial, j’avais le droit de ne pas rester comme une pouilleuse. Je mourrai d’envie de me brosser les dents. Et quand je pus enfin le faire, je réalisai que je n’étais certainement pas gauchère… Quel calvaire. Le médecin passa aussi dans la matinée, me demandant si je me rappelais de quelque chose. Hélas, non. Il me dit qu’on me ramènerait faire une IRM dans la semaine.

- Attendez, je vais rester ici combien de temps ?

La réponse ne me plut guère. Au moins deux semaines. La vache. Il me rappela la gravité de mon état, et je dus effectivement me résoudre à lui donner raison. C’est que je m’ennuyais ferme. J’espérais que Nolan reviendrait. A la fois, j’avais peur qu’il revienne, et aussi qu’il ne revienne pas.

Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mer 1 Mar - 18:22
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Nous ne sommes pas parfaits, et comment pourrions-nous l’être ? Nous ne sommes que des êtres humains, donc imparfaits par nature. Depuis la nuit des temps, nous sommes confrontés à cette réalité. Mais en passant comme un voleur la porte de cette chambre d’hôpital, j’ai réalisé que j’étais le pire d’entre nous. Et maintenant, je suis assis au comptoir d’un bar dont je ne me souviens pas du nom. Peut-être ai-je choisi le premier qui m’est venu à l’esprit, sans trop réfléchir, ou peut-être parce que je n’avais pas envie d’être vu dans mon propre établissement.

Je fixe depuis plusieurs secondes, peut-être même des minutes, le fond de mon verre rempli de ce liquide ambré que j’affectionnais tant. Je précise que l’alcool est interdit à cause de mon traitement médical, mais entre nous, je me sens tellement mal maintenant que j’ai besoin d’une petite transgression pour me remobiliser, ou du moins essayer.

Le regard de Sally ne me quittait plus, tout comme chacune de ses expressions lorsque je lui parlais de ce « nous » qui n’avait plus aucune valeur. C’était mon premier verre depuis le diagnostic de mon ulcère, ma première véritable entorse à mon traitement que j’avais suivi à la lettre jusqu’à présent. Mais je devais admettre que j’avais les meilleures motivations du monde pour remporter cette bataille.

« Un autre ? », demanda le barman d’une voix lointaine qui me ramena brusquement à la réalité que j’avais honteusement fui. Il était trop tôt pour se prendre une cuite, trop tôt pour abandonner la lutte, et trop tôt pour baisser les armes. « — Non ! », répondis-je en sortant de quoi régler et en récupérant ma veste pour partir à l’extérieur. J’avais besoin d’air, beaucoup d’air, et je devais évacuer, libérer les douleurs qui commençaient à dévorer mes entrailles et qui m’avaient poussé jusque-là. Et quoi de mieux qu’un sac de frappe pour canaliser mes peines et désillusions ?

Je suis donc revenu sur mes pas, veillant à ne rencontrer personne. Je n’avais pas la force de répondre aux « ça va ? » des âmes bienveillantes qui se manifesteraient sur mon chemin. Équipé de tout le nécessaire pour transpirer à grosses gouttes et démolir le sac de frappe, j’ai pris la direction de l’une des salles de sport que je fréquentais depuis peu. Le regard de Sally continuait à me hanter, et à mesure que je frappais, tout me revenait en plus de la culpabilité.

« — Pauvre type ! » Le dernier coup porté au sac de frappes a été suivi d’un cri. Les regards se sont tournés vers moi, ce qui n’était pas ce que je voulais. « — Je me défoulais ! » ai-je ajouté pour me justifier, mais cela n’a pas semblé calmer les esprits. Il était temps pour moi de rentrer chez moi et de faire face à la réalité. La maison semblait grande et vide à la fois. J’ai fait un détour par mon ancien appartement pour récupérer quelques vieilles babioles que je possédais encore, comme mon tout premier cahier d’écriture. J’ai été agréablement surpris de découvrir le brouillon de la toute première chanson que j’avais écrite pour Sally. Je ne pouvais pas abandonner ainsi. L’épave qui sommeillait en moi ne devait pas prendre le dessus. J’ai donc décidé de rassembler des photos, des captures d’écran et tout ce qui pourrait nous définir, nous, notre famille. Des souvenirs surtout, la preuve par l’image de ce passé qu’il fallait réapprivoiser.

La nuit avait été courte, plus que d’habitude. J’avais beaucoup réfléchi, incapable de trouver le sommeil. J’en étais venu à la conclusion que si je voulais un jour pouvoir me regarder à nouveau dans un miroir, je devais redevenir le type dont Sally Stanford était tombée amoureuse au lycée et me battre pour deux, voire trois personnes. C’est donc avec mon carton et ma guitare que je suis parti en direction de l’hôpital, déterminé à ne pas fuir cette fois.

J’ai frappé à la porte avec un peu plus de force et de certitude qu’hier, avant de finalement passer la tête dans l’entrebâillement et d’y entrer complètement. « — Salut ! » ai-je lancé, moins froidement qu’hier. J’étais toujours impressionné de la voir ainsi.

« — J’ai beaucoup réfléchi et je me suis rendu compte que j’ai agi comme un gros crétin hier. Alors j’ai décidé de revenir avec quelques trucs pour te parler de toi. On ira à ton rythme, Sunny aussi. Le plus important maintenant, c’est que tu ne ressembles plus à une momie, » ai-je dit avec un peu d’humour pour détendre l’atmosphère. « — Et si tu veux, je suis d’accord pour répondre à toutes tes questions. Ou pas. C’est comme tu le sens. Je peux aussi rester ici toute la journée à te regarder silencieusement, mais ça risque d’être oppressant pour toi et ça me fera passer pour un détraqué. » J’ai alors remarqué sur la commode la pile de cartes qui l’entourait sans qu’elle ne puisse y accéder. « — Ah, tu as lu le courrier de tes fans à ce que je vois. On ne te l’a peut-être pas dit, mais il se pourrait que tu sois un peu connue. »




Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mer 1 Mar - 19:08
Sally Hamilton
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Comme si toutes mes réflexions et tergiversations avaient eu un effet sur lui, comme s’il m’avait entendue penser, comme s’il avait su malgré son absence, dans quel trouble je me trouvais, Nolan était revenu. Et si quelques instants avant je ne savais si j’appréhendais son retour ou si je le souhaitais, je sus aussitôt qu’il franchit la porte, que j’étais heureuse de le voir. Ça me semblait super bête, d’ailleurs, je ne le connaissais pas ! Mais à vrai dire, même si je ne connaissais absolument personne, lui me connaissait visiblement mieux que quiconque et par conséquent, c’était la personne la plus rassurante avec laquelle je pouvais discuter. Je le laissais donc entrer après qu’il ait frappé à la porte et le regardai approcher, souriante.

- Bonjour, répondis-je. Je te remercie d’être revenu.

Il embraya directement, reprenant la parole. Je l’écoutai et écarquillai les yeux.

- Une momie ? Je ressemblais à une momie ? demandai-je alors.

A vrai dire, je savais mieux à quoi ressemblait une momie que moi-même. Je n’avais pas encore croisé de miroir et personne n’avait jugé utile de me le proposer. Je devais vraiment faire peur à voir… ça m’inquiétait un peu, mine de rien.

- C’est gentil, j’apprécie ta proposition et euh… oui j’ai vraiment plein de questions.

Je me mis à rire, amusée par sa réflexion, avant de reprendre la parole avec un sourire.

- Pour commencer, tu as toujours ce genre d’humour ? Et ça me fait toujours autant rire que ça ?

Il remarqua les quelques cartes posée sur la tablette devant moi, que j’avais pu lire.

- Oh ça ? Oui… ça me fait plaisir de constater que je sais lire. Et euh… oui l’infirmière m’a dit que j’étais… un peu connue. Elle a pas dit « un peu », en fait. Je crois qu’elle a utilisé le mot « mondialement ». Tu crois que je vais recevoir une lettre en chinois ?

A mon tour de tenter un peu d’humour. J’essayais de me redresser un peu à l’aide de mon bras gauche qui était libre hormis la perfusion dans l’une de mes veines, mais ça me demandait beaucoup trop d’effort. J’optai donc pour ma meilleure amie depuis vingt-quatre heures : la télécommande du lit, qui me permit de redresser complètement le dossier. J’arrêtai l’action quand les os me mon bassin me firent comprendre qu’il ne fallait pas aller au-delà d’un certain angle. Est-ce que je serais sur pieds un jour ? Ça me semblait déjà trop long.

- Toi, qu’est-ce que tu as envie de me raconter ? Qu’est-ce que tu as ramené ? Des photos ? Je t’avoue que je sais pas à quoi je ressemble. Est-ce que je peux voir une photo de Sunny aussi ?

Le visage de ma fille m’interpellait, je connaissais son prénom mais pas son visage et cette ignorance me semblait odieuse. Sunny ressemblait-elle à cet homme magnifique qui était son père ? Ou bien tenait-elle plus de la « momie » qui lui servait de mère ?

- Parle-moi de nous. Je sais que je suis actrice mais toi, qu’est-ce que tu fais ? Et comment on s’est rencontrés ?

Tant de questions se bousculaient, j’en avais presque le vertige. Mais je voulais tout savoir, je voulais combler ce vide sidéral qui plombait mon esprit, je voulais des réponses, même par bribes, mais j’en avais besoin. Ne pas se connaître soi-même était vraiment quelque chose de difficile. J’en venais à me demander même si j’étais quelqu’un de bien. Peut-être que non, peut-être que je méritais ce qui m’arrivais. Je n’en savais rien. C’est pourquoi j’étais heureuse de la présence de Nolan qui lui, semblait en avoir quelque chose à faire. Il aurait très bien pu ne pas revenir, simplement vaquer à ses occupations, faire sa vie, m’oublier. Mais non, il était là, c’était donc que j’avais une petite importance dans sa vie, et ça me touchait.


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Sam 4 Mar - 0:50
Nolan Hamilton
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J’hésitais encore à quelques mètres de l’hôpital, de l’ascenseur, voire même de sa chambre. Mais quel genre d’ex-futur mari (j’y crois encore) serais-je si je ne parvenais pas à prendre mon courage à deux mains ? Pourtant, je devais avoir l’air idiot avec tout mon barda sur le dos. Mais je devais le faire, pour elle, pour moi, pour Sunny et pour cette relation qui ne pouvait pas disparaître. C’était mon moment, mon entrée en scène, et même si le « Salut » était moins froid et distant que celui de la veille, j’avais encore une marge de progrès à réaliser avant d’être complètement à l’aise. Je devais avant tout lui présenter mes excuses, car mon comportement de la veille était impardonnable. Peut-être que ce petit monologue pourrait même nous permettre d’entamer plus facilement la conversation, qui sait ?

« -- Ouais, je peux comprendre que tu aies plein de questions, c’est normal. Et pour commencer, puisqu’il faut commencer un jour, oui, j’ai toujours eu cet humour particulier. Les autres disent qu’il est “pourri”, mais toi, je ne sais pas pourquoi, ça te fait toujours rire. À une époque, j’ai même cru que tu te forçais à rire pour ne pas me vexer. Mais non, et de toute évidence, tu apprécies encore cet humour, ton sourire vient de te trahir. » Oui, le sourire ne trompait personne, peut-être avais-je marqué un point. Mon regard se posa ensuite sur la collection de cartes postales qui lui était allouée sans surprise. Les fans se mobilisaient depuis le premier jour et n’avaient de cesse d’inonder les réseaux sociaux de mots, de hashtags et de photos d’elle. J’avoue que cela me faisait chaud au cœur, et ce, malgré mon passif avec ses fans.

« — Moi, ce qui me rassure, c’est que tes fans savent écrire ! » tentais-je pour essayer de la faire sourire à nouveau. « - Je crois que les infirmières ont un peu minimisé la chose et il ne m’étonnerait pas que parmi toutes ces cartes, il y en ait une écrite en chinois. Dans ce cas, il ne faudra pas compter sur moi pour la lecture, car je n’ai jamais été très doué en langues. » Pour plus de confort, elle tenta de se relever, mais incapable de le faire elle-même, elle se servit de la télécommande prévue à cet effet. Cela me faisait mal de la voir ainsi, elle qui était si active et si indépendante. Mais je devais passer outre, je n’étais pas là pour ça. C’est donc armé de mon carton que je pris place à ses côtés sur le siège inconfortable que j’avais tant occupé lorsqu’elle était inconsciente.

« — J’ai apporté quelques souvenirs, et je ne peux rien te cacher, il y a des photos, » dis-je en lui tendant un cliché de Sunny, suivi d’une photo de nous trois, la plus récente que j’avais en ma possession. « — On l’a prise un dimanche matin, après le petit-déjeuner avec des pancakes et du pain perdu. J’ai dû batailler pour convaincre Sunny de prendre la pose, mais regarde, c’est elle qui sourit le plus. Elle te ressemble beaucoup, comme tu peux le voir. Elle a aussi mes yeux, et je n’en suis pas peu fier. En plus d’être belle, elle est très intelligente et mature pour son âge. » Elle me demanda ensuite de parler de moi, de ce « nous » qui me manquait déjà.

« — J’ai un bar qui organise des soirées musicales en scène ouverte le week-end. La musique a toujours été une part importante de ma vie. D’ailleurs, c’est peut-être ce qui nous a permis de nous rencontrer au lycée. À l’époque, j’étais le cliché du quaterback populaire de l’équipe de football, les filles me couraient après. Et toi, tu étais une graine de star, ta mère te faisait passer des auditions pour des rôles au cinéma. Tu étais passionnée par la musique, et j’ai découvert ton talent lors d’une audition où tu as chanté une chanson de Whitney Houston, mon péché mignon. J’ai été immédiatement ébloui par ta voix et ton charme. Nous avons commencé à nous rapprocher, et très vite nous avons compris que nous étions faits l’un pour l’autre. Tu étais la première de la classe, studieuse et ambitieuse, et tu m’as aidé à remonter mes notes pour que je puisse avoir mon diplôme. Et moi, je t’ai encouragée à prendre des risques et à te lâcher un peu plus. Grâce à toi, j’ai même écrit ma première chanson. Tu m’as rendu meilleur et je t’en suis reconnaissant. » Et je ne pus résister à l’envie de sortir ma guitare de son étui pour qu’elle puisse entendre « Really Gone » à nouveau. « — Laisse-moi juste deux secondes pour l’accorder », dis-je avant de jouer cette chanson que je lui avais écrite et offerte pour son anniversaire.

« — Sit and I wonder what to do next The love of my life made of wood hanging over my chest When an old scene changes a new one begins right away Life it is different but love still is strong I can lift with my arms but I'm dizzy and I'm stumbling along I'm crawling, I'm crawling, I'm crawling up the wall. I miss you, now that your really gone.Oh I miss you, now that your really gone »

J’ajoutais quelques accords supplémentaires avant de m’arrêter. Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas joué et interprété cette chanson, qui était si importante pour nous. J’espérais cependant pouvoir la convaincre, même si ce n’était qu’un infime sentiment, de raviver quelque chose entre nous.



Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Sam 4 Mar - 13:50
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance



Si j’avais passé une affreuse nuit à très mal et peu dormir, entrecoupée de cauchemars, de visites de l’équipe de nuit, de douleurs qui se réveillaient un peu partout avant de s’évanouir avec la dose de cheval de médoc qu’on m’injectait dans cette perfusion, à présent que Nolan était là, tout semblait s’éclaircir. Quelque part, c’était bizarre que mon petit bonheur du moment tenait en la simple présence de cet homme que je ne connaissais pas et que pourtant, je devrais connaître. Il était là pour moi et ses attentions me touchaient. Non pas que le personnel médical ne s’occupait pas bien de moi, mais Nolan, lui, n’était pas payé pour ça. Enfin, je l’espère ! En tout cas, il était même parvenu à me faire sourire et rire, c’était déjà extrêmement prometteur pour moi qui, jusqu’alors, ne voyait tout qu’en noir.
Nolan comprit parfaitement que j’étais noyée sous une multitude d’interrogation et accepta de répondre à tout ce qu’il pouvait, ce que je trouvai adorable. Il commença dont par son humour pour lequel, apparemment, j’avais toujours été bon public, ce qui me fit sourire de plus belle.

- C’est plutôt positif alors, ça veut dire que je ne suis pas une menteuse
.

Il avait embrayé sur les cartes que j’avais reçues. Je n’avais pas pu toutes les lire, il y en avait énormément, mais en tout cas, la dizaine ou vingtaine que j’avais eues entre les mains étaient toutes très gentilles et touchantes. J’aurais voulu remercier toutes ces personnes, mais… comment faire ? Je me voyais mal entamer une correspondance aussi… nombreuse. Même si, certainement, j’allais avoir du temps à tuer ici, le temps qu’on me laisse partir.

- Oh ! dis-je en retenant un rire. C’est pas très sympa comme sous-entendu. Tu pensais que seuls des illettrés pouvaient apprécier mon travail ? demandai-je avec un air faussement vexé.

Une fois un peu mieux installée pour discuter, je regardai Nolan s’asseoir à son tour et avancer le carton qu’il avait apporté, curieuse de ce qu’il comptait me montrer. Comme je m’en doutais, il y avait des photos, et j’avais hâte de voir à quoi ressemblait Sunny. Ce fut donc ce cliché qu’il me montra en premier. Ce petit minois si adorable, comment pouvais-je ne pas m’en souvenir alors que j’étais sa mère ? Je ressentis comme un malaise, je n’arrivais pas à avoir le moindre souvenir de cette jeune fille que pourtant, visiblement, j’avais mise au monde dix-sept ans auparavant. Je sentis mon coeur se serrer, j’avais l’impression d’être une horrible personne. Mais je me rappelai les mots du médecin, il fallait que je sois patiente. Je devinais déjà que cela n’avait jamais été mon fort. Arriva ensuite une photo à trois. Je reconnus bien sûr Nolan, puis Sunny et… apparemment c’était moi la troisième personne. J’écoutais les explications de Nolan sur l’histoire de cette photo, la plus récente de cette famille Hamilton, prise un dimanche matin après le petit déjeuner. Mes yeux allaient de l’une à l’autre des personnes immortalisées. C’était vraiment une jolie famille.

- Alors… c’est moi ? Je ressemble à ça ? Je suis pas mal en fait !

Nolan parlait de Sunny avec une telle passion, un tel amour que je ne pouvais qu’être certaine qu’il était le plus parfait des pères pour cette petite, et je ne pus m’empêcher de sourire, attendrie.

- On doit être des parents super fiers alors.

Puis, je lui posai de nouvelles question, notamment sur lui, sur notre passé commun. J’écoutai religieusement le récit de notre rencontre. Ça remontait donc au lycée, waow. Une sacrée histoire qui remonte à loin. J’avais l’impression d’écouter une fiction romantique. Puis, Nolan sortit sa guitare et se mit à chanter. Ah cette voix… je la reconnaissais, c’était celle que j’entendais avant que je n’arrive à me réveiller. Je fermai les yeux avec un petit sourire aux lèvres pour l’écouter chanter. Je sentis la chair de poule envahir chaque centimètre carré de ma peau. Qu’est-ce qu’il chantait bien! Sa voix, je l’adorais. Cette chanson était si belle, si touchante, je me surpris à fredonner la mélodie en même temps que lui à la fin.

- C’est… c’est magnifique, Nolan. Ta voix… dis, c’était toi qui chantait, n’est-ce pas ? Quand j’étais encore… dans le coma, tu venais et tu chantais, n’est-ce pas ? Je t’ai entendu, j’en suis sure.

Entendre la musique de sa guitare en plus de sa voix faisait résonner quelque chose. Je ne sais pas si c’était parce qu’il m’avait dit qu’on s’était rencontré en quelque sorte grâce à la musique, mais toujours était-il que j’avais la certitude profonde que la musique était quelque chose d’important.


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mar 7 Mar - 0:42
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance



Je ne connaissais pas vraiment l'état de santé de cette personne. Enfin, disons que je m'étais limité aux informations de base. Mais je ne savais pas à quel point elle souffrait, ni à quel point elle avait besoin de doses importantes de médicaments pour soulager cette douleur. Je ne savais pas non plus à quel point son amnésie la détruisait. Comment pouvais-je l'ignorer ? C'était évident, comme le nez au milieu du visage. Son regard interrogateur, trompeur ou simplement vide était le reflet de son âme brisée par l'amnésie. Il est vrai que, vu sous cet angle, tout cela semble dramatique et sans espoir. Cependant, j'étais là, avec ma guitare, mes souvenirs et une envie presque maladive de lutter contre le destin. Quelque part au fond de moi, j'étais persuadé et le suis encore, qu'une partie, même infime, de la Sally que je connaissais subsistait. Dans tous les cas, je n'avais pas le droit de l'abandonner. Mon rôle était d'être son phare dans la tempête et de la guider vers un océan plus calme. C'était ma mission et rien d'autre.

« - Tu es une bonne comédienne, mais certainement pas une menteuse ! » ne pus-je m'empêcher d'ajouter lorsqu'elle se rassura de ne pas être une menteuse. Et c'était vrai, le mensonge n'était pas l'un de ses défauts, sauf pour le travail ou une bonne cause. Et comme le mensonge n'était pas d'actualité aujourd'hui, nous trouvâmes rapidement un autre sujet de conversation en découvrant l'amas de cartes postales adressées à Madame Sally Hamilton. Je me souvenais en avoir lu une ou deux, mais étant donné que je n'étais plus assez vaillant pour lire des déclarations qui sonnaient pour certaines comme mortuaires, j'avais préféré, quand je le pouvais, me rabattre sur les réseaux sociaux. Mais maintenant, je ne pouvais plus y échapper. J'y allais donc de ma petite remarque pour la faire gentiment sourire avant qu'un rire étouffé ne quitte sa gorge si fragile. Je considérais cela comme une victoire, aussi infime soit-elle. Le simple fait de la faire rire allait sans aucun doute ajouter plus de couleurs à ma journée une fois que j'aurais quitté les lieux pour regagner l'extérieur.

« - Moi ? Penser que tes fans sont illettrés ? Non jamais, c'est juste qu'avec tous ces dessins, qui ne sont pas très jolis pour certains, je me demandais ce qu'il en serait de l'écriture. Certains ne savent pas dessiner un cœur, c'est effrayant », répondis-je aussitôt pour me justifier sur une note d'humour, en étant faussement acerbe.

Il se passait quelque chose. Quoi exactement, je ne le savais pas, mais cela créait une agréable sensation malgré la pièce, les lieux et l'appareillage médical qui nous entouraient. Bien sûr, je n'étais pas naïf au point de penser que l'amnésie avait totalement disparu chez Sally, mais c'était toujours une avancée positive, n'est-ce pas ? Il faut se raccrocher à quelque chose pour avancer.

J'ai donc sorti des photos, espérant qu'elles seraient plus parlantes que mes mots. Je lui ai tendu une première photo de notre petite princesse, souriante et heureuse, avant de lui montrer une autre où nous posions ensemble. J'ai ajouté des petits commentaires, encourageant Sally à faire de même en s'attardant sur les photos.

« - C'est toi au réveil qui plus est. Tu es magnifique, sans aucun artifice. Je peux me targuer d'avoir de très bons goûts ! » lui dis-je avec un sourire. Elle me rappela ensuite à quel point nous devions être fiers de notre fille, ce que nous étions, il est vrai. « - Les parents sont toujours fiers de leurs enfants, mais nous plus que les autres et on a de quoi. Elle ira loin notre petite Sunny, je n'en doute pas une seule seconde. »

Puis je pris le temps de répondre à ses autres interrogations. Elle voulait tout savoir de nous, de notre rencontre, de moi, de ma vie actuelle. Je pris grand soin de choisir mes mots en narrant nos quelques péripéties, ravivant au passage quelques délicieux souvenirs. Ensuite, j'ai pris ma guitare et j'ai commencé à gratter les accords de ma première et unique composition achevée. Cette chanson était pour elle, son cadeau d'anniversaire, ainsi que le médaillon qu'elle ne portait plus depuis le divorce. J'ai pris soin de m'éclaircir la voix au préalable, conscient que peut-être cette chanson pourrait débloquer quelques souvenirs.

Alors que je terminais de jouer les dernières notes de la chanson, j'entendis sa voix, comme un sifflement, qui m'accompagnait. J'en étais certain, mais pour ne pas brusquer les choses, je préférais garder cela pour moi. « - Voilà ! » lançais-je finalement, laissant traîner une dernière note sur les cordes. Nos regards se croisèrent à nouveau et j'aperçus une lueur dans ses yeux, comme des souvenirs lointains qui tentaient de refaire surface. « - Tu l'as fredonnée ! » ne pus-je m'empêcher d'ajouter, habité à présent par l'espoir d'avoir débloqué quelque chose. Je posai alors ma guitare et m'approchai d'elle, perdant mon regard dans le sien.

« - Oui…Oui, c'était moi. Je chantais à chaque fois, en espérant naïvement que tu m'entendes. Les gens disent qu'il faut parler aux personnes dans le coma, qu'elles nous entendent. Je voulais y croire. Sally… » Elle semblait perdue dans ses pensées et je décidai de reprendre ma guitare en main pour jouer les premiers accords de « I Have Nothing ». « - Tu te souviens de cette chanson ? » Je continuai à jouer pour lui faire entendre le premier couplet. La porte s'ouvrit alors sur une infirmière qui s'excusa et me demanda de faire comme si elle n'était pas là, mais je ne pus m'y résoudre.

« - Ce n'est rien, ce n'était que quelques notes ! Je vais vous laisser faire ce que vous avez à faire. » Je reportai mon regard bienveillant sur cette femme que j'aimais encore à la folie, malgré l'adversité et l'amnésie. « - Je te laisse le carton avec les photos et tout ce qu'il y a à l'intérieur. Je reviendrai demain, d'accord ? » Ce n'était pas une question, j'étais certain de revenir le lendemain pour continuer à stimuler sa mémoire défaillante.


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mar 7 Mar - 1:09
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance



Aussi étonnant que ça puisse paraître, pour quelqu’un que je ne connaissais pas, du moins à présent, eh bien la présence de Nolan me rassurait. J’ignorais si c’était du fait d’avoir souvent entendu le son de sa voix durant mes longs jours de sommeil profond, mais quand il me parlait, la vie me semblait moins pénible. J’en oubliais presque l’inconfort dans lequel j’étais à ne pouvoir qu’à peine bouger au risque de me faire mal aux côtes, trop encombrée par mes plâtres à la jambe gauche et au poignet droit, sans parler de la minerve qui tenait mes cervicales et ce bandage sur ma tête qui me serrait un peu trop parfois. J’avais hâte qu’on me débarrasse de tout ça. En attendant ce jour qui me paraissait affreusement loin, je profitais à présent de la chance que j’avais d’avoir une aussi bonne compagnie que celle de Nolan, un homme qui me connaissait visiblement très bien, peut-être même mieux que personne. Toujours est-il qu’il était le seul pour le moment à être autorisé à venir, alors je profitais de ce petit moment de « joie ». Nous avions commencé à plaisanter sur mes fans (c’était étrange à dire) et leur courrier, leurs dessins qu’il jugeait « pas très jolis » et il arrivait à me faire rire.

- C’est pas donné à tout le monde d’être un David… Certains tiennent plus du Picasso en période cubiste… tentai-je pour minimiser la chose.

En tout cas, je me sentais déjà plus détendue à présent qu’il était là, j’étais moins stressée que durant ces longues heures où j’avais été réveillée et seule sans rien pouvoir faire ni personne à qui parler. Je fus très heureuse de pouvoir voir des photos, celle de Sunny, celle de nous trois. De voir à quoi je ressemblais. Nolan me complimenta, disant qu’il avait de très bons goûts, ce qui me fit sourire.

- Visiblement, j’ai de très bons goûts aussi.

C’est vrai quoi, ce type était un Apollon. Je me sentais d’autant plus fautive d’avoir pu l’oublier. Puis je reportai mon attention sur la photo de Sunny. Ma fille. Ça me faisait encore bizarre de le dire, de le penser, de le savoir. J’étais une maman. D’une ado de dix-sept ans.

- Oui, elle respire l’intelligence, ça se voit. Qu’est-ce qu’elle veut faire dans la vie ?

Et puis évidemment j’avais posé des questions sur lui, je voulais le connaître un peu mieux. Puis, il prit sa guitare et me chanta une chanson de sa composition. Cette chanson, cette voix… j’ignorais pourquoi, mais j’étais particulièrement touchée, j’en avais les yeux tous brillants, le coeur tout serré et même la chair de poule. Il me fit remarquer alors que j’avais fredonné la chanson. J’ignorais si c’était une bonne chose… peut-être que oui. Est-ce que je m’en souvenais vraiment ? Difficile à dire.

- Oui je… je crois.

Il venait de s’asseoir et de se rapprocher de moi, son regard bleuté m’hypnotisait, je sentais que j’aurais pu passer ma journée à le regarder dans les yeux sans m’ennuyer une seule seconde. Je lui révélai alors que j’avais entendu sa voix, quand j’étais dans le coma, et même si je ne savais pas à qui elle appartenait, je l’avais entendue, tantôt me parler, tantôt chanter, et je l’avais reconnue en l’entendant à nouveau une fois réveillée.

- Je t’entendais, c’est vrai. J’ai aussi entendu une voix de fille, c’était Sunny j’imagine ? Elle pleurait souvent je crois. Oh je suis désolée de vous causer autant de peine…

Nolan reprit sa guitare et entonna un nouveau morceau. Ces notes… elles me semblaient familières, mais je ne savais pas vraiment exactement d’où. Alors que le premier couplet allait commencer, des mots me vinrent en tête, était-ce les paroles de la chanson ? Mais avant que je n’aie pu demander, la porte de la chambre s’ouvrit sur une infirmière qui s’excusa pour le dérangement. J’étais un peu triste qu’elle ait coupé ce moment musical, car je me rendais compte que j’adorais la musique et que c’était sûrement quelque chose d’important dans ma vie. Nolan alors se leva pour me dire qu’il reviendrait demain. Un vent de panique me gagna alors, mon regard allant de l’infirmière à lui.

- Mais… tu… tu t’en vas déjà ?

La journée serait si longue… Mais je me rendais compte aussi que ce serait égoïste de ma part de lui demander de rester encore, il avait peut-être d’autres choses à faire de sa journée, peut-être que Sunny avait besoin de lui… je ne savais même pas quel jour nous étions.

- Oui, d’accord… à demain… répondis-je un peu penaude. Enfin… n’hésite pas à revenir avant si tu t’ennuies, tentai-je avec un petit sourire.

Lorsqu’il quitta la pièce, j’eus l’impression d’être soudain vidée de toute émotion. Le bonheur que m’avait apporté sa présence s’était envolé. Je contemplai le mur tandis que l’infirmière bidouillait des trucs sur ma perfusion. Elle me demanda si je voulais manger quelque chose, des banalités en somme. Elle me proposa de m’allumer la télévision. Pourquoi pas. Mon regard se posa sur les photos de ma fille et de ma main valide, j’attrapai le tas de photos du carton que Nolan avait laissé assez près pour que je puisse l’atteindre. J’en regardai quelques unes, mais à part ceux qu’il m’avait présenté, à savoir lui, Sunny et moi, je ne reconnaissais personne. Ça me déprimait et me fatiguait un peu. Je ne tardai pas à m’endormir pour une petite sieste tandis qu’à la télé, ironie, un film dans lequel je jouais passait.


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Mar 7 Mar - 23:50
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Malgré l’amnésie de Sally, j’arrivais encore à la faire rire, et cela représentait une petite victoire pour moi. C’était un signe positif qui me donnait de l’espoir. Bien sûr, je connaissais l’adage « femme qui rit à moitié dans ton lit », mais en ce moment, je n’avais pas le cœur à rire, même si nous cherchions à alléger l’atmosphère. Sally était toujours clouée au lit, couverte de partout. Quand l’amnésie la frappait à nouveau, je me répétais sans cesse « Accroche-toi à tes petits rien, Nolan, ne laisse pas la fatalité prendre le dessus. » Cette phrase me rappelait que je ne pouvais pas baisser les bras, que je devais rester fort pour Sally et notre fille. Mes épaules n’étaient peut-être pas assez larges pour porter le poids du monde, mais je pouvais au moins tout faire pour protéger ma famille. C’était ma mission première et je me battais sans relâche pour les aider. Je n’avais jamais eu de grandes aspirations dans la vie, mais aujourd’hui, j’étais prêt à tout pour reconquérir ma femme. Mon nouveau but était de la faire tomber amoureuse de moi à nouveau, peu importe ce qu’il fallait faire pour y arriver.

« — Sauf que tu vois, les œuvres de Picasso valent des millions, et je ne suis pas sûr que le cubisme de certains de tes fans soit autant coté, malgré leur bonne volonté. Mais bon, c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? » J’ai réalisé que notre complicité d’autrefois refaisait surface quand elle m’a répondu. J’aimais la taquiner autant qu’elle aimait l’ironie, et nous étions en train de le faire en jouant à ces quelques cartes. C’était incroyable, mais j’ai découvert que je pouvais apprécier les lettres de nos fans aujourd’hui. J’étais plus détendu, j’ai oublié tous mes soucis, mes nuits blanches à m’inquiéter et ma peur irrationnelle de tout perdre, de la perdre. Son sourire avait un effet magique sur moi, et j’ai voulu le voir encore plus, donc j’ai commencé à être plus léger. Je crois même que nous avons flirté un peu.

« — On peut dire qu’on a tous les deux de bon goût, alors. Pour revenir à notre petite princesse, elle respire l’intelligence, comme tu l’as dit. Et pour répondre à ta question, je pense qu’elle veut faire de grandes choses en allant dans une grande école. Elle est engagée, tu sais. Très féministe, mais sans exagération. C’est typique d’elle, mature et respectueuse avant tout. » Je pourrais parler d’elle pendant des heures, ce que je ferai sans aucun doute la prochaine fois. Mais pour l’instant, je fais ce que je sais faire de mieux : jouer de la musique. J’avais repris la guitare avant l’accident et j’avais réussi à y consacrer plus de temps, mais ces derniers temps, j’avais perdu tout intérêt pour la musique, sans raison apparente. C’était comme perdre la foi, inexplicable et douloureux. Pourtant, là, j’ai retrouvé ma guitare, ma première chanson, mes réflexes d’autrefois, et l’inspiration en regardant Sally qui n’était pas insensible à mes efforts.

Malgré le coma, Sally avait entendu ma voix tremblante et les pleurs de Sunny, ce qui m’avait fait comprendre à quel point elle était consciente de tout ce qui se passait autour d’elle. Je pris sa main dans la mienne avant de reprendre ma guitare pour jouer une chanson qui était importante pour nous deux, une chanson que j’avais découverte grâce à la talentueuse Whitney Houston.

Notre moment de douceur fut interrompu par les impératifs médicaux, qui nous ramenèrent à la réalité. J’avais prévu de partir, mais je ne pouvais pas partir sans lui offrir un peu de réconfort. En voyant son regard empli d’appréhension, je me rapprochai d’elle et lui promis que je reviendrai la voir. Je lui fis la promesse de la taquiner encore un peu, avec mes blagues et mes chansons. J’aurais aimé lui dire que je l’aimais de tout mon cœur, mais je savais que le moment n’était pas encore venu pour les grandes déclarations.

Le soleil brillait intensément et la mer prenait vie devant moi alors que j’observais l’écran de mon ordinateur. Mais mon esprit était ailleurs, captivé par le souvenir de Sally : son regard, sa voix, ses sourires, son parfum… Tout me ramenait à elle. Soudain, une mélodie résonna dans ma tête, comme si elle avait été là tout le temps, attendant d’être libérée. Je me mis à écrire, retranscrivant l’absence et la tristesse d’un amour perdu, les mots déferlant avec une facilité déconcertante. « I'll never love again », répétais-je plusieurs fois, le cœur lourd. Je passai le reste de l’après-midi sur la plage, grattant quelques accords sur ma guitare usée et écrivant jusqu’à la tombée de la nuit.

Finalement, je rentrai à la maison pour prendre des nouvelles de Sunny et rassurer ma petite fille avant de repartir travailler. Malgré mon traitement, je gardais une vie active et je m’appuyais sur un personnel compétent et attentionné pour continuer. J’avais décidé de profiter de chaque instant, de ne rien laisser gâcher ma vie. Un ulcère ne m’empêcherait pas de vivre, et je n’avais pas l’intention de laisser mes soucis me ronger.

Les jours s’écoulaient, et je ne pouvais dire si c’était trop vite ou pas assez. Tout ce que je savais, c’était que je ne manquais aucune visite à l’hôpital, et que je n’arrivais jamais les mains vides. Le premier jour, j’ai apporté des plantes en pot. Il fallait un peu de verdure dans cette chambre d’hôpital, et les ballons et les cartes de rétablissement ne suffisaient pas à rendre l’endroit agréable. J’ai ensuite fait livrer à Sally une fleur différente chaque jour, sa préférée, pour agrandir progressivement le bouquet imposant.

Les jours suivants, je me suis concentré sur la nourriture. Ma mère, qui avait accepté la trêve, a préparé sa fameuse tarte au citron meringuée et son gratin dauphinois tout aussi célèbre. J’espérais que, une fois que Sally aurait retrouvé la mémoire, elle me pardonnerait mes écarts de régime alimentaire. Après tout, c’était pour la bonne cause.

« — Ce repas est celui que ma mère avait préparé la première fois que je t’ai invité chez mes parents », ai-je dit à Sally en lui tendant une cuillère pleine de gratin. « — Tu as adoré ça. Au début, je pensais que c’était par politesse, mais non, tu en as repris deux fois. Le seul problème, c’est que tu n’arrivais jamais à prononcer le nom du plat sans bafouiller. Gratin dauphinois ! Essaye pour voir. Attends, ouvre la bouche juste pour goûter ! » J’ai continué de la taquiner gentiment en jouant à l’avion avec la cuillère. Nous avancions doucement, mais sûrement, c’était ma certitude. Et nos regards ne trompaient personne…

« — Alors, qu’est-ce que tu veux faire ou savoir aujourd’hui ? Profite, parce qu’il se pourrait bien que je reste plus longtemps ! » ai-je ajouté en souriant.


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Ven 10 Mar - 14:46
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


J’avais tant aimé l’entendre parler de Sunny. Je ne connaissais pas cette petite, mais j’avais envie d’apprendre à la connaître puisque c’était ma fille, et j’avais l’impression de déjà l’apprécier. Je me sentais d’autant plus coupable de faire subir à une famille qui semblait aussi génial autant de peine et de stress à cause de ce qui m’était arrivé. Visiblement, j’avais beaucoup de chance dans la vie, une carrière plus qu’extraordinaire, un homme qui m’aimait assez pour ne pas se laisser effrayer par la gravité de l’accident que j’avais eu et les séquelles qui en découlaient, et une fille géniale et intelligente. Peut-être que c’était trop de positif pour une seule personne et qu’il fallait que la roue tourne ? Je n’en savais rien, mais j’avais d’autant plus envie de me battre pour garder tout ça, parce que le peu que j’en découvrais, cette vie me plaisait. Nolan essaya de me rassurer, me disant que ce n’était pas de ma faute. Et puis il était parti, me promettant de revenir. Je me surpris à trouver cette visite trop courte. Mais sans doute avait-il écouté les ordre des médecins, et peut-être était-ce plus raisonnable car je m’étais sentie très fatiguée peu après.

Les jours passaient et ne se ressemblaient pas, mais ça principalement grâce à Nolan qui s’échinait à chaque fois m’apporter quelque chose, comme des fleurs et autres plantes pour que ma chambre semble moins impersonnelle. J’avais trouvé cette attention tellement touchante. Heureusement qu’il était là. Ses visites me permettaient de me détendre et d’oublier un peu l’inconfort d’une vie passée à l’hôpital. J’avais aussi des visites bien moins plaisantes comme celles des médecins, neurologues ou kiné. Ce dernier commençait la rééducation des parties de mon corps les moins amochées. Au bout d’une semaine en effet, ils me retirèrent cet horrible plâtre au poignet droit et doucement mais sûrement, la rééducation commença. Quelle joie de pouvoir, même au minimum, pouvoir réutiliser ma main droite ! Le neurologue jugea aussi que j’avais à présent le droit de quitter ma chambre pour des balades un peu plus longue qu’une visite au scanner. J’étais si heureuse, même si c’était en fauteuil roulant, de pouvoir aller prendre l’air, même si ce n’était que dans la cour de l’hôpital.

Ce serait ma seconde journée de semi-liberté, et j’attendais avec impatience que Nolan arrive pour pouvoir en profiter encore avec lui. Sunny était venue me voir aussi trois jours auparavant. Ça avait été un peu difficile pour elle comme pour moi, du fait que je ne la reconnaisse pas. Sans doute beaucoup plus pour elle que pour moi, d’ailleurs.
Enfin il arriva, Nolan était là, et comme les jours précédents, il m’avait apporté de quoi manger, histoire de me soustraire à la nourriture assez insipide des cuisines de l’hôpital. Égal à lui-même, il parvint à me faire rire dès les premières minutes, m’expliquant que je n’avais jamais réussi à prononcer correctement le nom français du plat préparé par sa mère la première fois que je suis venue chez eux.

- Gra...din Tau...fi... noua ? essayai-je avant de rire à nouveau. Tu sais que ça fait super mal à chaque fois que tu me fais rire comme ça ? demandai-je en secouant la tête l’air amusé.

Mes côtes continuaient à me faire souffrir, d’après le docteur, c’était long à se remettre du fait qu’on ne pouvait pas plâtrer une cage thoracique. Logique. J’ouvris ensuite la bouche pour goûter à ce plat dont il me tendait un petit bout avec une cuillère. Déjà l’odeur… ça sentait divinement bon et cette odeur ne me paraissait pas inconnue… et enfin ce goût ! C’était délicieux ! Je pense que mes yeux ont dû s’illuminer à ce moment précis.

- Hummm ! Mais c’est absolument divin ce truc au nom imprononçable ! Oh mon dieu j’adore ! Encore une bouchée s’il te plaît.

C’était un délice, vraiment. Il me demanda ensuite ce que je voulais faire et un sourire se dessina sur mes lèvres.

- Eh bien… comme j’ai toujours la permission de sortie une petite demi-heure, je me disais qu’on pourrait partager ce délicieux… trucs français divinement bon dehors, sous les arbres ?

J’espérais juste que cette fois, personne ne viendrait jouer les paparazzis. A croire que ces derniers attendaient à l’affût car lors de ma petite sortie de la veille, ils s’en étaient visiblement donné à coeur-joie. Le personnel de l’hôpital m’avait assuré qu’ils seraient vigilants à l’avenir mais bon …

- Comment va Sunny ? demandai-je ensuite.

Je n’avais toujours pas le droit de voir plus d’une personne à la fois mais peut-être que d’ici quelques jours, cela pourrait changer, et j’espérais pouvoir avoir la visite de Nolan et de notre fille en même temps.
Je repoussai les couverture de mes deux mains, maintenant que je pouvais utiliser un minimum la droite, et tendis les bras vers Nolan pour qu’il m’aide à m’installer sur le fauteuil roulant mis à ma disposition. On avait amélioré le confort avec quelques coussins d’ailleurs. J’attrapais de ma main gauche la tige métallique sur roulettes qui tenait ma perfusion, une couverture sur les genoux et nous étions prêts à sortir. J’étais si contente.

- Tu as pris ta guitare, pour qu’on chante un peu ?

J’aimais tellement le son de sa voix, et puis j’adorais chanter aussi, avec lui encore plus.


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Sam 11 Mar - 17:41
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Me revoilà ! Je suis là, au milieu de la nuit, assis sur ma chaise de bureau, face à l’écran de mon ordinateur. Je devrais dormir, car il est tard, mais Morphée ne semble pas vouloir me rendre visite. Je n’ai pas besoin de café pour me tenir éveillé, car ce n’est pas mon intention. Je veux juste passer le temps en attendant de m’endormir. Chacun adopte sa propre méthode, dit-on. Sunny dort à poings fermés, donc je ne peux pas jouer de la guitare sans la réveiller. C’est pourquoi je me suis tourné vers l’écriture, qui est moins bruyante que la musique.

À ma grande surprise, j’ai retrouvé la sauvegarde d’un texte d’une vingtaine de pages que j’avais écrit il y a plus d’un an. Je n’avais pas seulement écrit un couplet ou une chanson, j’avais vu plus grand. En relisant ce que j’avais écrit, j’ai réalisé, avec une certaine fierté, le chemin parcouru malgré les obstacles, les chapitres évoquant sans tabous la séparation, le divorce, la bataille et la défaite. Je vais épargner les détails sur le champ lexical de la guerre. Tout cela avant la chambre froide et les retrouvailles.

Je ne sais pas pourquoi, à cette époque, j’ai ressenti le besoin d’écrire ce qui pouvait ressembler à des mémoires, malgré mon jeune âge. Peut-être que je n’allais pas bien et que toute la colère que je projetais sur Sally, malgré les années passées, achevait de raviver la douleur. Ou peut-être que j’en avais assez de cette situation. Quoi qu’il en soit, je ne me sentais plus en adéquation avec ces mots qui m’appartenaient. Cependant, je voulais continuer à enrichir tout ce que j’avais écrit jusqu’à présent. Maintenant, je veux parler non pas de désespoir, de perte ou de haine, mais d’amour, rien que ça. J’ai la possibilité de recommencer, alors pourquoi ne pas parler du début, de la rencontre, LA rencontre.

Nous sommes mardi 15 septembre 1998 et je vais vous raconter une histoire qui a changé ma vie. Ce jour-là, je me suis rendu à l’amphithéâtre de l’école pour les auditions de la chorale. Rien ne présageait que cette journée allait être différente des autres. À l’époque, je me sentais déjà étouffé par la banalité de ma vie. Cependant, la chorale représentait un petit quelque chose qui m’empêchait de totalement me fondre dans le moule. Et puis, elle était là. Elle a toujours été là, mais jusqu’à présent, je ne l’avais jamais remarquée. C’était comme si elle était invisible, une inconnue dont je ne connaissais même pas le prénom. Le professeur m’a présenté aux néophytes en tant que préposé aux arrangements musicaux. J’ai commencé à jouer quelques notes de piano, à prendre la tonalité et à essayer de créer quelque chose. Je ne m’attendais à rien de cette journée, j’étais simplement là pour jouer un peu et aider, Mr Davis. Je me souviens encore de la chaise confortable sur laquelle j’étais assis, des partitions bien accrochées, et du léger malaise que j’ai ressenti en fixant l’assemblée des yeux. C’est alors que mes yeux ont croisé les siens, ceux de la jeune fille inconnue. Elle me fixait intensément, comme si elle était en train de me découvrir pour la première fois. Cela aurait dû être flatteur pour moi, en tant que joueur de football populaire, mais cela m’a rendu mal à l’aise. Je ne connaissais même pas son prénom et je me sentais gêné par tant d’admiration. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que j’avais rencontré l’amour de ma vie. En entendant sa voix chanter une seule chanson, je n’allais plus jamais oublier son prénom.


Il était à présent trois heures du matin et je venais de compléter le tout premier chapitre d’une histoire qu’il m’était impérieux de partager avec Sally. Sa mémoire étant défaillante, je devais trouver une alternative, et quoi de mieux que de consigner notre histoire par écrit ? Mais Morphée venant frapper à ma porte, je ne pouvais résister plus longtemps et c’est donc dans le canapé du grand salon, ou plutôt de la somptueuse pièce de réception de cette propriété également majestueuse, que je m’étais assoupis, avec Riley à mes pieds.

Le lendemain, enfin, les heures suivantes furent ardues. Il faut dire que le canapé, aussi onéreux et confortable soit-il, n’était pas l’endroit idéal pour passer une nuit de sommeil réparateur. Et c’est encore plus difficile lorsque l’on ne peut savourer une tasse de café. C’est donc avec une tasse de thé et un délicieux croissant que je parvins à émerger avant de mobiliser toutes mes facultés intellectuelles, prendre une douche et me préparer pour rejoindre l’hôpital.

À l’extérieur, le soleil, tel que d’ordinaire, brillait intensément et le ciel bleu, lui aussi habituel, allégea mon cœur. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. Peut-être que cette journée serait différente des précédentes, qui sait ? Pour l’instant, je devais comme à l’accoutumée emprunter l’arrière de l’hôpital pour éviter de croiser la cohorte de fans attendant à l’entrée, équipée de leurs appareils photo et portables, à l’affût de nouvelles. Certains avaient même dressé des tentes, c’est dire ! Par chance, le personnel hospitalier était bienveillant et, ayant donné mon approbation, il leur transmettait des informations de temps à autre. Je voulais surtout empêcher la propagation de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, mais surtout éviter de fournir du grain à moudre à cette maudite application de potins.

Et voici donc que j’arrivai, muni d’un panier de pique-niques, tel un serviteur zélé. Il convient de préciser que j’avais dû, en amont, supplier ma mère de bien vouloir préparer le repas, une tâche des plus laborieuses étant donné la complexité de notre relation. Pourtant, elle avait fini par accepter, et je ne pouvais que lui être reconnaissant, malgré la rancœur qui habitait son cœur. C’est donc avec une fierté non dissimulée que je pénétrai dans la chambre de Sally, présentant le festin préparé spécialement pour elle, agrémenté d’une petite anecdote à propos du plat français en question. En effet, Sally avait toujours eu du mal à prononcer correctement le nom du Gratin dauphinois, et rien ne semblait avoir changé, pour mon plus grand soulagement.

« — Gratin dauphinois. Essaie en détachant chaque syllabe ! » demandait-je amusé de sa difficulté et de son rire si communicatif, même si cela lui faisait mal. « — Ah mince, pardon ! », m’empressai-je de rectifier, me sentant alors un peu bête. « — J’essaierai de faire des efforts, mais je ne suis pas très doué pour les mines funèbres, tu sais. Bon, allez, goûte-moi ça ! », ajoutai-je en lui présentant une part du gratin tant attendu. Bien que ce n’était qu’une portion, j’étais tout de même anxieux quant à la réaction de Sally. Et si elle n’aimait pas ? Et si cela ne lui faisait rien ? Et si tout était vain ? Mon esprit était tellement pris par ces questions existentielles que je ne remarquai même pas le regard étincelant de Sally lors de sa première bouchée.

« — Tu aimes ? », osai-je demander, tout innocent, avant de l’entendre de sa propre bouche. « — Tu blasphèmes en plus ! Enfin, non, ce n’était pas un blasphème, mais presque un gémissement. Ok, j’arrête, je vais essayer de te faire rire. »

Pour éviter de déclencher un fou rire, je me suis enquis de la santé de Sally et j’ai été ravi d’apprendre que l’amour de ma vie proposait de poursuivre la dégustation dehors. « — J’adore les permissions de sortie d’une demi-heure. C’est l’idéal pour déguster du gratin dauphinois sous un arbre. Tes fans sont tous devant l’hôpital, je les ai vus en arrivant. Donc je pense qu’on sera tranquille en théorie. Comment ça s’est passé hier ? Le personnel est plutôt efficace, mine de rien. D’ailleurs, il me semble que ton médecin m’a dit que nous pourrions avoir accès au toit-terrasse si besoin. Je doute que tes fans aillent jusque-là pour te voir. Et pour répondre à ta question, notre fille se porte bien. Elle est résiliente et forte, comme sa mère. Bientôt, nous pourrons être tous les trois ensemble. C’est l’essentiel, n’est-ce pas ? »

Mais pour l’instant, nous étions seuls tous les deux et je l’ai aidée à s’installer dans son fauteuil roulant. « — C’est bien, tu gagnes de plus en plus en autonomie. » Nous avons ensuite pris l’ascenseur pour sortir de l’hôpital et terminer notre déjeuner à l’extérieur. « — J’étais tellement occupé à te ramener de la bonne nourriture que j’ai malencontreusement oublié la guitare. Mais nous pourrons toujours chanter a capella si tu veux. D’ailleurs, j’ai commencé à écrire quelque chose, en fait plusieurs, dont une chanson pour toi. Je te la chanterai quand elle sera terminée. Et il se pourrait que… eh bien, j’aie décidé d’écrire quelque chose qui ressemble à un livre, mais ce n’est pas pour être publié ou pour tirer profit de quoi que ce soit. Quand nous étions séparés et encore fâchés, j’ai commencé à écrire des choses rapidement devenues des chapitres sur Word. J’ai récemment redécouvert cela et j’ai décidé de continuer à raconter notre histoire pour toi, pour t’aider si jamais… » J’ai refusé cette perspective, ce qui a provoqué un malaise et un silence gênés. Pourtant, inconsciemment, j’étais en train de lui construire une mémoire de substitution.

Une fois à l’extérieur, nous savourâmes le plaisir de profiter du soleil et de la chaleur, mais surtout d’être ensemble. « — Sally… Tu sais, ce n’est pas facile tous les jours, mais ça en vaut largement la peine. C’est comme recommencer à zéro avec des sentiments en plus. Je réalise à quel point je t’aime, et même si cela peut te sembler étrange parce que tu ne te souviens de rien, pour moi, c’est comme retomber amoureux de toi et t’aimer encore plus. Rien que pour cela, je voulais que tu saches que je serai toujours là, que je viendrai tous les jours, que je t’aiderai… J’ai eu la peur de ma vie avec cet accident. J’ai vraiment cru que j’allais te perdre. » Ma main retrouva la sienne sans qu’elle ne se retire. « — J’ai même cru que j’allais me perdre moi-même, avant de me rappeler que nous avons Sunny, qu’elle a besoin de moi, et que toi aussi tu as besoin de nous. Voilà, j’ai voulu partager ce que j’avais sur le cœur. Ça peut sembler un peu mélodramatique, je l’admets. Tu me pardonnes ? »



Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Lun 3 Avr - 0:31
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Il était assez difficile à expliquer ce que je ressentais à chaque fois que je voyais Nolan franchir le seuil de ma chambre d’hôpital. Je n’avais aucun souvenir de cette vie passée avec lui, mais quand il était là, j’étais bien, je me sentais rassurée, en confiance, plus qu’avec n’importe qui d’autre. J’avais eu peur, les deux premiers jours, que ce ne soit qu’un simple effet du type « l’oisillon qui sort de sa coquille s’attache au premier être qu’il voit », mais en mon for intérieur, je savais que ce n’était pas le cas, ni même le fruit de mon imagination lorsqu’il me racontait tous ses souvenirs de nous deux. Je sentais qu’il y avait réellement quelque chose d’important entre nous. J’avais aussi ressenti quelque chose de fort lorsque la jolie Sunny était venue me voir trois jours auparavant. Mais étrangement, la veille, après que Nolan soit parti, ça avait été différent. J’avais reçu la visite de mes parents et de ma sœur. Pas les trois en même temps car le médecin n’autorisait qu’une personne à la fois, de peur de trop me fatiguer. Cette femme qui disait être ma mère était venue la première. Le son de sa voix m’évoquait comme un lointain souvenir. Peut-être était-elle venue me voir quand j’étais dans le coma et que je l’avais entendue à ce moment-là ? Elle m’avait longtemps parlé, fait pas de ses inquiétudes, elle m’avait tenu la main. J’avais ressenti émanant d’elle une certain sincérité mais comme quelque chose qu’elle retenait, j’avais du mal à définir quoi exactement. Elle ne parlait pas beaucoup de Nolan, elle l’avait juste évoqué en disant qu’il les avait prévenu beaucoup trop tard à son goût. Mais elle s’inquiétait pour Sunny. Puis mon père était venu. Beaucoup plus de retenue chez lui, mais son regard ne mentait pas. Pourtant, ni l’un ni l’autre n’éveillait en moi des souvenirs. Ils me disaient qu’ils m’aimaient, qu’ils étaient très heureux que je m’en sois sortie et que je pouvais leur demander ce que je voulais. J’étais assez fatiguée en cette fin de journée, mais j’étais prête à faire l’effort de les écouter jusqu’au bout, étant bien trop contente de me soustraire à du temps supplémentaire toute seule dans cette chambre, bien qu’elle soit devenue moins angoissante grâce aux efforts déployés par Nolan pour la décorer et l’égayer un peu. Et ensuite était arrivée une dénommée Mila, visiblement ma sœur aînée. J’avais eu une impression encore inédite. C’était très différent de la sensation que j’avais eue en rencontrant Nolan, Sunny, ma mère ou mon père. Je ne savais pas comment interpréter tout ça, mais cette femme était différente dans ce qu’elle dégageait. Elle n’était pas restée très longtemps. Tous m’avaient promis de revenir, mais je ne savais pas quand, peut-être avais-je zappé cette information, car voir d’affilée trois personnes inconnues m’avait assez fatiguée et je m’étais endormie comme une souche après. Et la nuit avait été parsemée d’étranges rêves assez angoissants. Aussi avais-je été plus que ravie quand Nolan avait enfin débarqué.

Sa simple présence avait suffi à me faire oublier l’étrange sensation des dernières visites de la veille. J’étais tout simplement heureuse lorsqu’il était là, j’adorais l’écouter me parler, il avait toujours quelque chose d’intéressant à me raconter, et tout son être dégageait une bienveillance à mon égard qui me touchait en plein coeur. Il réussissait à me faire oublier les malheurs que je traversais en me faisant sourire et rire, il me faisait découvrir des choses que j’aimais, comme la musique ou encore ce délicieux plat français réalisé par sa mère, un met dont je n’arrivais visiblement pas à prononcer le nom et ce depuis le premier jour, ce qui m’avait fait rire de plus belle, réveillant une vilaine douleur aux côtes. Mais tant pis, rire avec Nolan était quelque chose de si plaisant. Lorsque j’avais goûté à ce gra… ce plat, et ça avait comme allumé quelque chose dans mon esprit. j’adorais le goût, c’était certain, et c’était comme si je me souvenais en avoir déjà mangé. Mais je n’arrivais pas à remettre une date ou des images là-dessus, je ne pouvais me fier qu’à ce que me disait Nolan. Et puis suite à sa question, j’avais proposé d’aller déguster le reste du pic-nique en plein air puisqu’on m’autorisait à sortir un peu depuis la veille. J’avais été si heureuse de redécouvrir le ciel bleu, la verdure d’un petit jardin, entendre les oiseaux, apercevoir des gens se promener, même si c’était, comme moi, des personnes en rémission. Ce que j’avais moins aimé, c’était cette impression d’être dévisagée, observée comme un animal de cirque, et puis j’avais été un peu triste qu’on essaie à distance de me prendre en photo dans cet état. J’avais hoché la tête pensivement lorsque Nolan évoqua notre sortie de la veille. Malgré tout, je voulais rester focalisée sur les bonnes choses : j’avais pu aller dehors, il était avec moi. Le reste, je ne voulais pas le garder. A présent, plus de vigilance était observée de la part du personnel de l’hôpital et normalement, nous ne devrions pas être dérangés.

- Le toit, carrément ? Waow tu as négocié ou quoi ?

Je souris alors qu’il me donnait des nouvelles de Sunny. J’avais trouvé notre fille admirable. Si jeune, elle traversait des choses vraiment difficile, et je culpabilisais beaucoup car c’était entièrement de ma faute. Nolan souligna le fait que bientôt nous pourrions nous voir tous les trois, et mon sourire que j’avais quelque peu perdu en songeant à tout ce que Sunny subissait revint finalement. Je me languissais de ce jour, j’espérais que les voir tous les deux avec moi me permettrait de mieux me souvenir.
Nolan m’aida à m’installer dans mon fauteuil et sa remarque me fit plaisir. Je faisais mon maximum pour ne pas être trop dépendante des autres, pourtant c’était et ce serait encore le cas un moment, mais j’essayais, vraiment, de toutes mes forces de faire tout ce que je pouvais sans aide.

- Merci, répondis-je alors.

Tandis que nous voguions vers l’extérieur arpentant les couloirs et l’ascenseur, mon bienfaiteur m’expliqua que sa guitare était aux abonnés absents aujourd’hui, mais je ne m’en offusquais pas, sa seule présence à lui me suffisait. Il me parla de chanter a cappella, ce qui était déjà super, et puis d’une chanson qu’il m’avait écrite et qu’il attendait de terminer totalement avant de me la faire entendre.

- Oh, comme c’est adorable ! Il me tarde d’écouter ça alors.

Et il évoqua aussi ce qu’il avait écrit. J’apprenais donc qu’il avait aussi des talents d’écrivain.

- Y a-t-il quelque chose que tu ne saches pas faire, Nolan Hamilton ? demandai-je admirative. En tout cas, ça m’intéresserait beaucoup de lire tes chapitres, si tu m’y autorises.

Je ne voulais pas m’attarder sur la fin de sa phrase, « si jamais... », si jamais ma mémoire ne revenait pas. J’avais très bien compris qu’il y pensait. Moi aussi j’y pensais et ça me terrorisait, j’étais morte de peur à l’idée de rester cette coquille vide sans souvenirs alors que pourtant j’avais eu une vie si riche en bonheur.
Enfin dehors. Le soleil, la douce chaleur de ses rayons… Je me sentais si bien à respirer l’air frais du dehors et voir la verdure des arbres. C’est alors que Nolan reprit la parole. Il avait toute mon attention, mon regard ne quittait plus le sien et je sentis que le sérieux le reprenait. J’écoutais, savourais comme toujours, chacun de ses mots, chacune de ses paroles, presque chaque lettre de chaque mots. Tout ce qu’il disait était touchant de sincérité, j’en avais les larmes aux yeux. Je sentis sa main prendre la mienne, et ce contact me donna comme un éclair de lucidité, comme si, d’un seul coup, je revoyais ce même Nolan faire le même geste, me prendre la main, à plusieurs autres moments différents. C’était bizarre, fugace, et puis j’étais revenue à cet instant-là, ici, dans la cour arborée de l’hôpital. Il avait eu besoin de parler, de vider son sac et je le comprenais, je ne comprenais que trop bien. J’étais tellement désolée d’être responsable de tant de tristesse dans son regard et dans sa voix, de toutes ces angoisses qu’il avait endurées. Il m’aimait, j’avais tellement de chance de l’avoir dans ma vie, et cela, j’en avais la certitude. Alors qu’une larme d’émotion roulait sur ma joue, je me penchai vers lui.

- Oh Nolan… Est-ce que… tu peux me serrer dans tes bras ? S’il te plaît…

J’avais tellement envie et besoin d’être contre lui, là, tout de suite. Il me demandait de le pardonner, mais lui pardonner quoi ?

- Si je dois te pardonner d’être un homme aussi gentil, attentionné et parfait, non, désolée, je ne peux pas, répondis-je avec un petit sourire en coin. C’est moi qui te demande pardon pour tout ça. J’en suis sure, jamais je n’ai voulu que tu subisses tout ce stress et cette inquiétude.

Je le sentais, c’était sûr, moi aussi je l’aimais. Comment aurait-il pu en être autrement ? Moi aussi j’avais l’impression de tomber amoureuse. Pourtant, ce sentiment était probablement déjà acquis au vu de notre histoire, mais puisque je ne m’en souvenais pas, je ne pouvais me fier qu’à ce que je vivais en l’instant présent avec lui depuis mon réveil. Et tout ce que je pouvais dire, c’était que je ressentais un réel bonheur en sa simple présence qui se faisait indispensable, et que quand il était là, j’avais l’impression d’être vivante alors que quand il partait, je m’éteignais.

- Je crois… enfin non, j’en suis sure, que moi aussi je tombe amoureuse. Ça doit vouloir dire que je t’aimais déjà vraiment avant tout ça, et que donc nous deux, c’est vraiment une histoire solide, quelque chose de vrai et de magique. Et je dis pas ça parce que j’ai vu un Disney cette nuit. Nolan, sans toi, sans tout ce que tu fais pour moi, je ne sais vraiment pas où j’en serais. C’est toi qui me sauves et me tires vers le haut un peu plus chaque jour, et j’en suis sure, tous les souvenirs finiront par revenir, et quand ce sera le cas, je pourrai te remercier car ce sera grâce à toi.

Je me repositionnai face à lui, dans un mouvement lent pour éviter de me faire mal, et lui souris à nouveau.

- Est-ce qu’on a toujours été deux guimauves, comme ça, ou c’est juste maintenant parce que les circonstances sont particulières ?

Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Jeu 6 Avr - 19:29
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


C'était douloureux et rétorquer le contraire serait hypocrite de ma part. Sally avait beau être là, face à moi, elle n'en demeurait pas moins, parfois, une étrangère lorsque je voyais dans son regard apparaître l'incertitude, voire même l'incompréhension à l'évocation d'un souvenir somme tout banal pour moi, mais inconnu et inexistant pour elle. J'avais mes jours avec et mes jours sans, mais je tâchais de ne rien laisser paraître pour ne blesser personne. Là où à l'inverse certains ne prenaient aucune pincette et ne se privaient pas pour vous faire entendre, à leur façon, que vous êtes un abrutit fini doublé d'un égoïste. Venant de la mère de Sally cela n'aurait pas dû me toucher et pourtant cela m'avait affecté à tel point qu'il m'arrivait de penser que j'avais pris la mauvaise décision en attendant une semaine avant de prévenir « la famille ».

Oui, je dois le reconnaître, peut-être qu'inconsciemment, j'avais fait preuve d'égoïsme et que je craignais, qu'en mon absence, la mère et la sœur essaient de me discréditer. Mon retour dans la vie de Sally faisait grincer quelques dents, dont celles de mon ex belle-mère qui ne m'avait jamais porté dans son cœur. Je savais pertinemment, sans l'avoir demandé à Sally en amont que durant le divorce, la famille Stanford ne m'avait point épargné. Je craignais surtout peut-être que cette rancune n'ébranle Sally dans son amnésie et qu'elle se fasse ainsi une mauvaise idée de moi. Et puis elle était trop faible et je devais prendre les bonnes décisions pour la préserver. Tant pis si les Stanford m'en voulaient encore plus. D'ailleurs, la mère de Sally ne s'était pas gênée pour faire entendre sa colère sur toutes les plateformes à sa disposition. Mail, téléphone, réseaux sociaux... Non ça n'avait pas été facile et nul doute que cela perdurera, je connais si bien le spécimen.

La douleur que j'éprouvais s'estompait toujours au contact de celle que je pouvais nommer sans crainte « l'amour de ma vie ». Plus nous passions de temps ensemble, plus je sentais une familiarité s'instaurer à nouveau entre nous. De vieux mécanismes refaisaient surface peu à peu, à ma grande joie, sans que je ne les exalte trop, de peur d'effrayer Sally. Je voulais la préserver encore et toujours, et je me sentais légitime dans ce rôle.

« Tu sais... c'est pour toi que j'ai écrit ma toute première chanson il y a des années. C'était ton cadeau d'anniversaire. Je t'avais aussi acheté un médaillon, que j'imagine tu n'as pas gardé après le divorce. » Malgré l'évocation de notre houleuse séparation, je souriais en pensant à son visage et à son sourire lorsque je lui avais offert le médaillon et la chanson. Puis, sur ma lancée, je me suis décidé à lui parler du livre que j'avais l'ambition d'écrire pour elle, rien que pour elle.

« Tu seras la première à lire ce livre, je te le promets. Je te ferais même la lecture s'il le faut ! » Naïvement, j'espérais qu'elle recouvre la mémoire avant que je ne publie quoique ce soit. Ce n'était pas un rêve, mais une ambition, un projet que certains pourraient qualifier d'utopique, mais pour lequel j'étais prêt à me battre. Ces paroles étaient à peine formulées, mais elles me redonnaient le sourire intérieurement, suffisamment pour que je trouve le courage, au soleil, en toute quiétude, de livrer ce qui ressemblait à une déclaration d'amour. Une fois sortie, cette déclaration m'allégea considérablement, alors que sur la joue de Sally perlait une première larme.

« - Je suis désolé ! » commençai-je avant qu'elle ne fasse une demande qui me surprit autant qu'elle me fit plaisir. « - Bien sûr que je peux te prendre dans mes bras ! » Ce contact me fit un bien fou, tant je l'attendais sans oser le demander. Mes yeux se fermèrent aussitôt que je la sentis contre moi, faible et forte à la fois, même si ce n'était que l'espace d'un instant, aussi infime soit-il. « - Je crois vraiment que ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. » À mon tour, je le sentais, son regard ne pouvait pas me tromper. L'amour revenait, comme si une malédiction venait d'être brisée, comme si ce « nous » que nous formions jadis, n'avait finalement jamais cessé d'être.

« - Wow ! » commençai-je à sa suite, le sourire aux lèvres. « - Nous avons traversé une longue tempête… Ouais, je l'avoue, je suis un adepte des métaphores. Ce que je veux dire, c'est qu'une fois que nous nous sommes retrouvés après le divorce, sept ans plus tard, quand enfin la vérité a, si je puis dire, "triomphé", nous nous sommes rendus compte que nous avions perdu du temps, mais que malgré tout, nous n'avions finalement jamais cessé de nous aimer. Et laisse-moi te dire que sans toi, je ne serais pas un dixième de ce que je suis présentement. Toi aussi, tu me tires vers le haut, tu as toujours su faire ressortir le meilleur de moi. » Mon sourire ne désemplissait pas, car elle aussi elle venait en quelque sorte de faire ce qui ressemblait à une déclaration d'amour.

« - Ouais, je n'en doute pas, tes souvenirs reviendront et tu pourras même corriger certains passages de mon livre. » Nos regards, languissant d'un contact, se retrouvèrent à nouveau et je ne pus me retenir de rire suite à sa réflexion. « - Oui et non. Nous l'étions beaucoup plus quand nous étions ados. Pire que les protagonistes d'une comédie romantique, c'est dire ! Tu as un fort caractère et, avec ton boulot, tu gardes une certaine distance. Tu sais, avec tous ces trucs de réseaux sociaux, tu ne veux pas tout mélanger. Pour preuve, la dernière fois que je suis allé te voir en tournage, j'ai été légèrement jeté parce que le staff technique ne connaissait pas le mec de Sally Hamilton, de toute évidence. Mais une fois à la maison, c'est vrai que cela nous arrive, au grand dam de Sunny, d'abuser un peu avec des démonstrations d'affection, en ayant pour excuse le fait que l'on ne passe pas assez de temps ensemble et que nous devons donc rattraper tout ce temps perdu. D'ailleurs… » Mon visage s'approcha du sien pour lui murmurer à l'oreille. « - Nous avons un peu de temps perdu à rattraper. »

C'est alors, que sans vraiment réfléchir en amont, j'entrepris un autre contact moins anodin celui-là. En effet, mes lèvres se rapprochèrent avec lenteur des siennes pour venir les frôler toujours sous couvert de douceur parce que je ne voulais absolument pas la brusquer, malgré l'audace de mon geste pour des inconnus. Une fois, le contact établit, nous pûmes enfin échanger un premier baiser sous le regard de quelques personnes. Allait-elle au moins apprécier ?


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Jeu 6 Avr - 20:33
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Je réapprenais à le connaître, même si pour moi, à l’instant T, c’était plutôt un « apprentissage », sans le préfixe de répétition. Mais toujours était-il que passer du temps avec Nolan me plaisait, me faisait du bien, m’aidait à me détendre. Oui, en sa présence, je me sentais bien. Celle que j’étais devait vraiment être dingue de cet homme, et je ne pouvais que comprendre. Il était en tous point génial. Attentionné, doux, plein d’humour – même si d’après lui, j’étais la seule à rire de ses blagues -, et il était vraiment très beau, ce qui ne gâchait rien. Comment ne pas fondre devant cet Apollon ?

Il m’annonça alors que c’était pour moi qu’il avait écrit sa première chanson, cela me toucha et encore une fois, j’étais incapable de me rappeler quand. Visiblement un cadeau pour mon anniversaire, mais celui de quelle année ? L’an dernier, il y a dix ans ? Je n’en avais pas la moindre idée et je me sentais gourde d’avoir oublié des moments aussi précieux.

- Tu me la chanteras encore, si tu t’en souviens encore ?

Il ajouta qu’il m’avait pris aussi un médaillon. Quelle délicate attention.

- Sans doute un soleil, laissai-je échapper sans vraiment me douter que j’avais vu juste.

Après tout, nous avions appelé notre fille « Sunny », il me semblait alors évident que le soleil avait quelque chose de significatif… Ou alors je me plantais complètement, mais pourtant j’avais eu cette intuition.
Il me parla ensuite de ses écrits, et je trouvais son idée de bouquin vraiment excellente, d’autant que lire le récit de notre vie commune pourrait m’aider, sans doute, à me souvenir, si d’ici là la mémoire n’avait montre le bout de son nez. C’était si difficile, je me sentais comme étrangère à cette personne que tout le monde connaissait.

- Je sais encore lire, ne t’en fais pas, ça apparemment j’ai pas oublié, répondis-je avec un sourire amusé alors qu’il se proposait de me faire la lecture.

Et puis il me parla avec des mots capables d’attendrir le plus dur des coeurs de pierre. Le mien battait soudain avec plus de vigueur, j’étais touchée au plus profond de mon être par les propos et la déclaration de cet homme qui, j’en étais sure, était loin d’être comme les autres, si bien qu’une larme dévala ma joue sans que je puisse m’en prémunir. Je demandai alors à Nolan de me prendre dans ses bras, ce qu’il fit après m’avoir laissé entendre qu’il était désolé. N’importe quoi ! Alors, je ne sais ce qui me prit, à mon tour je lui dis ce que j’avais sur le coeur. Depuis mes quelques jours de « réveil », il avait toujours été là, il était revenu, sans relâche, tous les jours, m’aidant au mieux, faisant son maximum pour que mes jours soient moins difficiles, que la vie dans cette chambre d’hôpital me soit plus agréable et il avait su toucher mon coeur. Probablement une seconde fois, mais pour ce que je m’en souvenais, c’était maintenant que je tombais amoureuse, et prise d’une franchise presque enfantine, je le lui dis éhontément. Et que dire de ce sourire ? Ce merveilleux sourire qui, tel le plus précieux des trésors, brillait sur son visage. Le simple fait de le voir illuminait mon regard et à mon tour je souriais, l’écoutant reprendre la parole, buvant chacun de ses mots.

- Ah oui, sept ans de séparation ? La vache on fait pas les choses à moitié ! Et… vu que ce que tu dis à propos de mon caractère, j’imagine que c’est de ma faute ? Pitié ne me dis pas que je suis comme ces stars des magazines à scandale et que je t’ai fait la gueule pour une bêtise…

J’aimais l’entendre parler, parler de nous, de Sunny. Il dégageait quelque chose de particulier quand il évoquait ses souvenirs et des anecdotes, ça me plaisait beaucoup de le regarder et l’écouter.

- Quoi, tu t’es fait virer du plateau ? Mais… on porte le même nom de famille ! m’étonnai-je.

Je souriais néanmoins en l’écoutant, notamment évoquer Sunny qui devait sûrement faire des remarques en subissant les élans d’affection de ses deux guimauves de parents une fois rentrés à la maison. D’ailleurs cette maison, il me tardait presque de la redécouvrir. J’espérais avoir enfin le droit de sortir d’ici, mais cela prendrait sûrement encore du temps. Mais j’étais prête à endurer ce temps qui filait bien trop lentement à mon goût si ça pouvait me permettre d’avoir le droit d’être au calme avec Nolan et Sunny dans un cocon agréable tel qu’une maison familiale où eux auraient leurs souvenirs intacts et se sentiraient bien plus à leur aide que dans l’enceinte de l’hôpital. Je le sentis approcher de mon oreille pour y murmurer que nous avions du temps à rattraper . J’eus à peine le temps de sourire que ses lèvres capturèrent les miennes en douceur. D’abord surprise par l’initiative, je vins rapidement à lui rendre son baiser, sentant mon coeur faire un bond dans ma poitrine. C’était agréable, j’en avais des frissons dans tout le corps. J’aurais voulu que cet instant dure pour toute la vie, mais malheureusement, l’infirmière sembla en avoir décidé autrement. J’entendis des bruits de pas pressés arriver vers nous et carrément se planter à côté de nous. J’en sursautai presque, sentant mes côtes me rappeler que la perfusion d’antidouleur était vide.

« - Vous êtes encore dehors ? Ce n’est pas raisonnable, le médecin a dit pas plus de trente minutes. »

Je me sentis un peu comme une enfants prise la main dans le sac. Sans doute n’avions-nous pas vu le temps passer à force de parler. Nous n’avions même pas entamé notre pic-nique.

- Oui euh… pardon. On va remonter, on s’apprêtait à le faire d’ailleurs, n’est-ce pas Nolan ? ajoutai-je ensuite avec un peu plus de conviction.

L’infirmière sourit et nous laissa et moi, je regardai Nolan en retenant un petit rire.





Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Ven 21 Avr - 0:51
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Les cartons renversés, débordant de vieux souvenirs, peuplaient notre chez-nous. Heureusement, ils n’étaient pas nombreux, ce qui était une aubaine pour la femme de ménage. J’avais pris soin de préparer au préalable cette recherche de souvenirs, pour me remémorer au mieux notre vie commune, notre « nous » que nous essayions de reformer depuis peu. Mais l’accident avait tout chamboulé, me rappelant à quel point rien n’est jamais acquis.

« Nolan, arrête ! Elle est en vie, c’est l’essentiel, non ? Et si on prend en compte l’évolution depuis son réveil, les progrès sont fulgurants, tellement qu’il y a de l’espoir. Il me suffit de la regarder, de lui sourire. Bien sûr, c’est difficile, mais je sais, je le sens, Sally est là quelque part. Elle reviendra. J’ai l’intime conviction que nous sommes faits pour être ensemble, et qu’il faudra plus qu’un accident et une amnésie pour nous séparer. »

« — La chanter ? Ah oui, la chanson que je t’ai écrite ? », ai-je répondu à sa question rhétorique, en fredonnant les premières paroles de cette chanson écrite des années auparavant en guise de cadeau d’anniversaire. Nos regards se sont croisés de nouveau, et la musique semblait la stimuler suffisamment pour que j’en parle à son médecin, dès que j’en aurais l’occasion.

« — Je voulais vraiment t’offrir un cadeau original, je me suis mis la pression d’ailleurs. Je voulais à tout prix être à la hauteur, parce que je savais que du côté de ta famille, on ne ménagerait pas les efforts et les moyens pour te faire plaisir », lui avouai-je. En plus de la chanson, je lui avais également offert un médaillon. J’étais stupéfait d’entendre la raison pour laquelle j’avais choisi le motif du soleil.

« — Bravo ! Tu as vu juste, c’était bien un soleil. Quand je l’ai vu, je ne saurais dire pourquoi, j’ai instantanément pensé à toi. Je crois que j’ai imaginé que j’ai été éblouie par ton entrée dans ma vie. Le soleil s’y prêtait, non ? Et c’est devenu un truc entre nous à tel point qu’on a appelé notre fille Sunny, le soleil de notre vie en l’occurrence. » Sunny était notre plus beau trésor, le fruit de notre amour. Je me languissais d’ailleurs de nos récents petits moments passés tous les trois, de cette famille que nous venions de retrouver et que ce stupide accident nous avait arraché.

Les gestes prenaient le relais des mots, une perspective qui réchauffait mon cœur tant je désespérais d’être si proche d’elle sans pouvoir la serrer tout contre moi auparavant. C’était chose faite à présent, et la sentir tout contre moi redonnait à mon cœur la force de battre avec un peu plus d’ardeur. Je l’aimais, je l’aime et je l’aimerai cette femme. Une fois encore, elle m’avait cueilli, et si le temps n’était pas un obstacle, nul doute que je pourrais aisément me perdre dans ce regard sucré toujours pétillant malgré tout ce qui l’avait ébranlé. Et ce sourire, j’étais fou de ce sourire et ému de le voir réapparaître à nouveau.

« — Sept ans, c’est long effectivement, surtout quand on s’aime et qu’on essaie de se convaincre du contraire. Je vais te faire la version courte. En fait, tu as percé dans une série qui est très vite devenue populaire. C’est un truc médical dans lequel tu campais un super médecin, douée et sexy de surcroît et tu formais, si je puis dire, un couple à l’écran avec un autre gars dont le nom m’échappe. Les fans de la série adoraient votre couple et n’hésitaient pas à le faire entendre à la moindre occasion. Certains n’ont malheureusement pas fait la différence entre la fiction et la réalité et ont, semble-t-il, oublié que Sally Hamilton était mariée avec un type répondant au prénom de Nolan. Tes fans ont commencé à balancer des rumeurs sur les réseaux sociaux, puis les plus doués ont créé une sordide mise en scène par le biais d’une vidéo. Je suis très vite passé pour le mari infidèle. J’aurais dû prendre plus de temps pour être à la maison, mais plus encore, je n’aurais pas dû me murer dans le silence. J’allais mal et je n’ai rien dit, j’ai préféré passer tout mon temps au Big Apple. Ca s’est d’ailleurs retourné contre moi. Tu as fini par croire à ces rumeurs de tromperies. J’étais tellement ébranlé de te voir contre moi, que je n’ai même pas cherché à lutter. On a fini par se déchirer lors du divorce. J’ai presque tout perdu, mais plus encore, j’ai perdu Sunny. C’est une période que je préfère oublier. » Et pour cause, j’avais failli commettre l’irréparable, mais cela, je préférais ne pas le mentionner pour la préserver.

« — Voici un résumé des saisons précédentes. Maintenant, c’est du passé, d’accord ? » Je ne pus résister à l’envie de me rapprocher à nouveau pour atténuer la lourdeur du souvenir précédent. Mes lèvres se firent audacieuses en s’approchant de son oreille pour ensuite venir se réfugier sur les siennes. Ô bon sang, cela m’avait tellement manqué que je ne pouvais plus résister plus longtemps. Elle répondit ensuite à ma plus grande joie, qui fut malheureusement de courte durée lorsqu’une des infirmières fit son arrivée pour nous faire la morale comme si nous étions deux ados.

« — Je plaide coupable. C’est moi qui l’ai kidnappée, mais promis, je vous la ramène au plus vite », dis-je.

« J’y compte bien, monsieur Hamilton, j’ai des comptes à rendre, moi ! », rétorqua-t-elle. « Faites-moi confiance ! », assurais-je. La demoiselle, un peu plus rassurée, mit les voiles et nous octroya quelques minutes supplémentaires de tête-à-tête.

« — Bon bah, on s’est fait griller, je crois. Moi qui pensais être tranquille à l’hôpital. Ça me rappelle quand ta mère était toujours sur notre dos. Impossible de s’embrasser, ou alors c’était en mode ninja. Elle était très forte pour nous stalker », dis-je en souriant. Je commençais déjà à ranger les ingrédients de notre petit pique-nique improvisé, avant d’aider Sally à retourner dans son fauteuil. Il nous fallait déjà reprendre le chemin du retour.

« — J’espère que le toubib ne va pas me tuer », lançai-je avec une pointe d’humour pour détendre l’atmosphère.





Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Lun 24 Avr - 14:38
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


C’était si doux de partager quelques moments de liberté avec Nolan qui me parlait de notre passé, de toutes ces petites choses et attentions qu’il avait eues pour moi comme cette fameuse chanson écrite pour mon anniversaire quand nous étions ado. Je mourais d’envie de l’entendre, je m’en voulais de ne pas m’en souvenir car ce devait être quelque chose d’important autant pour lui que pour moi. Il entonna quelques paroles a capella et je ne pus m’empêcher de trouver cela magnifique. J’applaudis joyeusement avant qu’il ne m’explique qu’il s’était mis beaucoup de pression pour ce cadeau particulier.

- J’ai l’impression que c’est beaucoup toi, ça, de te mettre tout seul de la pression, non ?

Il m’expliqua ensuite l’histoire de ce fameux médaillon en forme de soleil qu’il m’avait offert aussi ce jour-là. J’avais instinctivement retrouvé le motif, ça avait semblé lui faire plaisir et j’en étais contente. Et c’était si beau et touchant comme histoire. Notre fille s’appelait Sunny grâce à ce cadeau, en quelques sortes.

Une note moins joyeuse cependant, ma curiosité me poussa à demander ce qui avait pu se passer pour que je laisse partir de ma vie un homme comme Nolan Hamilton. La réponse me glaça le sang. Je l’écoutai sans rien dire, l’observant, me sentant réellement mal à l’aise parce que je compris, bien qu’il essayât d’y mettre les formes, que tout était de ma faute. Comment avais-je pu croire en l’infidélité d’un homme pareil, qui semblait si droit, si prévenant ? J’avais été la dernière des idiotes. Et d’apprendre qu’il avait tout perdu par ma faute, même si je ne me rappelais pas de tout cela, m’ébranla.

- Oh Nolan...C’était de ma faute alors… Comme je suis désolée…

Mais Nolan voulait oublier, je le comprenais. Et nous ne tardâmes pas à nous embrasser. J’en avais des frissons. Malheureusement, l’heure tournait et nous nous le fîmes rappeler par une charmante infirmière qui nous fit comprendre qu’il était grand temps pour moi de retrouver ma chambre. Si après son départ, je m’étais mise à rire comme une adolescente, le souvenir que Nolan partagea à propos de ma mère qui ne supportait pas que Nolan m’approche me fit perdre mon sourire. Je ne lui avais pas encore dit que mes parents étaient venus et combien ils avaient été désagréables en parlant de lui. Il m’aida à me réinstaller dans mon fauteuil roulant, je récupérais les affaires pour qu’il puisse me pousser.

- Nolan… mes parents. Ma mère, pourquoi est-elle aussi… sèche en parlant de toi ? Ils sont venus hier, à peine une heure après toi. Je me suis vraiment sentie mal, je ne sais pas pourquoi. Mais ma mère… c’était…

Je n’arrivais pas à trouver les mots, les émotions m’emportaient. Sans savoir vraiment comment ou pourquoi, j’étais extrêmement peinée par le comportement de ma famille. Surtout ma mère et ma sœur. Mon père était plus sur la réserve. Au départ, j’avais été heureuse de voir de nouvelles personnes qui semblaient m’aimer assez pour me rendre visite. Mes parents de surcroît, j’espérais en apprendre un peu plus sur moi, sur mon passé. Mais au lieu de ça, j’entendis des reproches, des remarques désobligeantes à propos de la seule personne qui avait été là tout le temps pour moi depuis cet accident qui m’ôta tout.

- Je suis désolée, je… j’aurais pas dû te dire ça, excuse-moi. C’était bête de ma part.

Il avait déjà bien assez de tourments et de choses à gérer, et malgré tout il me rendait visite tous les jours, parfois deux ou trois fois. Pourquoi est-ce que j’étais allée lui parler de mes parents et ma sœur ? S’ils ne s’entendaient pas du tout, Nolan n’avait pas besoin d’entendre parler d’eux.
Nous arrivions finalement dans la chambre, j’étais ravie de n’avoir croisé personne. Honnêtement, j’en avais marre qu’on me regarde comme un animal de foire. Je n’avais certes pas fière allure mais c’était vraiment désagréable de se le faire rappeler par les regards insistants.



Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Dim 30 Avr - 13:57
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Le passé devait refaire surface et je me voyais mal mentir ou taire les évènements qui avaient conduit à notre rupture. Bien que cela ne soit pas agréable de revenir sur cette période, j’imaginais sans peine la douleur que Sally devait ressentir en écoutant ces souvenirs. Cependant, nous devions passer par là. Heureusement, des souvenirs plus joyeux se mêlaient à cela, rendant l’évocation du passé moins pénible.

« — Ah oui, je me mets toujours la pression. C’est sûrement mon côté perfectionniste qui veut ça ! » ai-je expliqué, en utilisant l’excuse de la recherche de la perfection. Cependant, cette propension à stresser m’avait récemment valu un séjour à l’hôpital et le diagnostic d’un ulcère à l’estomac. Le médecin m’a ordonné de lever le pied. Pour l’instant, je préférais me concentrer sur Sally et terminer de lui raconter les grandes lignes de notre histoire, tout en utilisant l’humour pour éviter de tomber dans le pathos.

Cependant, plus je m’étendais sur les détails, plus je voyais que Sally avait du mal à vivre avec ces révélations, même si elle ne disait rien. Connaissant bien Sally, je suis sûr qu’elle se sentait déjà alourdie par le poids de la culpabilité. Cette impression s’est concrétisée lorsque mon ex-femme a repris la parole. « -- Non, non, non ! » ai-je commencé, en la coupant dans son élan. « — C’est du passé ! Je ne veux pas que tu te sentes coupable. Nous avons tourné la page. Le passé est le passé, y revenir ne sert à rien, cela ne ferait que raviver de mauvaises choses. Et nous n’avons pas besoin de cela, crois-moi ! Il faut aller de l’avant, et c’est d’ailleurs ce qui nous a permis de nous retrouver. »

Malgré ce que la vie m’avait fait subir, je continuais à rester positif. Je ne voulais pas m’étendre sur les drames et la culpabilité. Nous avions tout à reconstruire, alors nous ne pouvions pas nous focaliser sur le passé. Il fallait avancer, se dire que le plus dur était derrière nous et qu’à présent, le karma nous offrait une accalmie.

L’accalmie fut de courte durée. Ses lèvres contre les miennes m’avaient transporté au paradis, mais cela s’acheva rapidement lorsqu’une infirmière fit irruption, me rappelant que je devais mettre fin à ce kidnapping improvisé. Je dus alors tout ranger et ramener Sally au bercail, bien malgré moi.

Pendant le trajet, je me mis à parler de la belle-famille, sans trop savoir pourquoi. J’aurais dû m’abstenir, mais je ne l’avais pas fait, ce qui donna lieu à une conversation désagréable alors que je poussais le fauteuil de Sally. Elle évoqua à son tour sa famille, et je sus que les Stanford venaient la voir régulièrement. Je ne pouvais pas leur en vouloir, leur présence était tout à fait légitime.

Pourtant, je n’étais pas surpris d’apprendre que ces derniers ne se gênaient pas pour me critiquer en mon absence. « — Tu peux le dire, tu sais ! Ils m’ont toujours détesté, ce n’est pas nouveau », lui confiais-je. « — Mais j’osais espérer qu’au vu des circonstances, ils feraient au moins un effort. Tu n’as pas à te sentir mal, c’est ta famille. Je ne vais pas les empêcher de te voir. Mais à ce que je vois, certaines personnes ne changent pas. Je reste un raté pour eux, c’est ainsi. Ce n’est pas grave, ne t’en fais pas. »

Je fus touché par la réaction de Sally, qui, malgré les critiques de sa famille, ne me blâmait pas. Nous continuâmes notre conversation pendant le reste du trajet, mais je ne pouvais m’empêcher de me demander si un jour les Stanford arriveraient à me considérer autrement que comme un « raté ».

Bien sûr, je faisais de mon mieux pour cacher ma colère et ma déception, mais je savais que cela n’allait pas changer quoi que ce soit. Cela faisait partie de notre histoire depuis toujours. « — Tu n’as pas à t’excuser, je t’assure. Certaines personnes ne changent pas, c’est tout. Je ne vais pas perdre mon temps à réfuter tout ce qu’ils ont pu dire sur moi. Je n’en ai pas la force. Mais je ne vais pas non plus les empêcher de venir te voir, car après tout, c’est ta famille, même si elle est imparfaite. La seule chose qui compte, c’est toi. Le reste n’a pas d’importance. »

Nous regagnâmes finalement la chambre, ravis de n’avoir croisé personne sur notre route. « — On y est ! » dis-je. « — Passe tes mains derrière mon cou. » À bonne hauteur, je la pris dans mes bras pour la soulever délicatement et la ramener dans son lit, m’assurant ensuite qu’il ne manquait rien.

« — Bon, je vais malheureusement devoir partir. C’était sympa ce petit pique-nique en tout cas. » Le sourire aux lèvres, je réajustais son oreiller avant de déposer sur son front un doux baiser. « — Je reviendrai, qu’importe ce que disent ton horrible mère et ta sorcière de sœur. Je t’aime Sally ! » Mes lèvres retrouvèrent les siennes pour leur offrir un chaste baiser. « — Repose-toi bien, d’accord ! Et si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à m’appeler, quelle que soit l’heure. »

Je lui offris un dernier sourire avant de tourner les talons et de m’en aller, le cœur plus lourd encore. J’aurais tant aimé pouvoir rester un peu plus, mais il était préférable pour elle, comme pour moi, que je ne m’attarde pas trop. Je pris le temps, au passage, de remercier comme toujours les personnes qui s’occupaient de ma femme, avant de quitter l’hôpital pour regagner le Big Apple, histoire de vérifier que tout se passait bien en mon absence. Une fois rassuré, je repris la route pour rentrer à la maison où mon fidèle compagnon à quatre pattes attendait patiemment mon retour pour m’amener sa laisse et ainsi me faire comprendre qu’il était temps d’aller faire une petite promenade. Chose que je fis sans trop me faire prier, parce que dans le fond, cela me faisait du bien.

Et sans que je ne m’en rende compte, une semaine s’écoula…


Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Sam 20 Mai - 14:58
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


J’en apprenais un peu plus sur notre passé commun, mais certaines choses me glacèrent le sang. On ne pouvait appeler ça « de simples détails ». Non, les circonstances de notre séparation à Nolan et moi étaient vraiment catastrophiques dans le sens où tout avait été de ma faute et tout aurait pu être évité si j’avais été moins idiote. Je ne m’en souvenais pas mais je m’en voulais déjà terriblement. Mais Nolan voulut encore et toujours me rassurer et me demanda de laisser le passé au passé. Je le trouvai si admirable, cet homme.
Et comme si ça ne suffisait pas, alors que nous remontions en direction de ma chambre, j’évoquai la visite de mes parents et de ma sœur, la veille. Ces personnes qui me semblaient étrangères et qui pourtant étaient ma plus proche famille, paraissaient ne pas aimer Nolan, et je me demandais pourquoi. Comme leur temps de visite autorisé n’était pas très long, j’avais préféré me taire et ne pas poser de question à ce sujet. Nolan était le seul à avoir le droit de rester un peu plus, il était moins « nouveau » et cela causait moins de difficultés à mon cerveau d’après le neurologue. Aussi, je préférais le lui demander.

- Mais pourquoi ? Pourquoi ils ne t’apprécient pas à ta juste valeur ?

Ma question pouvait paraître naïve, mais pourtant, je me la posai vraiment.

- Oh ne t’inquiète pas, ils n’ont pas beaucoup parlé de toi, ils ont juste fait comprendre leur hostilité, c’est tout.

Je m’en voulais de lui dire de telles choses, mais je ne voulais pas lui mentir. J’avais la conviction que cet homme me rendait déjà heureuse avant, et que ce serait encore le cas maintenant, que je me souvienne ou non. Avec toute la douceur dont il était capable, il m’aida à regagner mon lit. Grand dieu que j’en avais marre de ce lit ! j’avais envie de voir autre chose. Je souris à Nolan en acquiesçant, c’est vrai que cette petite sortie pic-nique était sympa.

- Merci pour tout, Nolan.

J’étais si triste de le voir partir, mais je savais qu’il reviendrait le lendemain. Je hochai la tête quand il me disait de ne pas hésiter à l’appeler, mais si je m’écoutais, je l’appellerais sans arrêt, or, il avait sûrement des choses à faire, et je ne voulais pas encore plus être un fardeau. Son sourire me réchauffa le coeur avant que je ne vois passer la porte.

Les jours suivants s’écoulèrent, assez similaires à celui-là. J’avais entamé la rééducation et face aux progrès que je faisais, le groupe de médecins avaient accepté que je sorte à condition que je revienne tous les jours pour faire un suivi. Nous avions donc tous discuté et avions convenu qu’il serait plus avantageux et sécuritaire pour moi que les kiné et ergothérapeutes viennent à mon domicile plutôt que de me faire revenir tous les jours à la clinique. Outre le fait que prendre la route risquait de réveiller un traumatisme, je risquais d’être la cible des paparazzis et je n’avais pas besoin de ça, tout le monde en avait convenu. C’était donc entendu et le jour de ma sortie arriva, j’étais ravie.
Mon assistante, qui avait eu le droit de venir me voir depuis quelques jours, était venue m’aider à m’habiller et à ranger mes affaires. Elle était vraiment gentille et prévenante, je me sentais chanceuse de l’avoir. Elle semblait vraiment bien me connaître et visiblement, je pouvais tout lui demander. Elle m'avait même coiffée et maquillée pour que je me sente un minimum jolie. Comme Nolan allait arriver pour me ramener avec sa voiture, elle avait pris toutes mes affaires pour les ramener à la maison et nous attendrait là-bas. La maison… je me demandais comment était ce chez moi dont j’ignorais tout. J’avais aperçu quelques détails via les photos que Nolan me montraient, mais il me tardait de découvrir cela en vrai. La décoration, les pièces et leur agencement, tout. Apparemment, d’après ce que mon assistante me disait, j’étais une fan de décoration d’intérieur et j’avais fait reproduire une fresque italienne sur tout un pan de mur qui faisait face à la baie vitrée qui donnait sur la piscine.

Une infirmière était venue me tenir compagnie en attendant d’arrivée de Nolan. Je m’étais assise au bord du lit, le plâtre qui maintenait ma jambe tendue m’obligeant à ne pas rester ainsi trop longtemps sans quoi les muscles de mon dos tiraient un peu trop. Mais je voulais éviter de solliciter trop d’aide. Je me sentais trop diminuée à sans cesse avoir besoin de quelqu’un, et la rééducation m’aidait beaucoup à gagner en autonomie. J’avais hâte d’être débarrassée de tous ces plâtres encombrants et être totalement libre de mes mouvements. D’après les dernières radio, encore un peu de patience mais cela ne saurait tarder. J’étais ravie.
Je m’étais mise debout toute seule, m’appuyant sur une béquille, quand la porte s’ouvrit sur un visage familier qui me donnait le sourire comme personne. Nolan était là, et si j’avais pu, je me serais jetée dans ses bras de joie.

Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Dim 21 Mai - 12:08
Nolan Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


La médisance n’était pas un domaine dans lequel j’exécrais et ce n’était pas faute d’avoir eu de quoi pratiquer durant ces dernières années, à l’inverse de certaines personnes, qui, à ce que je vois, ne se privent pas pour déblatérer sur mon dos en mon absence. Je ne devrais pas être surpris venant de ces personnes que je n’ai même pas envie de nommer pour leur donner l’importance qu’elles ne méritent pas d’avoir. Et pourtant, bien que cela fût involontaire de la part de Sally, je me suis senti blessé par cet aveu. Blessé de constater que pour sa famille, j’étais encore et toujours ce raté qui ne la méritait pas. Je sais que cela ne devrait pas m’atteindre, que je devrais faire comme si je n’avais rien entendu ou prouvé le contraire en redoublant d’habileté pour leur mettre à l’envers. Mais je suis fatigué, mon traitement médical, tout ce qui se passe depuis des mois, trop de trop et j’ai fini par m’oublier.

« — Tu veux savoir pourquoi elles me détestent ? Et bah pour être honnête avec toi, je ne sais même pas pourquoi. J’imagine que je n’étais pas un bon parti, que tu méritais mieux. Je n’ai jamais eu de vraies conversations ni avec tes parents ni avec ta sœur. Et je n’ai pas envie de m’abaisser à leur niveau en leur cassant du sucre sur le dos, comme on dit. » J’aurais aimé lui dire que cela me blessait de les entendre médire sur ma petite personne, mais je ne voulais pas la préoccuper avec ce genre de banalités, ma seule préoccupation étant de la savoir bien. Je pris donc grand soin de la soulever avec douceur pour la ramener sur son lit médicalisé, me demandant quand elle pourrait retrouver le nôtre certainement plus confortable. De sa voix encore hésitante et affaiblie, Sally me remercia. Elle n’avait pas à le faire, c’était normal pour moi d’être là avec elle pour la soutenir et lui faire entendre malgré l’amnésie à quel point je l’aimais.

« —De rien ma puce. » Et nous devions donc nous quitter déjà. Le temps était passé si vite aujourd’hui que je me maudissais d’avoir une vie à l’extérieur. Certes, c’était difficile, mais je devais m’y tenir, j’avais des responsabilités à assumer, un rôle à jouer, il m’était donc interdit de faillir, qui plus est maintenant.

Quelques jours plus tard

Le karma, mon pote dans les moments victorieux, mon fardeau dans le malheur. Je continuai à tenir mon journal, écrire me faisait plus de bien que je ne le pensais et tenais à distance mes démons. Je repris aussi le travail en faisant acte de présence, réduite certes, mais j’étais là pour rassurer mes employés, mes partenaires financiers et ma fidèle clientèle. En somme tout un monde à contenter et une fois encore, j’avais choisi de m’oublier, pour me focaliser sur autre chose que ce sentiment que je refusais d’accepter en me convainquant que le lendemain serait, un jour, meilleur et les suivants tout autant.

Mes nuits n’en demeuraient pas moins courtes et presque sans sommeil. Les premiers signes étaient là, mais je continuai à faire comme si je pouvais gérer et tout garder pour moi. La bonne figure, le principe du contrôle pour préserver Sunny, mais peut-être pour moi aussi me préserver d’une réalité que je n’acceptais pas. Je redoublai pourtant d’efforts pour sourire, pour donner de bonnes nouvelles à quiconque me posait la question. J’étais plutôt bon acteur à ma grande surprise, tellement que j’avais fini par m’en convaincre. Mais les sourires n’étaient qu’une façade qui s’effritait à chaque fois que je laissais Sally à l’hôpital. Je m’octroyai dès lors de longues promenades avec mon chien, toujours le carnet et le crayon à portée de main pour évacuer tout ce que je gardais pour moi. J’allais de plus en plus mal, mes mots, déjà, me trahissaient, mais je continuai à faire comme si ce n’était qu’une passade. Et alors que je m’enfonçais un peu plus, enfin une bonne nouvelle vint me permettre de m’accrocher.

Sally faisait des progrès suffisants pour lui valoir un retour à la maison. J’étais le plus heureux des hommes de savoir l’amour de ma vie de retour dans la nôtre. Désormais, pour des raisons de confort, la rééducation se ferait à la maison afin d’éviter à Sally de se déplacer tous les jours à l’hôpital et surtout pour empêcher ces charognards de paparazzi d’avoir de la matière pour leurs torchons. Pour moi, il était inconcevable de les laisser s’approcher d’elle et de notre domicile. De plus, sur les conseils avisés de l’agent de Sally, nous avions fait signer au personnel de l’hôpital un contrat de confidentialité pour nous assurer qu’ils ne dévoileraient rien sur l’état de Sally, mais plus encore sur son amnésie.

Et me voilà en train de terminer ma préparation pour me rendre à l’hôpital et mettre un terme à ce que je qualifiais d’emprisonnement. J’avais au préalable donné un coup de main à la femme de ménage pour que tout soit parfait. Je ne voulais rien laisser au hasard, pas même le choix des ballons et de la banderole qui ornaient le salon. Peut-être que j’en faisais trop, ou peut-être pas assez. L’assistante de Sally était également présente et ne ménageait pas ses efforts pour nous faciliter la vie. J’avoue être touché par son dévouement. Sa rancœur à mon égard s’était atténuée depuis la prise d’otages dans un magasin bio quelques mois plus tôt. Une histoire qui, ainsi présentée, sonne comme une blague et je peux vous affirmer que le manque d’expérience des braqueurs fut tout aussi hilarant. Posant un dernier regard sur le salon décoré de quelques ballons et d’une imposante banderole de « bienvenue », je pris ensuite la direction du garage pour sortir ma voiture, priant au passage pour que la voie soit libre et qu’aucun paparazzi n’entrave le passage.

À première vue, le service de sécurité semblait avoir fait son travail, puisqu’aucun rat n’était à dénombrer. C’est donc serein que je prisse la route pour rejoindre l’hôpital et ainsi libérer Sally de sa prison aseptisée. Comme convenu, j’arrivai par l’entrée habituellement réservée au personnel. Garant la voiture au plus près, je me dirigeai vers les portes avant de rejoindre rapidement l’ascenseur et la chambre. Sally était là, délestée de son surplus d’affaires, mais pas de ses plâtres, car il était encore trop tôt pour un tel miracle. Lui offrant mon plus beau sourire, je m’approchai avec précaution pour ne pas la brusquer.

« — Wow, tu te lèves pour moi ! J’en suis honoré. J’espère qu’elle n’a pas trop forcé ! » lançai-je complice avec l’infirmière qui me rassura en me faisant savoir que ma femme avait agi avec prudence. « — Retour à la maison alors ! » Et nous voilà enfin ensemble, franchissant l’enceinte de l’établissement sans regret. « — On va prendre la sortie de service pour éviter de croiser quelques paparazzi. Comment te sens-tu ? » Nous venions d’entrer dans l’ascenseur, plus proche que jamais de la délivrance.




Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   Dim 28 Mai - 21:53
Sally Hamilton
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L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance


Ce jour, je l’avais attendu comme un enfant attendait le matin de Noël tout le mois de décembre durant. Aussitôt que j’avais pu entamer la rééducation, j’avais vraiment travaillé d’arrache-pied pour que les différents spécialistes jugent mes progrès assez encourageants pour me laisser quitter cet endroit qui ne m’était aucunement familier. Certes, mes souvenirs n’étaient toujours pas revenus, mais je voulais vraiment être auprès de ces personnes qui étaient ma famille et auprès de qui je me sentais bien. Oh, le personnel hospitalier était vraiment très gentil avec moi, prévenant, souriant, mais j’avais vraiment besoin de la présence de Nolan et de Sunny, j’étais même impatience de rencontrer l’énorme boule de poils qui faisait office de chien, le dénommé Riley. Et puis le neurologue avait affirmé qu’être chez moi entouré des miens m’aiderait sûrement mieux à raviver des souvenirs. Lui, je l’aimais bien quand il disait ce genre de choses. Je l’aimais moins quand il s’agissait de passer des IRM, c’était horriblement bruyant et stressant d’être enfermée la tête dans cette énorme fusée.

Bref, j’avais le sourire, je savais que j’allais quitter l’hôpital, et même si c’était pour aller vers l’inconnue, cette inconnue ne me faisait pas peur car Nolan serait avec moi. J’avais au moins mon bras libéré de son plâtre depuis quelques jours, il ne restait que ma jambe qui avait de plus nombreux traumatismes dont des fractures sévères qui nécessitaient des broches. Mais peu m’importait, j’étais heureuse à l’idée d’avoir un semblant de vie normale. Je m’étais donc dressée debout lorsque Nolan entra, et mon visage exprima immédiatement le bonheur de le voir. Il échangea quelques mots avec l’infirmière qui confirma que j’avais été sage. Ceci me fit sourire, je secouai la tête avec un air amusé. L’infirmière m’aida à me placer dans le fauteuil roulant, la procédure officielle, disait-elle, et me poussa jusqu’à l’ascenseur tandis que Nolan marchait à côté de moi, s’assurant que je me sentais bien. Nous arrivions ensuite à sa voiture, passant par la sortie de service. Il m’aida gentiment à m’installer côté passager. Je dis au revoir à l’infirmière, la remerciant chaleureusement ainsi que ses collègues pour tout ce qu’elles avaient fait pour moi. Enfin je pouvais m’éloigner de cet endroit.

Nolan démarra et je découvrais, du moins j’en avais l’impression, la ville. Après quelques minutes, je ressentis comme une angoisse à voir passer d’autres véhicules en face de nous. Je me ratatinai au fond du fauteuil autant que possible, comme pour m’éloigner du pare-brise. Mon coeur battait très vite, j’avais l’impression d’étouffer. Je savais que c’était stupide et insensé, mais j’avais l’impression d’avoir des flash de l’accident, de sentir la ceinture me retenir et briser ma côte, puis la sentir céder sous le choc et me retrouver à nouveau traversant le pare-brise. La peur me tétanisa, je fermai les yeux, laissant couler des larmes sans même m’en rendre contre.

- Est-ce qu’on est bientôt arrivés ? demandai-je, les yeux toujours clos.




Sujet: Re: L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance. Ft Nolan   
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